République Centrafricaine: « Nous avons peur de ne jamais revoir nos maris »
« Nous aimerions revoir nos maris, pour celles d'entre nous dont les maris ont traversé [la frontière] pour le Cameroun, mais nous aussi, nous avons peur qu'ils ne reviennent pas, compte tenu de ce qu'ils ont vécu à travers le comportement barbare des coupeurs de route : tueries, vols de bétail, enlèvements et violences physique ».
« Nous avons aussi appris que les éleveurs qui sont partis au Cameroun ne rentreront pas : ils sont bien traités là-bas. Que vont devenir les épouses qui ne souhaitent pas quitter Paoua pour l'étranger ? Le Cameroun ne va pas nous obliger à devenir des célibataires ! La paix va revenir et nous allons nous installer dans un nouveau campement».
« Nous avons de justesse réussi à échapper aux exactions répétées des coupeurs de route dans nos divers campements, pour nous établir à Paoua centre. Tout avait commencé par la prise en otage de nos maris et enfants. Pour les libérer, il fallait payer des rançons en vendant du bétail. Certaines épouses ont eu à payer 10 à 12 millions de francs CFA [entre 23 500 et 28 000 dollars] et cela en fonction du nombre des otages. À force de payer de grosses sommes d’argent pour la libération des parents, nous n’avons plus de bétail ».
Parfois, même après avoir reçu les rançons, les bandits tuaient les éleveurs ou leurs enfants.
« Beaucoup de femmes parmi nous sont sans mari. Pour la majorité, nous sommes des veuves ; même moi qui vous parle, je fais partie des veuves du groupement. Nous ne pouvons que remercier le DRC [Danish Refugee Council] pour son appui. Grâce à cela, nous [avons monté] de petits commerces : vente de beignets, d’huile ; pour une fois, nous pratiquons de l’agriculture, mais notre souhait à nous, c’est de redevenir éleveurs. C’est notre vocation ».
12 juin 2008
Source: http://www.irinnews.org/fr/ReportFrench.aspx?ReportID=78706