ONU: "L’Arabie saoudite n’aurait pas dû être autorisée à entrer dans le conseil d’administration"

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Affaires Strategiques

L’ONU-Femmes est pourvu depuis mercredi dernier, le 10 novembre, d’un Conseil d’administration formé de 41 membres. Ces élections ont été organisées par les 54 pays membres du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC). Les sièges ont été attribués de la façon suivante : dix pays d’Afrique, dix pour l’Asie, quatre pour Europe orientale, cinq pour l’Europe occidentale, six pour Amérique Latine et les Caraïbes et six pour les pays donateurs. 17 des 41 membres jouissent d’un mandat de deux ans et les 24 autres d’un mandat de trois ans. La création de cette entité indépendante avait été louée par l’ONU. Toutefois, les compétences virtuelles, pour le moment, jusqu’à l’entrée en fonction de l’institution en janvier prochain, sont déjà remises en question par les controverses autour de la présence de l’Arabie Saoudite au sein du Conseil d’administration au titre de pays membre bailleur de fonds.

L’ONU-Femmes a été créé le 2 juillet dernier et entrera en fonction en janvier 2011. La Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Asha-Rose Migiro, avait alors salué, «  après quatre années d’intenses négociations  », la décision prise lors d’un vote unanime de l’Assemblée générale de l’ONU de créer une entité « qui œuvrera aux niveaux local, régional et mondial à l’amélioration de la condition des femmes et des filles  ». Cette entité, dirigée par l’ex-présidente chilienne Michelle Bachelet, est en fait née de la fusion de plusieurs composantes de l’ONU : la Division de la Promotion de la Femme, l’Institut national de recherche et de formation pour la promotion de la femme, le Bureau de la Conseillère spéciale pour la problématique homme-femme et le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme. Cette organisation est à présent charger de superviser le respect des engagements pris par l’ONU pour l’établissement de l’égalité hommes-femmes au sein de ces institutions. Mais, elle doit également se présenter en adjuvent compétent auprès des Etats membres pour que soit instaurée cette égalité entre les genres. Cette aide devrait prendre la forme d’un soutien actif en faveur de l’application des normes internationales reposant sur une participation technique et financière adéquate. 

Cependant, les résultats de ces élections font polémique en raison de l’inclusion de l’Arabie saoudite au Conseil d’Administration alors que l’Iran a été évincé au profit du Timor Oriental. L’Iran devient ainsi le seul pays de la région asiatique (qui comptait 11 candidats pour 10 sièges) à avoir été écarté du Conseil. Si ce rejet de l’Iran témoigne d’une désapprobation quant à la politique de Téhéran par rapport aux femmes, la présence de l’Arabie saoudite apparaît paradoxale. Plusieurs ONG ont d’ailleurs rapidement réagi à cette élection : «  L’Arabie saoudite n’aurait pas dû être autorisée à entrer dans le conseil d’administration. Ils ont l’un des bilans les pires dans le monde en termes de droits des femmes », a déclaré Philippe Bolopion, un spécialiste de l’ONU qui a rejoint l’ONG Human Rights Watch en août dernier. Nonobstant une loi accordant le droit de vote aux femmes, les citoyennes saoudiennes ne peuvent toujours pas participer aux élections. Amnesty International exhorte régulièrement les autorités saoudiennes à mettre fin aux flagellations publiques de jeunes femmes souvent injustement condamnées. Les femmes sont encore victimes de discriminations massives en Arabie Saoudite, où elles ne peuvent sortir sans leur mari et sans la tenue exigée par la loi. Aussi, les observateurs se montrent-ils très perplexes quant à la capacité de l’ONU-Femmes à lutter efficacement contre des injustices aussi abjectes. 

16 novembre