France: Un syndicat proteste contre la dérive pro-Hezbollah de radio Monte Carlo Doualiya

Source: 
Site Prochoix
Lettre ouverte à l’opinion publique et aux autorités de Tutelle.
Monte Carlo Doualiya ou Monte Carlo Islamiya?
Ignorant superbement les mises en garde de la CGC Audiovisuel, la Direction de Monte Carlo Doualiya filiale à cent pour cent de Radio France Internationale, a organisé un « pot » le mardi 16 octobre pour fêter l’Aid el Fitr. Cette initiative était d’autant plus déplacée que le Comité d’entreprise avait déjà organisé un pot deux jours plus tôt pour la même occasion et dans l’open-space de la rédaction.

Ni le Comité d’entreprise, ni la Direction n’avaient célébré auparavant les fêtes religieuses, conformément au principe de laïcité dans le service public. Aucune cérémonie particulière n’a été organisée, ni pour Pâques, ni pour l’Ascension, ni pour Noël, ni pour la Toussaint, ni pour Hanoukka, ni pour Yom Kippour.

Est-ce bien juste pour les salariés chrétiens et juifs de l’entreprise ? Que dire des salariés athées ou non croyants ? De surcroît, cette année, à l’antenne, l’Aid el Fitr a été l’occasion d’un concert de congratulations, de célébrations, de papiers, de reportages alors que pas un mot de vœux n’a été prononcé pour Hanoukka ou Yom Kippour par exemple…

Pourtant, nous ne nous serions jamais insurgés contre un petit pot pour l’Aïd (et tant pis pour l’entorse à la laïcité) si cette initiative ne venait s’inscrire dans un contexte de dérive grave qui s’est dangereusement accentué avec l’actuelle direction et qui nous amène à nous poser des questions sur la raison d’être même de cette radio.

- Ce pot aurait pu être un vrai pot de l’amitié et de la fraternité, si un journaliste de la rédaction, délégué syndical SNJ de surcroît, n’avait voulu interdire une émission sur une rafle dans un bar gay du Caire, sous prétexte qu’il est choquant de parler d’homosexualité pendant le mois du Ramadan ! Le journaliste en question s’était laissé aller à des crises d’hystérie, ponctuées de hurlements et d’imprécations en pleine séance de questions DP. Le même a remis ça en Comité d’entreprise il y a moins d’un an, sans s’attirer de la part du directeur général autre chose qu’une molle protestation. Et pas un mot du rédacteur en chef ! Pour le SNJ, l’actualité serait-elle priée de faire carême pendant le Ramadan ? Le terrorisme intellectuel ne s’est-il pas révélé payant ces dernières années: combien d’émissions sur le drame que vivent les communautés homosexuelles dans les pays arabes ? Deux, trois ? A peine. Et combien de sujets au news ? Pratiquement aucun. Mieux que ça : le journaliste censeur a bénéficié d’une double promotion en 2005 !

- Ce pot aurait pu être un vrai pot de l’amitié et de la fraternité, si une journaliste de la Rédaction n’avait salué à l’antenne, d’un retentissant « Bonjour de la Victoire » le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah en août 2006, cessez-le-feu présenté par le parti de Dieu comme une victoire ! Par notre radio aussi apparemment !

- Ce pot aurait pu être un vrai pot de l’amitié et de la fraternité, si la même journaliste n’avait imposé, en présence du rédacteur en chef, un « reportage » complètement bidon sur de prétendus ballons empoisonnés envoyés par Israël au dessus du Liban. Reportage inspiré directement par l’agit-prop du Hezbollah et qui a été diffusé sur notre antenne sans la moindre prise de distance et sans la moindre tentative de recouper les « informations » qu’il contenait. Ces informations étaient évidemment fausses. Pourtant, à ce jour, notre radio n’a toujours pas diffusé de démenti ! En invoquant de manière aussi triviale le mythe du juif empoisonneur, notre « consœur » a peut-être cru servir la « Cause ». Elle n’a fait que discréditer un peu plus notre Radio et nous enlever jusqu’au droit de critiquer de façon crédible l’Etat hébreu. Bilan : une promotion pour la journaliste en question en 2006, dans une charrette de réajustement il est vrai, mais une promotion quand même…

