Pakistan: Ces femmes talibans qui militent pour la charia
Ces femmes ont déjà multiplié les actes de “talibanisation” en tout genre: pression sur les vendeurs de films et de musique indiens et occidentaux, les obligeant à fermer leur commerce; kidnapping d’une mère maquerelle, connue du quartier, qu’elles ont retenue plusieurs jours dans leur école; et enfin, prise en otages de six policiers qu’elles ont relâchés la semaine dernière en échange de talibans retenus par les forces armées gouvernementales. Aujourd’hui, elles occupent toujours la bibliothèque pour enfants située dans l’enceinte de la mosquée et adjacente à leur “madrassa” (école coranique) — la Jami Hafsa — dont elles ont pris possession en janvier dernier. Depuis, elles sont devenues les leaders et les figures de proue d’une menace islamiste réelle et dont la détermination défie les autorités.
“Un islam pur”
Ramla Saeed est l’une d’elles. Elle a 21 ans, feuillette sans intérêt un livre en manipulant avec nervosité son téléphone portable. “Détruire une mosquée, c’est profaner Allah! Musharraf est allé trop loin (lire encadré ci-dessous). Il mérite que l’on détruise au moins sept ministères…” Scandalisée, Ramla ne décolère pas. “On ne libérera la bibliothèque que lorsqu’une première pierre aura été posée. Pas avant !” Résolues à poursuivre leur “guerre sainte” – l’instauration d’un “islam pur” au Pakistan – elles avouent que, après une trêve qui fait suite au début des négociations sur la reconstruction des mosquées entre le gouvernement et la Mosquée, elles veulent poursuivre leurs actions de “talibanisation”.
“Grâce à nous, des commerçants ont déjà fermé leurs boutiques, ne vendent pas de films obscènes, un bordel a été fermé et le gouvernement a libéré des étudiants, assure Ramla. Notre action pour l’Islam commence à porter ses fruits, on ne va pas s’arrêter là.”
Ces femmes talibans sont bercées dans l’idéologie radicale des deux religieux qui dirigent la Lal Masjid (la Mosquée rouge): Abdul Aziz et son frère Ghazi Abdul Rashid. Ils disent lutter au nom du djihad, sont proches de groupes extrémistes interdits et menacent aujourd’hui les autorités d’attentats suicide si le gouvernement les attaque. Une surenchère d’autant plus préoccupante que le président et général Musharraf semble incapable de répondre à ces menaces.
15 juin 2007