France: Projet de lycée sikh à Bobigny.
Source:
Le Monde A son entrée en seconde, le fils cadet de Gurdial Singh, chef d’entreprise à Bobigny (Seine-Saint-Denis), a refusé de retirer le turban qui, ainsi que l’exige la tradition sikhe, enserre sa longue chevelure.
Conformément à la loi du 15 mars 2004 interdisant le port de signes religieux dans les établissements scolaires, l’adolescent a été exclu de son lycée Un choc pour Gurdial Singh, installé en France depuis dix-sept ans. Le chef d’entreprise a alors décidé de créer un établissement privé pour permettre aux jeunes garçon concernés de poursuivre leur scolarité. Il pourrait ouvrir dès la rentrée de septembre.
Chaque année, depuis trois ans, une poignée de lycéens de confession sikhe restent à la porte des établissements scolaires publics et rejoignent, pour la plupart, l’enseignement privé catholique.
"Notre établissement sera ouvert à tous", précise Gurdial Singh, qui se défend de promouvoir la création d’un "lycée sikh". "J’envisage d’ouvrir trois classes et d’accueillir 60 élèves maximum", annonce l’entrepreneur en bâtiment, dont l’ambition est d’accoler le lycée à la pépinière d’entreprises qu’il compte créer dans les mêmes locaux, à Bobigny.
Les cours, limités à une filière scientifique, seraient dispensés en français et en anglais et suivraient le programme de l’éducation nationale; ils seraient complétés par des cours facultatifs sur la culture et la religion sikhes. "Nous visons l’excellence et un fort taux d’encadrement, comme dans le privé catholique", assure Martial Guillet, l’un des porteurs du projet.
Mais ce projet ne fait pas l’unanimité au sein d’une communauté forte de 10 000 personnes, dont la majeure partie est installée en région parisienne. "Nos enfants ne doivent pas être scolarisés dans un lycée particulier; ils doivent continuer à fréquenter tout le monde," estime Chain Singh, membre du bureau de l’association qui gère le temple sikh de Bobigny. Même si nous avons été choqués par cette loi, qui montrait une méconnaissance totale de notre manière de vivre, nous préférons que nos enfants restent dans le public, avec des arrangements.
Certains chefs d’établissement leur ont proposé d’adopter un filet, plus discret, sans succès, la plupart du temps. "La communauté ne souhaite pas se replier sur elle-même, assure M. Guillet. Nous pensions qu’il y aurait une exception sikhe dans l’application de la loi et qu’il n’y aurait pas d’amalgame entre les sikhs et les musulmans; cela n’a pas été le cas. Le projet répond à cette crispation; une crispation qui risque de s’aggraver."
La municipalité de Bobigny a informé Gurdial Singh de son opposition à l’ouverture d’un lycée privé sur la commune. "Officiellement, nous n’avons pas d’avis à donner, mais nous lui avons répété que, le cas échéant, nous préférons proposer une médiation entre les élèves et l’éducation nationale", indique-t-on à la mairie.
Au-delà de l’opportunité pédagogique d’ouvrir un établissement pour un public a priori restreint, ce projet pose la question du communautarisme induit par la loi de 2004. Ainsi, les établissements musulmans existants ont beau afficher leur volonté d’accueillir des élèves de toutes origines, ils fonctionnent de fait sur un mode communautaire, plus proche des écoles privées juives, en expansion, que des établissements catholiques. Et, malgré les assurances des promoteurs du lycée sikh, leur établissement risque d’être confronté aux mêmes limites.
Par: Stéphanie Le Bars
11 avril 2007
"Notre établissement sera ouvert à tous", précise Gurdial Singh, qui se défend de promouvoir la création d’un "lycée sikh". "J’envisage d’ouvrir trois classes et d’accueillir 60 élèves maximum", annonce l’entrepreneur en bâtiment, dont l’ambition est d’accoler le lycée à la pépinière d’entreprises qu’il compte créer dans les mêmes locaux, à Bobigny.
Les cours, limités à une filière scientifique, seraient dispensés en français et en anglais et suivraient le programme de l’éducation nationale; ils seraient complétés par des cours facultatifs sur la culture et la religion sikhes. "Nous visons l’excellence et un fort taux d’encadrement, comme dans le privé catholique", assure Martial Guillet, l’un des porteurs du projet.
Mais ce projet ne fait pas l’unanimité au sein d’une communauté forte de 10 000 personnes, dont la majeure partie est installée en région parisienne. "Nos enfants ne doivent pas être scolarisés dans un lycée particulier; ils doivent continuer à fréquenter tout le monde," estime Chain Singh, membre du bureau de l’association qui gère le temple sikh de Bobigny. Même si nous avons été choqués par cette loi, qui montrait une méconnaissance totale de notre manière de vivre, nous préférons que nos enfants restent dans le public, avec des arrangements.
Certains chefs d’établissement leur ont proposé d’adopter un filet, plus discret, sans succès, la plupart du temps. "La communauté ne souhaite pas se replier sur elle-même, assure M. Guillet. Nous pensions qu’il y aurait une exception sikhe dans l’application de la loi et qu’il n’y aurait pas d’amalgame entre les sikhs et les musulmans; cela n’a pas été le cas. Le projet répond à cette crispation; une crispation qui risque de s’aggraver."
La municipalité de Bobigny a informé Gurdial Singh de son opposition à l’ouverture d’un lycée privé sur la commune. "Officiellement, nous n’avons pas d’avis à donner, mais nous lui avons répété que, le cas échéant, nous préférons proposer une médiation entre les élèves et l’éducation nationale", indique-t-on à la mairie.
Au-delà de l’opportunité pédagogique d’ouvrir un établissement pour un public a priori restreint, ce projet pose la question du communautarisme induit par la loi de 2004. Ainsi, les établissements musulmans existants ont beau afficher leur volonté d’accueillir des élèves de toutes origines, ils fonctionnent de fait sur un mode communautaire, plus proche des écoles privées juives, en expansion, que des établissements catholiques. Et, malgré les assurances des promoteurs du lycée sikh, leur établissement risque d’être confronté aux mêmes limites.
Par: Stéphanie Le Bars
11 avril 2007