Bahreïn: Une polémique divise les radicaux et les libéraux autour d’une loi limitant l’âge minimum du mariage
Le ministre de la Justice, Khaled Ben Ali Al Khalifa, a dévoilé sa décision interdisant la validation des mariages si les épouses sont âgées de moins de 15 ans, et les époux de moins de 18 ans, sauf dans des cas exceptionnels : « ceux qui sont obligés de se marier avant d’atteindre l’âge légal doivent fournir des motifs légitimes, validés par un tribunal, pour justifier leur union » [NDLR : il s’agit souvent de cas de jeunes filles violées, ou liées par des relations amoureuses et qui se retrouvent obligées à épouser leur amoureux pour sauver l’honneur].
Alors que les radicaux dénoncent cette atteinte à l’islam et à la Charia, les femmes se disent favorables à ces nouvelles règles, car, comme l’affirme la vice-présidente du bureau des femmes au sein de l’association “al-Minbar” (proche des Frères musulmans), « cette décision limitera les dégâts que causent les tuteurs sur leurs filles quand ils abusent de leur pouvoir de tutelle ». La militante islamiste ajoute que « les filles de moins de 15 ans ne sont pas encore assez mures pour comprendre le sens du mariage et pour fonder une famille ».
Si la décision du ministre fait couler beaucoup d’encre au Bahreïn, et suscite la polémique entre chiites, sunnites, religieux et libéraux, elle intéresse également les constitutionnalistes. Certains experts estiment que « la décision est anticonstitutionnelle car elle viole l’article 18 de la Constitution ». Cet article parle en effet d’égalité entre les sexes. Or, « la loi porte une ségrégation entre les hommes et les femmes en fonction de leur âge ». Certains avocats demandent au gouvernement de fixer l’âge légal du mariage à 18 ans pour tous.
Traduction et synthèse de Chawki Freïha
30 novembre 2007