Algérie: Formation pour aider les femmes violentées
Le Centre d’information et de documentation sur les droits de l’enfant et de la femme (Ciddef) a clôturé, hier, un cycle de formation destiné à 20 représentants de la société civile dont la Ligue algérienne des droits de l’Homme (Laddh), l’association Djazaïrouna, SOS disparus, la Commission des femmes travailleuses de l’UGTA, SOS Nour d’Annaba et la Ligue de prévention et de la jeunesse de Tizi Ouzou. Ce programme de 5 formations, organisé par le Ciddef de février à juin 2010 (3 jours de formation mensuellement), entre dans le cadre du projet “soutien à la mise en œuvre des lois, politiques et plan d’action en vigueur relatifs à la violence faite aux femmes”.
Un programme appuyé par l’Unifem et le Fonds onusien contre les violences à l’égard des femmes, et animé par des juristes, des médecins, des psychiatres, des assistantes sociales et des experts, particulièrement en sociologie, en communication et en genre.
L’initiation du Ciddef s’attaque à la problématique d’un thème bien réel dans la société algérienne, à savoir la violence dirigée contre la femme, aux fins de les contrôler et de les dominer. De l’avis général, “aucune violence n’est légitime ni acceptable”, d’autant qu’elle entraîne souvent un traumatisme ou des souffrances. Cela même s’il est établi qu’elle fait suite, entre autres, à des difficultés de communication et d’expression des sentiments.
Ouarda Pagès, assistante sociale formatrice et consultante appui aux ONG, a constaté que malgré la volonté politique affichée en Algérie, les pouvoirs publics ont élaboré “une stratégie qui est appliquée timidement”. En effet, pour un pays, membre des Nations unies, qui a signé de nombreux traités internationaux sur la lutte contre les discriminations à l’égard des femmes et sur la promotion de la place de celles-ci dans la société, beaucoup reste à faire en la matière. “C’est à la fois un problème d’égalité, de respect de l’autre et d’atteinte aux droits de l’Homme”, a résumé Mme Pagès. Cette dernière a néanmoins reconnu que la plupart des femmes en Algérie sont “formatées” et “confinées dans des rôles traditionnels destinés à servir l’homme”. “Cette logique doit changer et il faut que la violence ne devienne plus un tabou”, a-t-elle déclaré, non sans applaudir à l’“initiative louable” du Ciddef, qui a permis aux jeunes participants et participantes d’apprendre à mieux écouter les femmes, à ne pas les juger, en vue d’entamer des actions avec les victimes de violences.
Un avis entièrement partagé par les formés. C’est le cas par exemple de Azza Hammami de la Laddh d’Annaba qui s’estime à présent “mieux outillée” pour agir et orienter les femmes violentées. “Il faut continuer à militer pour les droits de l’Homme, notamment les droits de la femme qui sont bafoués en Algérie”, a-t-elle confié à Liberté. De son côté, un jeune de SOS disparus a eu du plaisir à raconter ses rapports avec sa mère et ses sœurs, des rapports qui, précisera-t-il, “sont basés sur l’égalité”. Il a en outre révélé que le cycle de formation lui a permis d’apprendre les techniques d’écoute, la méthodologie des résumés et les lois nationales et internationales en matière d’égalité des sexes, ainsi qu’à échanger avec les autres membres d’associations.
D’autres avis complémentaires ont été développés par les représentantes des autres associations. La militante de Fard d’Oran a même admis que cette formation, qui s’est étalée sur plusieurs mois, a eu des effets positifs sur sa vie privée, dans la mesure où elle a changé son regard vis-à-vis de l’autre. Quant à Dounia Benhalima de SOS Nour, également fondatrice du réseau Balsam en Algérie, elle a observé que le dernier programme de formation est “plus structuré” et “mieux encadré” que les précédents.
Par : Hafida Ameyar
Liberté du 20-06-2010