Algérie: Trois femmes dans la rue

Source: 
El Watan
Victimes d’une erreur de l’administration.
Sinistrées, Fatima, Messaouda et Aïcha restent là, le visage impassible et les yeux écarquillés, pour assister, imperturbables bien que fortement désabusées, au spectacle malheureux de ce qui est advenu de leur toit et des murs qui les ont, des années durant, abritées.
L’indifférence, le dol subi, le danger encouru chaque jour, les conditions plus que déplorables et, pourtant, elles gardent l’espoir intact. Inébranlables, elles entretiennent la foi, qu’un jour viendra où elles seront, enfin, rétablies dans leur droit. Après avoir été, de nombreuses fois depuis 2003, inscrites sur des listes par les différents services compétents, elles continuent, sereines, à réclamer le logement, qui leur a été ravi sous le nez et à la barbe du droit et des lois de la République. Conscientes que leur cas reste une mise à nu flagrante des défaillances et des manquements graves de l’administration, il ne leur reste que l’espoir d’informer l’opinion et les hauts responsables de cette injustice. Les opérations d’attribution de logements aux citoyens qui ont été recensés et inscrits à maintes reprises sur les listes des sinistrés, ne sont pas, en réalité, indemnes de tout soupçon. Ces situations, de fait, conduisent les victimes à perdre totalement confiance dans les institutions de l’Etat, ne comprenant plus le fonctionnement absurde de ces rouages, devenus machines infernales, sourdes à leurs doléances et qui broient de l’humain sans aucune distinction ou respect pour le statut social. Pourtant, le chef de daïra en personne admet le préjudice causé ; il avoue même que cela est dû à une erreur administrative, cependant, il ne propose aucune solution, laissant en danger et dans une habitation complètement en ruine, trois vieilles femmes qui ne savent plus à quel saint se vouer. Ni les recours adressés à maintes reprises aux autorités ni les rapports de la Protection civile et des services de l’APC de Constantine, ne sont arrivés à faire prendre conscience aux responsables de la nécessité d’intervenir, en urgence, pour réparer cette injustice et attribuer ce qui revient de droit à ces citoyennes. Les décombres de la maison, située au 24, rue Tlili Saïd à El Djezzarine, continueront longtemps de hanter la conscience de ceux ayant commis cette "erreur de l’administration". Même en ruine, elle reste l’interface négative d’une gestion qui ne se soucie en aucune manière des intérêts de la communauté et des citoyens, irrespectueuse de ses propres missions. Fatima, Messaouda et Aïcha continuent de payer les factures d’électricité, de gaz et d’eau, ainsi que les taxes sur l’habitation (?) Elles restent, là, à attendre patiemment que l’administration, qui reconnaît du bout des lèvres ses erreurs, fasse son autocritique et hausse le ton, quant il s’agit surtout de rendre justice et de réparer les torts qui l’entachent et lèsent les citoyens.

Par: Djamel B.

8 avril 2007