Arabie Saoudite: 200 coups de fouet à une femme violée
«Une femme courageuse risque la flagellation et la prison pour avoir parlé publiquement de ses efforts pour obtenir justice», s’insurge l’organisation américaine de défense des droits de l’homme, Human Rights Watch (HRW), pour qui «non seulement ce verdict transmet aux victimes de violences sexuelles un message suggérant qu’elles ne devraient pas porter plainte, mais il offre aussi protection et impunité aux auteurs de ces violences». Quatre seulement des agresseurs de la jeune femme ont été condamnés à des peines allant de un à cinq ans de prison, et de quatre-vingts à mille coups de fouet.
«Pourquoi avez-vous quitté la maison ? Pourquoi n’avez-vous pas dit à votre mari où vous alliez ?» lui répétèrent les juges à la première audience. «Ils criaient sur moi. Ils tenaient des propos injurieux. Un juge m’a traité de menteuse parce que je ne me souvenais pas bien des dates», a indiqué la victime à HRW. Et les foudres de la justice, dominée par les religieux, de s’abattre également sur son avocat. Le juge de Qatif vient de lui interdire d’être présent au tribunal, avant de lui retirer sa carte professionnelle. Ainsi va la justice en Arabie saoudite, premier producteur mondial de pétrole, royaume allié de l’Occident mais qui ne dispose toujours pas d’un code pénal écrit, où les juges ne suivent pas de règles procédurales et où la garde à vue n’existe pas. Heureusement, le 3 octobre, le roi Abdallah a annoncé une réforme d’un système judiciaire archaïque, promettant de nouveaux tribunaux spécialisés et une formation pour les juges et les avocats.
Une justice archaïque
Dans le berceau du wahhabisme, cette version rigoriste de l’islam, la justice est avec l’éducation l’une des principales zones grises d’un régime qui a bien du mal à se réformer. Et ce malgré les appels du pied de ses partenaires occidentaux. À Washington, le département d’État a qualifié ce jugement d’«étonnant». Quant à la France, dont le président, Nicolas Sarkozy, est attendu le 13 janvier à Riyad, elle tente également de faire passer des messages, mais là encore, sans grand succès. Les Saoudiens détestent en effet qu’on leur donne des leçons. Il y a quelques années, Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la Défense, en fit l’amère expérience, lorsqu’elle osa évoquer, devant son homologue le prince sultan, les carences du système éducatif en Arabie. L’entretien dura... sept minutes.
21 novembre 2007