Un million et demi de femmes sont interdites de sortie du domicile familial et autant sont empêchées d’embrasser une carrière professionnelle.
Tels sont les résultats édifiants, livrés par Nadia Aït Zaï, hier, lors d’une journée parlementaire sur la promotion de la représentativité féminine en politique organisée par l’Assemblée nationale. La juriste a évoqué, par ces données, un sondage national réalisé par un bureau d’études pour le compte du Centre d’information et de documentation sur les droits de l’enfant et de la femme (Ciddef).
“L’État investit des milliards dans l’éducation des filles. Mais, à ce rythme-là, les femmes perdront leurs droits dans quelques années”, a-t-elle épilogué pour illustrer une réalité éloignée de l’utopique vœu de renforcer davantage la présence des Algériennes dans les institutions élues, et répondre ainsi à l’amendement portant promotion des droits politiques des femmes, introduit en novembre dernier dans la Constitution. La majorité des participantes à la journée parlementaire ont revendiqué le système de quotas pour égaler la proportion des hommes élus au Parlement, aux APW et aux APC. En matière de représentation féminine au Parlement, l’Algérie est classée à la 120e place, loin derrière ses proches voisins, le Maroc et la Tunisie. La représentation féminine dans les assemblées élues est à peine supérieure à 6% du nombre global des membres desdites institutions. Plusieurs intervenantes à la journée parlementaire ont carrément caché le soleil avec un tamis en focalisant sur ce qu’elles considèrent comme des acquis octroyés gracieusement par le président de la République (révision du code de la femme et derniers amendements de la loi fondamentale). Elles ont mis en avant l’engagement des citoyennes dans la guerre de Libération nationale et leur propension, de nos jours, à investir, quasiment, tous les domaines professionnels. D’autres participantes ont tempéré l’ardeur générale, en rappelant qu’en politique, les Algériennes sont largement sous-représentées, par les contraintes auxquelles elles sont confrontées.
Au-delà des difficultés liées à l’hypothétique conciliation entre les obligations professionnelles, les charges familiales et l’activité politique, les candidates aux élections se heurtent à la réticence des électrices à leur donner leurs voix, comme l’a relevé une moudjahida, présente hier à l’APN. Une étude comparative sur la représentation des femmes dans les institutions politiques au Maghreb, initiée par le Ciddef, montre qu’en cinq élections législatives (1977 à 2002), les chiffres cumulés des candidatures donnent 19 152 candidatures hommes pour 1 157 femmes, soit 5,5%.
Le taux, comme sus-mentionné, se retrouve dans le quota des élus. Le même schéma est reproduit à tous les niveaux des responsabilités institutionnelles et politiques (gouvernement, direction des formations politiques…).
08 mars 2009
Par Souhila Hammadi
Source : Liberté