- Ce pot aurait pu être un vrai pot de l’amitié et de la fraternité, si un assistant n’avait demandé et obtenu! pas plus tard que le 23 octobre dernier, la censure d’une rubrique pleine d’humour et inspirée d’une dépêche AFP, intitulée : « La Békaa libanaise entre le Hachich, le bon vin et le Hezbollah ». La rubrique a été interdite de site internet à la suite de l’intervention de cet assistant auprès du rédacteur en chef, qui s’est exécuté sans rien dire ! Cette initiative de l’assistant zélé a été approuvée à posteriori par un rédacteur en chef adjoint, nommé à ce poste par l’actuelle direction et qui collectionne depuis des années les interviews de dirigeants islamistes…Il est probable que la direction ne l’oublie pas avec une belle promotion en 2007.

- Ce pot aurait pu être un vrai pot de l’amitié et de la fraternité, si la haine tenace de ce même rédacteur en chef adjoint ne continuait de poursuivre, et continuera sans doute jusqu’à la septième génération, les quelques journalistes qui ont osé publiquement protester contre l’arrivée annoncée d’une journaliste voilée, correspondante à Paris de la télévision d’Etat iranienne, protestations qui leur avaient valu d’être traités « d’ayatollahs de la laïcité » par l’ancienne directrice de l’information qui sévit désormais à France 24. La consoeur voilée raconte dans un article publié le 7 novembre dans le quotidien libanais « Assafir », comment un responsable de la radio lui a expliqué pourquoi on ne faisait pas appel à ses services malgré une lettre lui annonçant qu'elle avait réussi le « concours » de recrutement, en lui disant que « certains journalistes de la radio refusaient la présence d'une femme voilée parmi eux. » Une fois de plus, la direction se défaussait sur « des journalistes de la rédaction ». Quel courage !

- Ce pot aurait pu être un vrai pot de l’amitié et de la fraternité, si un autre journaliste de la Rédaction, de surcroît délégué syndical CFDT, n’avait pris sa plus belle plume pour protester contre ce qu’il qualifie de « rattage » (sic) des élections législatives palestiniennes en janvier 2006. « A notre grande surprise », écrit-il, « nous avons constaté qu’aucune émission spéciale, hors les programmes habituels, n’a été faite pour marquer cette événement majeure (re-sic) ». Pourtant, sur deux jours, les 25 et 26 janvier 2006, la durée des journaux a été allongée de 10 minutes (soit de moitié), un envoyé spécial s’est rendu sur place pour renforcer les trois correspondants habituels à Gaza, Ramallah et Jérusalem. A eux quatre, ils ont totalisé en deux jours, 27 correspondances, deux reportages et cinq interviews, dont celles du président palestinien et du chef de file du Hamas, Ismaïl Hanieh, sans compter les interventions en direct et le magazine politique entièrement consacré à l’événement. Ce décompte a été fait par la directrice de l’info elle-même, que l’on peut difficilement soupçonner d’anti-islamisme primaire. Pourtant, pour le confrère, ce n’était toujours pas assez ! Il fallait encore plus pour « marquer l’événement ». Le marquer ou le fêter ?

- Ce pot aurait pu être un vrai pot de l’amitié et de la fraternité, si ce même délégué syndical n’avait lancé en toute impunité et de manière systématique une véritable campagne de dénigrement, de déstabilisation et d’intimidation, à coup de mails calomnieux et insultants et d’attaques personnelles graves et humiliantes, y compris dans les questions DP (documents divers que nous tenons à disposition de l’entreprise qui les a de toute façon) une campagne dirigée contre des salariés presque tous non musulmans et presque tous libanais, allant jusqu’ à réclamer des « solutions radicales » contre certains d’entre eux. Malheur à ceux qui n’appartiennent pas à la bonne ethnie ou à la bonne religion ! Comme si on voulait leur faire comprendre qu’ils n’avaient pas leur place ici, à moins de se soumettre et d’accepter d’être des « dhimmis ». Cette campagne systématique qui dure depuis plusieurs années n’a soulevé chez la direction qu’une bien timide réprobation. Mieux que cela : double promotion pour le journaliste en question en 2006 ! Le plus inquiétant, c’est que ce monsieur qui se croit tout permis affirme disposer de fidèles parmi les salariés et se vante de faire embaucher ceux qu’il recommande et de faire virer ceux qu’il désigne, sans que la direction n’apporte aucun démenti ni par la parole, ni par les actes. Une assistante n’a-t-elle pas été approchée par un intermédiaire lui enjoignant d’aller dire merci à ce monsieur pour lui avoir obtenu un contrat !

