Indonésie: Loi antiblasphème
Des défenseurs des droits de l'homme ont exprimé leurs inquiétudes mardi après le rejet par la Cour constitutionnelle indonésienne d'une demande de révision de la loi antiblasphème, qui punit toute "déviance" vis-à-vis des six religions acceptées dans le pays. Après des semaines de débats, parfois houleux, la Cour a rejeté lundi la requête déposée par des groupes représentant des musulmans modérés, des religions minoritaires et des défenseurs de la laïcité.
Les juges ont estimé que la loi était imparfaite mais ne violait pas la Constitution du plus grand pays musulman au monde, où la liberté de culte est officiellement garantie.
Promulguée en 1965, la loi prévoit une peine maximale de cinq ans de prison pour quiconque est reconnu coupable de manifester "des sentiments hostiles ou de haine vis-à-vis de la religion", de "la dénigrer" ou d'enseigner des interprétations "déviantes" à l'islam, au bouddhisme, hindouïsme, catholicisme, protestantisme ou confucianisme.
Dans un pays où près de 90% de la population est musulmane, les partisans d'une révision estimaient que la loi était parfois "détournée" par certains mouvements pour faire pression sur d'autres communautés. Ils citaient notamment des faits d'intimidation contre des églises chrétiennes et la campagne menée en 2008 contre la secte musulmane Ahmadiyah.
La décision de la Cour "est un revers sérieux pour la liberté religieuse", a réagi l'association Human Rights Watch (HRW).
Elle est susceptible "d'exacerber les tensions interconfessionnelles", a estimé le professeur américain Cole Durham, car elle justifie des actes discriminatoires envers les minorités religieuses ou les athés.
Le gouvernement et les plus importants mouvements musulmans ont, au contraire, salué le maintien de la législation qui permet, selon eux, de "garantir le respect de la religion".
AFP
20/04/201