France: Dounia Bouzar (CFCM) s'alarme du "tout islam" des jeunes dans un rapport

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AFP
L'anthropologue Dounia Bouzar, membre du Conseil français du culte musulman (CFCM), s'alarme du "nouveau discours religieux" des associations de jeunes musulmans qui vont chercher toutes leurs réponses dans le Coran.
Dans un article à paraître vendredi dans la revue de l'Institut des hautes études de la sécurité intérieure (EHESI), liée au ministère de l'Intérieur, Dounia Bouzar souligne que le rapport à la religion de ces jeunes musulmans souvent nés en France, s'inscrit dans un contexte d'"exclusion" et de "recherche des origines".
"La société dans son ensemble doit prendre conscience du danger à enfermer ces jeunes dans leur seule identité musulmane. Il faut désislamiser notre approche, sinon on va au clash", a-t-elle déclaré à l'AFP.

Son travail se fonde sur l'étude d'une douzaine d'associations proches des thèses de l'intellectuel genevois Tariq Ramadan, se situant "dans la mouvance de l'Union des organisations islamiques de France, de Jeunes musulmans de France, Etudiants musulmans de France ou de Présence musulmane".

Selon Dounia Bouzar, chargée d'étude à la protection judiciaire de la jeunesse, ce "nouveau discours religieux" qui prend en apparence le contre-pied des discours rétrogrades des "salafistes" consiste à expliquer par l'islam l'origine du féminisme, de la laïcité, de la citoyenneté, de la modernité.

Elle cite l'exemple d'une présidente d'association qui a "recherché tous les éléments théologiques pour prouver que la pratique des certificats de virginité (souvent réclamée par les familles avant le mariage) ne relevait pas de l'islam", et qui a ensuite écrit à tous les gynécologues de la région pour les inciter à ne plus en délivrer. Des maris acceptent de faire la vaisselle parce que "le prophète aidait sa femme Aïcha dans les tâches ménagères", des responsables associatifs organisent des tournois mixtes de foot, mal vus par les traditionalistes, en expliquant qu'ils "contextualisent" la pratique du prophète qui "faisait des courses de chameaux avec sa femme Aïcha".

Sous une apparence de "modernité", ce discours "empêche de prendre en compte l'existence (...) des processus sociaux, culturels et historiques", souligne Dounia Bouzar.

C'est dans ce contexte, a-t-elle déclaré à l'AFP, que doit être compris le phénomène du voile islamique: "les filles qui s'accrochent au texte religieux pour légitimer leurs revendications féministes et leur désir d'études vont forcément tomber sur les passages prescrivant le port du voile, et ne pourront en sortir".

L'anthropologue, qui dans ses précédents ouvrages ("L'une voilée l'autre pas" avec Saïda Kada ou "L'islam des banlieues") saluait la réislamisation des jeunes issus de l'immigration comme un facteur d'intégration, reconnaît aujourd'hui "un changement de position" de sa part.

"Cet islam comporte le risque de donner aux jeunes une vision du monde où la conception musulmane serait supérieure à toute autre, ne laissant pas de place à d'autres", souligne-t-elle. Elle relève que cette vision "englobante" de l'islam est particulièrement forte chez les jeunes nés en France, alors que ceux qui ont grandi dans leur pays d'origine reconnaissent souvent, au moins indirectement, une dimension "extra-religieuse": "on fait du foot pour cracher les clopes et les gaz d'échappement".

Dounia Bouzar et l'une des deux femmes du bureau du CFCM (conseil français du culte musulman) où elle siège en tant que personnalité qualifiée.

Commentaire d'Evariste

Les bras nous en tombent. La "prise de conscience" de l'anthropologue Dounia Bouzar est fort intéressante. Cette femme nous affirmait encore il y a peu les vertus du voile émancipateur. Elle est l'auteur de "L'une voilée, l'autre pas", avec l'islamiste Saida Kada, de la région lyonnaise, complice de Tariq Ramadan. Elle a signé tous les textes infames osant parler de loi d'exception et d'islamophobie, et n'a pas eu un mot contre les manifestations de voilées. On ne peut donc que se réjouir de cette découverte un peu tardive pour une pseudo spécialiste. Questions : quelle conclusion tire-t-elle de ce constat? Nous rejoint-elle? Réclame-t-elle, suite à sa nouvelle prise de conscience, l'application d'une loi qu'elle n'a cessé de combattre? Comment se comportera-t-elle au sein du CCMF, dominé par l'UOIF? Quand découvre-t-elle enfin la laïcité sans qualifier les laïques de laïcards? Vraie prise de conscience, ou manoeuvre? La suite nous le dira.

Par Martine Nouaille, AFP