Ce ne sont là que des exemples, des éruptions ponctuelles du volcan de haine qui bout à Monte Carlo Doualiya. Passons sur les réflexions quotidiennes antisémites et anti libanaises, les remarques désobligeantes, les plaisanteries homophobes, etc. Un volcan de haine qui prospère à l’ombre d’une direction inerte qui se retranche derrière une prétendue neutralité dans ce qu’elle qualifie de « guerre des clans » ou de « guerre des syndicats » pour éviter d’assumer ses responsabilités et fuir les questions qui fâchent. Une direction qui a fait du « despotisme mou » une règle de conduite, qui a complètement délaissé l’antenne et ne songe qu’à multiplier à grands frais les « opérations spéciales », les délocalisations de l’antenne et les voyages en Orient. Une direction où la politique du compromis règne en maître. Une direction tétanisée par les projets de réorganisation de l’audiovisuel public et leurs conséquences sur son propre avenir. Une direction obnubilée par l’idée de « survivre après Antoine Schwarz » et qui cherche par tous les moyens, aujourd’hui, à étouffer les scandales qu’elle n’a pas pu finalement empêcher de sortir. Y compris en faisant pression sur les récalcitrants sur l’air de : « surtout ne pas laver le linge sale en public, sinon, le grand méchant Georges-Marc viendra nous croquer tous… ».

Malgré les pressions, nous avons décidé de ne pas nous taire…Nous posons sereinement la question : a-t-on le droit, lorsqu’on est en charge d’une radio internationale de la jeter en pâture à quelques militants qui cherchent à l’instrumentaliser et à la mettre au service d’une cause qui n’est pas celle des valeurs que nous sommes censés tous partager ? A-t-on le droit de faire cela avec l’argent du contribuable ?

Le Directeur général, la secrétaire générale et le rédacteur en chef portent à l’évidence une lourde responsabilité dans cette dérive éditoriale et dans la détresse d’une grande partie du personnel qui commence à se demander pour quelle sorte d’entreprise il travaille. Que sommes nous exactement? Une radio française, républicaine et arabophone? Une radio communautaire? Une radio islamiste? Un petit mélange de tout cela?

Il est temps d'apporter des réponses claires à ces questions autrement que par des voeux pieux. A notre tour de réclamer des solutions « radicales » au premier sens du terme. Nous en appelons d’abord à la solidarité confraternelle, en particulier au SNJ et au syndicat des journalistes CFDT.

Ils ne peuvent accepter que leurs étiquettes syndicales servent de couverture à la censure, à l’homophobie, à l’antisémitisme et à l’idéologie de la haine. Il y va de l’honneur de la profession. Nous en appelons également aux autorités de Tutelle et aux pouvoirs publics qui ne peuvent laisser une radio financée par des deniers publics partir à la dérive. Nous en appelons aussi au PDG Antoine Schwarz que l’on dit sur le départ. Il ne peut partir avec ce cas sur la conscience. La situation ne supporte plus de demi-mesures.

Nous en appelons enfin et surtout aux salariés musulmans ou de culture musulmane de Monte Carlo Doualiya. Nous les invitons à ne pas répondre aux sirènes hurlantes du communautarisme, à ne pas offrir un silence consentant à ces comportements inspirés par la haine, et à se désolidariser publiquement et fermement de leurs auteurs, comme certains d’entre eux ont déjà commencé à le faire, au prix de leur propre tranquillité quotidienne et même de l’évolution de leur carrière professionnelle, afin que le prochain pot soit un vrai pot de l’amitié et de la fraternité.

8 novembre 2007