Algérie: Le ministère algérien de l’Education interdit le maquillage dans les écoles
La note numéro 786 a été envoyée aux chefs d'établissements des quarante-huit provinces, leur demandant d'interdire aux élèves de porter du maquillage et des vêtements extravagants dans les enceintes des écoles.
Le ministère a avertit qu'il ne tolérera aucune exception à cette nouvelle règle.
Cette note est sans équivoque : les filles ne peuvent plus porter à l'école de maquillage ou de vêtements jugés indécents. Elle obligera également les élèves des deux sexes à porter des blouses dès lors que le ministère aura finalisé cette politique. Les personnels administratifs et les élèves devront se conformer à cette mesure dès la rentrée des vacances d'hiver, samedi prochain, le 3 janvier.
Cette décision a suscité une vive polémique en Algérie entre ses partisans et ses détracteurs.
Face à la polémique engendrée par cette mesure, le ministre de l'Education Aboubekeur Benbouzid a expliqué que son ministère ne faisait qu’appliquer des dispositions de la loi sur l’orientation scolaire et qu’il ne comptait nullement réduire les libertés des élèves. Il a ajouté qu'"à l’avenir, les filles et les garçons devront porter des tabliers en se conformant aux couleurs décidées par le ministère."
Le président de l’Union Nationale des Parents d’Elèves s'est déclaré partisan de la modération. Interrogé par Magharebia, M. Mebarki Boualem a déclaré : "Il faut de la modération en tout. Il est vrai que l’école est un lieu d’éducation... Les excès sont évidement à condamner. Des enfants bien éduqués n’ont rien à craindre. Ils sont à l’abri de toutes les dérives."
Saleha, professeur de français dans un lycée mixte d’Alger, affiche clairement son approbation. Elle a déclaré à Magharebia : "Je suis dans l’éducation depuis plus de vingt ans... Je dois dire que cette génération est très différente. Ils sont très précoces... J’estime qu’on ne peut pas venir à l’école maquillée ou en tenue extravagante. L’école n’est pas un podium de mode. Quand je dis cela, c’est valable aussi pour les garçons. Je pense qu’il était temps que le ministère réagisse."
La plupart des parents estiment que cette mesure est justifiée. Mustapha, père de Amel et de Ramy, tous deux collégiens, commente : "Des filles arrivent au collège maquillées comme des adultes. D’autres sont habillées d’une manière très provocante. Lorsque je les vois, je me demande si elles viennent à l’école pour étudier ou faire autre chose. Lorsque j’ai appris que le ministère avait pris la décision de mettre un terme à cette situation, j’ai applaudit."
Pourtant, certains parents ne sont pas tout à fait d’accord. C'est le cas de Naima, mère d'une lycéenne de seize ans, qui affirme : "En interdisant le maquillage et ce qu’il appelle tenue extravagante, le ministère de l’Education fait penser que l’habit fait le moine. Moi je ne crois pas qu’on puisse juger quelqu’un sur sa façon de s’habiller. Je laisse à ma fille la liberté de s’habiller comme elle veut. Elle se maquille un peu. Cela ne veut pas dire qu’elle a de mauvaises mœurs ; je la suis de très près. C’est une excellente élève."
En dépit des critiques, le ministère de l’Education ne compte pas reculer et maintient les nouvelles mesures.
30 décembre 2008
Par: Hayam El Hadi
Source: www.magharebia.com