Les Histoires de Nafi et de Khadija: Bande dessinée!
Au Sénégal, les femmes et les fillettes en situation de handicap sont, tous les jours, confrontées à des violences physiques et sexuelles (sévices physiques, viols, mariages précoces et forcés, rejet ou viol par le conjoint,…) et des abus psychologiques (préjugés, mépris, insultes, rejet,…). Leur handicap les expose quotidiennement à des préjugés culturels qui prennent diverses formes, tout au long de leur vie.
La stigmatisation en milieu scolaire des fillettes en situation de handicap par les élèves, qui prennent plaisir d’elles, est un frein à leur éducation, tandis que la surprotection par leurs parents empêche l e u r épanouissement personnel. Leur plus vive inquiétude face au handicap est d’être prises pour des incarnations surnaturelles : des enfants de jinn, qui, selon les croyances, peuvent apporter une forte opulence ou beaucoup de malheur. Elles traînent une mauvaise image d’handicapée considérée comme source de malheur ou porte-bonheur destiné à améliorer, par un pouvoir mystique imaginaire, la situation financière et la position sociale de son mari. Elles s’entendent souvent dire : « si l’on est marié à une handicapée, les enfants naîtront aussi avec un handicap ». Les problèmes de santé, en général, et de santé de la reproduction, en particulier, des adolescentes et des femmes en situation de handicap sont des plus critiques. Elles ont d’abord des difficultés d’accès aux structures de santé. En effet, la prise en charge spécifique dont elles ont besoin dans les hôpitaux, les maternités et les postes de santé n’existe pas ou peu. Les structures médicales sont totalement inadaptées à leurs conditions physiques et ne répondent pas à leurs demandes. Au niveau de la santé de la reproduction, elles ont peu accès aux services de planification familiale. Elles manquent, pour leur majorité, d’informations claires sur leur corps et leur santé reproductive. Elles sont peu initiées aux méthodes contraceptives. Elles sont également très vulnérables aux MSTIST. Elles subissent des mutilations génitales, propres à certaines cultures, qui ont des conséquences négatives importantes sur leur santé et leur sexualité, aussi bien que sur leur vie familiale, sociale et économique. Elles pratiquent l’avortement clandestin qui affecte leur santé. Le manque de formation du personnel soignant et le manque de tables gynécologiques rend leur maternité et leur accouchement extrêmement difficiles.
Aïssatou Cissé
Écrivaine