Mondiale: "Réveillez-vous, pensez par vous-mêmes," dit Naser Khader
Comme elle l’écrit: “Nous, musulmans, qui n’avons pas de grandes connaissances sur l’islam, nous devons faire attention à ce que nous disons sur l’islam. Nous ne sommes pas des spécialistes, et c’est haram (interdit) d’interpréter le Coran comme bon nous semble. Ou bien de l’interpréter d’une manière qui plaise aux non-musulmans.”
Voilà une attitude élitiste. Seuls quelques individus hautement qualifiés - les “exégètes” - auraient le droit de se prononcer sur l’islam. Cette conception est malheureusement assez répandue. Or elle ne favorise ni la tolérance religieuse ni le dialogue. Et elle pose une question décisive: pourquoi l’individu musulman ne devrait-il pas penser par lui-même?
Les musulmans ne sont-ils que des robots qui doivent laisser aux imams le soin de penser à leur place, même lorsque leurs interprétations peuvent s’avérer étroites et réactionnaires?
L’islam est-il trop difficile à comprendre pour un musulman? “J’espère que mon courrier vous aura fait réfléchir et, inch’Allah, que vous serez désormais plus vigilant lorsque vous parlerez de l’islam.” Quand je lis ou entends ce discours, une lassitude me gagne. J’en ai assez de cet Allah “policier”.
J’en ai assez de l’absence de critique et d’autocritique. J’en ai assez de ce néopuritanisme qui caractérise aujourd’hui l’islam en Occident. Beaucoup de ces interdictions - ne pas dessiner Mahomet, ne pas écouter de musique, ne pas faire de vélo quand on est musulmane - traduisent une conception démodée de l’islam, que je n’ai pas connue dans ma jeunesse.
L’islam aurait besoin d’un peu de théologie protestante ! Il devrait s’adapter à l’évolution de la société moderne et accepter la liberté individuelle, la pensée critique et le pluralisme. Seules les idéologies totalitaires ne supportent pas la critique.
Et c’est cette faiblesse qui les condamne souvent à mort. Alors, chère “sœur musulmane”, chers consœurs et confrères: réveillez-vous, pensez par vous-mêmes, cessez de jouer au sacrifice. Allah dit dans le Coran que l’homme a un cerveau pour distinguer le bien et le mal. Servez-vous-en."
Par: Naser Khaled
19 juin 2006