France: Lettre à ma fille qui veut porter le voile, de Leila Djitli
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Editions de La Martinière De nombreuses femmes « issues de l'immigration », se considérant avant tout et à juste titre comme des citoyennes françaises de plein droit témoignent et prennent partie pour la laïcité et l'égalité des droits.
Ces prises de positions qui se multiplient irritent Tariq Ramadan et les obscurantistes de toutes origines !
Ce livre, écrit par la journaliste Leïla Djitli, en collaboration avec Sophie Troubac se présente comme un « docu-fiction ». Il s'agit d'une lettre rédigée par Aïcha, mère d'origine algérienne et adressée à sa fille de 17 ans qui vient de décider subitement de porter le voile.
Le style est incisif, les phrases sont rythmées, courtes et l'écriture est agréable et soignée, voici pour la forme. Quant au contenu : l'auteure nous montre qu'elle maîtrise l'histoire de l'immigration en France et connaît bien le terrain : la banlieue. Musulmane croyante, Aïcha considère que le voile constitue une prison pour la vie.
Porter ce voile, c'est renoncer à l'intégration républicaine et aussi oublier les luttes menées par elle-même et sa mère pour obtenir et préserver l'égalité des droits et le respect de leur identité comme citoyennes :
« Je ne veux pas qu'il te pousse à rompre avec l'islam tranquille et sincère qui est le nôtre, je ne veux pas qu'il te coupe du monde…. Ton voile ne nie pas seulement notre histoire, celle de l'immigration. Il nie le sens même de l'histoire qui est d'aller vers l'avant et non le passé. »
Tout le livre est construit ainsi :
Une argumentation rigoureuse, appuyée par une solide expérience avec une analyse des enjeux.
L'offensive des intégristes est possible car le terreau est fertile : les espoirs nés avec la marche des beurs de 1983 n'ont pas conduit aux changements escomptés, chômage et exclusion sont les lots quotidiens de toute une population.
Si l'auteure établit un réquisitoire contre les politiques publiques et contre les intégristes qui profitent de la situation pour prôner l'enfermement identitaire, elle nous livre aussi et surtout ici un hymne à la vie :
« La mixité, pour moi, n'a jamais posé de problème. Filles et garçons, nous la recherchions pour ce qu'elle avait à nous apprendre les uns des autres. Plaisir de la découverte de l'autre, surprises, bousculades, premiers émois, rires et larmes, jeux complices, toutes nos craintes, toutes nos émotions, nous avons appris à les connaître, à les apprivoiser, à les partager, les uns avec les autres. »
C'est un livre à goûter et à faire goûter.
Jean-François Chalot
Le style est incisif, les phrases sont rythmées, courtes et l'écriture est agréable et soignée, voici pour la forme. Quant au contenu : l'auteure nous montre qu'elle maîtrise l'histoire de l'immigration en France et connaît bien le terrain : la banlieue. Musulmane croyante, Aïcha considère que le voile constitue une prison pour la vie.
Porter ce voile, c'est renoncer à l'intégration républicaine et aussi oublier les luttes menées par elle-même et sa mère pour obtenir et préserver l'égalité des droits et le respect de leur identité comme citoyennes :
« Je ne veux pas qu'il te pousse à rompre avec l'islam tranquille et sincère qui est le nôtre, je ne veux pas qu'il te coupe du monde…. Ton voile ne nie pas seulement notre histoire, celle de l'immigration. Il nie le sens même de l'histoire qui est d'aller vers l'avant et non le passé. »
Tout le livre est construit ainsi :
Une argumentation rigoureuse, appuyée par une solide expérience avec une analyse des enjeux.
L'offensive des intégristes est possible car le terreau est fertile : les espoirs nés avec la marche des beurs de 1983 n'ont pas conduit aux changements escomptés, chômage et exclusion sont les lots quotidiens de toute une population.
Si l'auteure établit un réquisitoire contre les politiques publiques et contre les intégristes qui profitent de la situation pour prôner l'enfermement identitaire, elle nous livre aussi et surtout ici un hymne à la vie :
« La mixité, pour moi, n'a jamais posé de problème. Filles et garçons, nous la recherchions pour ce qu'elle avait à nous apprendre les uns des autres. Plaisir de la découverte de l'autre, surprises, bousculades, premiers émois, rires et larmes, jeux complices, toutes nos craintes, toutes nos émotions, nous avons appris à les connaître, à les apprivoiser, à les partager, les uns avec les autres. »
C'est un livre à goûter et à faire goûter.
Jean-François Chalot