Sénégal: Homosexuel, tout un combat
La presse n’a pas hésité pas à exprimer son opinion vis à vis de cette "déviance" venue de l’Occident. Créant la polémique autour des neuf accusés d’"acte impudique et contre-nature et association de malfaiteurs" le 6 janvier dernier, les journaux ont fermement condamné la célébration du mariage gay qui a conduit ces hommes en prison.
L’affaire débute dans les colonnes du journal "Icône". Les photographies privées du mariage ont été publié par Mansour Dieng, directeur de la publication qui explique sur Afrik.com, "Je ne voulais pas créer la polémique, j’ai juste relaté un fait. Comme personne n’a voulu me croire j’ai dû le prouver par des photos."
Le 20 avril, la Cour d’appel a annulé la procédure et ordonné leur libération, sous la pression internationale. La secrétaire aux Droits de l’homme a appelé à de nombreuses reprises les dirigeants sénégalais afin qu’ils libèrent les neuf hommes. C’est d’ailleurs pour cette raison que le journal "24 heures Chrono" n’a pas apprécié la situation et a ouvertement pointé du doigt la décision.
Le jour de leur libération, le 30 avril 2009, le journal "24 heures Chrono" a remis en cause la décision de justice en écrivant selon le site Têtu.com que "la décision de justice revient à faire croire au peuple que les actes contre-nature (...) sont moins graves que ceux que l’on reprocherait à El Malick Seck".
Ce dernier est le directeur de publication du journal emprisonné pour "délit de presse", il vient d’être gracié par le président Abdoulaye Wade. Le site de Têtu, ajoute que le journal s’inquiète de "l’émergence de l’homosexualité, qui étend de plus en plus ses tentacules dans la société sénégalaise".
Une répression de plus en plus accrue
Depuis 1965, l’homosexualité est punie par la loi, "le Code pénal sénégalais punit d’un an à cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de 100.000 à un million de francs CFA (de 238 à 2.380 dollars environ) tout acte considéré comme contre-nature, notamment un acte sexuel entre personnes de même sexe".
Cet article de loi illustre la vie quotidienne des homosexuels qui vivent avec la peur d’être dénoncé : harcelé par des coups de téléphone de "menace de mort", un jeune homme raconte à Têtu.com, "On est persécuté en permanence, on se fait taper, insulter, dénoncer. Je vie avec la peur au ventre".
Cette situation risque de se dégrader avec la création le 29 avril 2009 à Dakar par des chefs religieux musulmans un "Front islamique pour la défense des valeurs éthiques". Le but de ce front est de préserver toute "attaque contre l’islam", particulièrement depuis la libération des neuf homosexuels sénégalais.
13 mai 2009
Source : Haut courant
Des chefs religieux musulmans sénégalais ont annoncé mercredi à Dakar la création d'un "Front islamique pour la défense des valeurs éthiques", en réaction à la libération de 9 Sénégalais emprisonnés pour homosexualité, "une attaque contre l'islam" selon eux.
Au sortir d'une grande mosquée de la capitale, le directeur de l'ONG islamique Jamra, Bamar Gueye, a lu devant quelque 150 personnes une déclaration intitulée "riposte et engagement", au sujet de "l'affaire des homosexuels de Mbao".
Le texte affirme que des "lobbies tapis dans l'ombre" ont "ourdi une conspiration dangereuse contre les valeurs religieuses" dans le but d'obtenir la légalisation de l'homosexualité.
La déclaration assure que "plus de 20 associations islamiques et chefs religieux" ont participé mercredi à la journée convoquée par la Ligue des Oulémas de l'Islam au Sénégal, avant de créer leur nouveau Front "qui sera une structure permanente de sentinelle".
Dans le texte, avait été glissée une affirmation selon laquelle "le prophète a dit 'si vous trouvez les gens en train de pratiquer les pratiques du peuple de Loth, tuez-les'". "Ces paroles d'Allah et Hadiths du prophète nous obligent à réagir contre toutes attaques de l'Islam d'où qu'elles viennent", ajoute le document.
Aussitôt après, l'imam Mamadou Lamine Diop de Guédiawaye (banlieue de Dakar) a publiquement souhaité, devant quelques journalistes, la mort des homosexuels: "Ce sont des gens qui méritent d'être mis au ban de la société quitte même, s'ils refusent de le faire, à ce qu'ils rejoignent le silence des cimetières (...) qu'ils soient tout simplement éliminés de la vie".
Neuf hommes avaient été condamnés le 7 janvier à Dakar à huit ans de prison pour "acte impudique et contre nature et association de malfaiteurs" après avoir été arrêtés dans un appartement privé. Le 20 avril, la Cour d'appel a annulé la procédure et ordonné leur libération.
29 avril 2009
Source : AFP
Related News
- Dénoncer, protéger, agir: nos devoirs collectifs contre le viol et les agressions sexuelles au Sénégal
- Deux Marocaines jugées pour leurs "robes provocantes" innocentées
- Sénégal: «Je ne veux pas de cet enfant, moi je veux aller à l’école»
- Ouganda: L’Ouganda Va Voter La Peine De Mort Pour Les Homosexuels.
- Déclaration du Forum féministe sénégalais lors de sa rencontre de réflexion sur la crise malienne