Algérie: Messaouda: "Je maudis ceux qui ont fait de mon fils un tueurs d'innoncents"
“Mon fils vivait la plupart du temps à Bourouba chez son père qui m’a délaissée pour se remarier”, poursuit comme pour s’excuser Messaouda la tête enveloppée dans un foulard, en serrant nerveusement son gilet en laine usé pour se protéger du vent glacial balayant le bidonville. “Il était vendeur de légumes à la sauvette. Agressif avec ses frères et sœurs, il a été au moins 10 fois en prison et n’était pas pratiquant. J’ai été surprise de voir sa photo à la télévision”, affirme-t-elle. La photo de Merouane Boudina, 28 ans, alias Mouaâd Ben Jabel, le visage juvénile, découvert, a été mise en ligne par al-Qaïda sur un site islamiste accompagnant la revendication des deux attentats d’Alger qui ont fait 33 morts et plus de 200 blessés. Les deux autres kamikazes, qui s’étaient fait exploser contre un commissariat à Bab-Ezzouar, à l’est d’Alger, avaient le visage enveloppé d’un turban. Leur piste n’a pas encore été retrouvée par la police.
Le frère cadet de Merouane, Achour (24 ans), lui-même repris de justice, reconnaît que son frère kamikaze n’était pas un fervent musulman. “Il avait tout le temps maille à partir avec la police pour des délits de vol et un comportement contraire à l’islam”, ajoute-t-il. “Nous vivons tous dans la pauvreté dans ce bidonville, mais cela n’excuse pas ce qu’a fait mon frère et le terrorisme”, ajoute Achour en regardant le gourbi dans lequel s’entassent ses dix frères et sœurs, livrés à eux-mêmes après avoir été abandonnés par leur père. “J’ai bu du vin et j’ai fumé du haschich avec Nabil, et je sais qu’il n’était pas un intégriste religieux”, intervient Lyès, un ami d’enfance du kamikaze qui habite comme lui ce bidonville érigé en contrebas de la route dans les plis de l’oued Ouchaïeh, qui sert d’égout à ciel ouvert.
Par: Boubker Belkadi
15 avril 2007