Algérie: les violences contre les femmes exposées à la Rapporteure Spéciale
Depuis avant-hier, la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la violence contre les femmes, Rashida Manjoo, est l’invitée de l’Algérie. Durant le séjour de la responsable sud-africaine, qui durera une vingtaine de jours, il sera question d’évaluer la situation des violences faites aux femmes et de s’enquérir aussi des suites données, par les autorités algériennes, aux recommandations faites, en 2007, par la précédente rapporteuse spéciale, Yakin Erturk. Des recommandations qui, pour la plupart, sont restées lettre morte. Pour mener à bien son travail, Mme Manjoo s’entretiendra avec les instances nationales en charge du dossier de la femme, ainsi qu’avec des associations et organisations de la société civile, dans la capitale, mais également dans d’autres régions du pays, plus particulièrement à Constantine, Oran et Hassi-Messaoud.
La mission de Rashida Manjoo intervient au lendemain de la création, en Algérie, du collectif Stop à la violence ! Les droits des femmes maintenant. Un collectif constitué par plus de 10 associations nationales, qui revendique une harmonie entre les lois et la réalité du terrain, notamment en matière de pénalisation des auteurs des agressions et de “garanties légales” aux victimes des violences conjugales, des viols, d’abus sexuels ou de harcèlement sexuel en milieu professionnel, ainsi qu’à ceux qui s’opposent à ce phénomène. En outre, la visite de la rapporteuse spéciale de l’ONU survient quelques mois après la constitution du collectif défense et solidarité, qui rassemble 15 associations et ONG, dont la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (Laddh), suite à l’agression de femmes travailleuses à Hassi-Messaoud. Hier, la sociologue et membre actif du Réseau Wassila, chargé de la réflexion et des actions en faveur des femmes et des enfants victimes de violence, Dalila Iamarène-Djerbal, s’est exprimée sur la violence dont sont victimes les Algériennes, un problème de “santé publique” selon l’OMS. L’invitée de la rédaction de la radio chaîne III a passé en revue les différentes formes de violences qui se manifestent dans la société et dans les familles, à partir des insultes aux violences physiques et sexuelles, en passant par les menaces et les chantages. La coordinatrice du Réseau Wassila a observé que la violence morale et les violences dans les familles ou dans tout ce qui relève de la sphère privée sont tolérées, voire non condamnées par les lois en vigueur, ce qui renforcerait le sentiment d’impunité.
Par ailleurs, Mme Iamarène-Djerbal a insisté sur le morcellement actuel des lois et l’absence de “spécificité” concernant les violences faites aux femmes, non sans préciser les graves conséquences de la violence conjugale sur les victimes et leurs enfants. La sociologue a également critiqué le code de la famille qui, loin de contribuer à la réhabilitation de la justice, de la dignité et de la citoyenneté, continue plutôt à maintenir le déséquilibre dans la répartition du pouvoir des sexes et à inciter à la violence.
Par : Hafida Ameyar
Mercredi 03 Novembre 2010
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