Algérie : 4 ans ferme pour ne pas avoir respecté le ramadan
Le 144 bis 2 instaure «des peines d'emprisonnements de 3 à 5 ans pour quiconque offensera le prophète (…) et dénigrera les dogmes de l'Islam par voie d'écrit, de dessin, de déclaration et de tout autre moyen». «A partir de là, c'est la qualification même du délit qui a été faussée», dénonce Me Boudjemaa Ghechir, président de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADH) dans les colonnes du quotidien El Watan. «Ces personnes ont été condamnées pour s'être moquées d'un précepte de l'Islam, alors que rien ne prouve qu'il s'agissait de moquerie», souligne-t-il. Autre signe, selon lui, que le jugement de Biskra est irrationnel : une trentaine de personnes, qui avaient été arrêtées quelques jours avant les six prévenus pour avoir elles aussi mangé avant l'heure, ont été laissées en liberté après avoir présenté des excuses.
«Les talibans ne sont pas aussi stricts»
«La loi divine elle-même ne prévoit pas de pénalité sévère, et même le régime des talibans n'est pas aussi strict [que le jugement de Biskra]», a déploré un spécialiste du droit algérien. «C'est un précédent dangereux. On peut imaginer demain un juge interpeller des citoyens marchant dans la rues, à l'heure de la prière, parce qu'ils ne sont pas à la mosquée», a mis en garde un éditorialiste d'El Watan qui y voit une démonstration supplémentaire de la campagne de moralisation à laquelle se livre la police qui s'est transformée en redresseur de torts, veillant aux «bonnes mœurs » et chassant les «mécréants».
Sous couvert de «lutte contre les sectes», les procès pour «délit de chrétienté»se multiplient dans l'Ouest algérien depuis le début de l'année. Le ministre des Affaires religieuses suspecte ainsi les évangélistes de chercher à «constituer une minorité (de chrétiens) en vue d'immixtions étrangères» dans les affaires intérieures de l'Algérie. Figure emblématique de ce durcissement : Habiba Kouider. Arrêtée en possession de bibles et d'évangiles, trois ans de prison ont été requis contre la jeune femme. Face au tollé qui a suivi, le juge a demandé un «complément d'enquête». Habiba Kouider attend toujours son verdict.
7 octobre 2008
Source: Le Fiagaro