Dossier 9-10: La lutte des iraniennes continue
Date:
décembre 1991 Attachment | Size |
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232 L’accessibilité des femmes d’une société donnée à la contraception est tributaire de beaucoup de facteurs. Le plus important de ces facteurs est : l’attitude des gouvernements vis-à-vis des problèmes des femmes, le rôle des femmes dans la société, leur niveau d’information et le niveau général du développement de la société. Les facteurs culturels et religieux jouent également un rôle très important mais pourraient facilement constituer la raison pour la politique dominante.
Dans un pays comme l’Inde où l’explosion démographique a été pendant des décennies, une des préoccupations majeures du gouvernement, on n’a pas noté de réels progrès en ce qui concerne le contrôle de la population.
Dans ce cas, c’est la pauvreté criarde, l’absence d’éducation adéquate et de services de santé, les croyances religieuses profondes et largement répandues, et la négation de toute valeur sociale pour la femme, qui empêchent les familles, et les femmes en particulier, de prendre au sérieux la contraception. Dans un pays où l’accès aux soins médicaux est un luxe, légaliser l’avortement devient «ridicule».
En Iran, durant le règne du Shah, et pendant des années, les femmes ont lutté pour avoir accès aux méthodes contraceptives, et à la légalisation de l’avortement. Plusieurs femmes ont été victimes de l’avortement clandestin et des méthodes drastiques. C’est dans les toutes dernières années du règne du Shah, lorsque la pilule et d’autres formes de contraception furent autorisées et que la planification familiale devint un slogan du gouvernement, que la condition des femmes s’est légèrement améliorée. L’avortement fut légalisé, encore qu’il ne fût pas à la portée de toutes les femmes. Comme en Inde, l’aide et l’éducation n’atteignaient pas celles qui en avaient réellement besoin. De nombreuses femmes demeurent encore victimes de l’ignorance et de la pauvreté. Cependant, il existe des ressources disponibles pour beaucoup de femmes.
Après la chute du Shah et l’avènement de la République Islamique, les femmes devinrent les premières victimes de l’idéologie islamique. Un des droits qui leur furent refusés fut l’accès à la contraception et à l’avortement.
L’avortement était illégal, frappant de manière vicieuse aussi bien le médecin que la patiente. De nouveau, la maternité devint le premier rôle donné par Dieu à la femme, et toute tentative d’empêcher ou d’interrompre une grossesse, était sévèrement découragée. Alors que, ironiquement, ce même régime exécutait de nombreuses prisonnières politiques en état de grossesse.
Onze ans après le début de la Révolution, la population d’Iran est passée de 36 à quelque 50 millions d’habitants. Comme cela est souvent le cas, cette explosion démographique a essentiellement affecté les pauvres. Le régime iranien, immergé dans ses graves difficultés économiques et politiques, a été incapable de gérer la croissance de sa population. Aujourd’hui, il décide brusquement que la contraception et l’avortement ne sont pas, après tout, de si grands péchés. Bien que n’ayant pas légalisé l’avortement, le régime ne persécute plus ceux qui le pratiquent.
Toujours est-il qu’il n’alloue aucune ressource pour l’éducation des femmes ou pour la construction de centres de santé ou de consultation. Les femmes sont laissées à elles-mêmes. Celles qui appartiennent aux classes aisées ont toujours pu trouver des moyens appropriés, contrairement à celles des classes moyennes et laborieuses qui continuent d’en souffrir.
Malgré tout, beaucoup de femmes tirent profit du retour obligé du régime à de meilleurs sentiments. Beaucoup de centres de santé bénévoles spécialisés dans la Planification Familiale ont été créés. Quelques uns ont orienté leurs services vers les zones défavorisées, espérant servir les plus nécessiteuses. Ces centres sont généralement dirigés par des femmes qui ne le font pas pour de l’argent mais plutôt dans le but d’élever la conscience générale des femmes.
Durant ces 11 dernières années, les femmes en Iran, ont sans cesse été l’objet d’abus et de répressions de la part du régime, et ceci ne constitue pas un cas isolé. Mais ce qui est évident, c’est que les femmes en Iran deviennent de plus en plus conscientes de leur situation et de leurs droits. Elles ne baisseront pas les bras pour le contrôle total de leurs destinées, leurs vies et leurs corps.
Code civil iranien Article 1105 :
Le mari est le chef de la famille ; entre le mari et la femme c’est la qualité et le droit de l’homme qui prédominent.
Article 1050 :
Le droit de choisir le lieu de résidence de la famille, revient au mari.
Article 1143 :
La femme doit répondre aux désirs de son mari, et si, sans raison valable, elle refusait de remplir ses obligations conjugales, elle n’aura pas droit à être entretenue.
Article 1133 :
Le mari a le droit de divorcer d’avec sa femme, quelqu’en soient les raisons.
Article 1029 et 1130 :
La loi ne donne le droit à la femme de demander le divorce, que dans des circonstances très exceptionnelles.
Article 1169 :
A la dissolution du mariage, la femme perd le droit de garde sur les enfants au profit de leur père, à partir de l’âge de 7 ans pour les filles, et de 2 ans pour les garçons. Le droit exclusif de garde sur les enfants revient au père.
A sa mort, c’est le grand-père paternel qui hérite de ce droit.
En l’absence de ce dernier, c’est la personne qui aura été désignée auparavant par le père qui en aura le droit.
Article 1060 :
Il est formellement interdit à une Iranienne de se marier à un non-Musulman.
Une femme mariée n’est autorisée à voyager que sur consentement écrit de son mari.
Tous les articles ci-dessus entrent en contradiction avec les dispositions C, D et F de l’article 16 de la Convention des Nations Unies sur «l’Elimination de toute forme de discrimination contre les femmes».
Reproduit de: Women against Fundamentalism
London WCI 3XX, Royaume Uni.
WAF Bulletin n° 1, Novembre 1990, p.p. 10-11.