France: "Charlie Hebdo" relaxé dans l'affaire des caricatures de Mahomet
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various Dans son jugement, rendu jeudi, le tribunal de Paris estime que "les limites admissibles de la liberté d'expression n'ont pas été dépassées."
L'UOIF souhaite faire appel
La réponse du tribunal à la poursuite engagée par les associations musulmanes contre la publication des caricatures de Mahomet dans l'hebdomadaire Charlie Hebdo ne faisait guère de doute. Mais les trois magistrats de la 17e chambre, dont le président du tribunal de grande instance de Paris, Jean-Claude Magendie, savaient que la décision par laquelle ils ont relaxé le directeur de l'hebdomadaire satirique, Philippe Val, compterait au nombre des grands textes de la jurisprudence et que son enjeu dépassait largement les frontières hexagonales. Leur jugement rendu, jeudi 22 mars, devant une salle comble, est à cet égard un modèle de clarté.
Il s'ouvre par un rappel et une définition: "Attendu que Charlie Hebdo est un journal satirique, contenant de nombreuses caricatures, que nul n'est obligé d'acheter ou de lire, à la différence d'autres supports tels que des affiches exposées sur la voie publique; attendu que toute caricature s'analyse en un portrait qui s'affranchit du bon goût pour remplir une fonction parodique, que ce soit sur le mode burlesque ou grotesque. (...) Attendu que le genre littéraire de la caricature, bien que délibérément provocant, participe à ce titre de la liberté d'expression et de communication des pensées et des opinions, (...) le droit à la critique et à l'humour n'étant cependant pas dépourvu de limites".
Le jugement se poursuit par l'examen de chacun des trois dessins incriminés, entre lesquels le tribunal opère une subtile distinction.
Le premier, signé du dessinateur Cabu, sous le bandeau "Mahomet débordé par les intégristes", représentait le prophète s'exclamant: "C'est dur d'être aimé par des cons." Ce dessin, souligne le tribunal, "ne vise que les intégristes expressément désignés dans le titre", qui "ne peuvent se confondre avec l'ensemble des musulmans".
Le constat est identique pour le deuxième dessin, qui faisait partie de l'ensemble des caricatures initialement publiées par le quotidien danois Jyllands Posten. L'image de terroristes encore tout fumants des attentats perpétrés, accueillis par un prophète leur annonçant "arrêtez, arrêtez, nous n'avons plus de vierges!", "n'assimile pas islam et commission d'actes de terrorisme et ne vise donc pas davantage que le précédent l'ensemble des musulmans en raison de leur religion", indique le jugement.
D'une tout autre nature est, selon les juges, le troisième dessin issu des caricatures danoises, qui montre un homme barbu représentant le prophète, coiffé d'un turban en forme de bombe à la mèche allumée. Une telle représentation, observe le tribunal, "laisse clairement entendre que cette violence terroriste serait inhérente à la religion musulmane".
Si ce dessin "apparaît, en soi et pris isolément, de nature à outrager l'ensemble des adeptes de cette foi et à les atteindre dans leur considération en raison de leur obédience, en ce qu'il les assimile - sans distinction ni nuance - à des fidèles d'un enseignement de la terreur", les juges relèvent toutefois qu'il "ne saurait être apprécié (...) indépendamment du contexte de sa publication".
Toute la portée et la force du jugement est contenue dans la nuance, exprimée dans ce dernier attendu : "En dépit du caractère choquant, voire blessant, de cette caricature pour la sensibilité des musulmans, le contexte et les circonstances de sa publication dans le journal Charlie Hebdo apparaissent exclusifs de toute volonté délibérée d'offenser directement et gratuitement l'ensemble des musulmans; que les limites admissibles de la liberté d'expression n'ont pas été dépassées, le dessin litigieux participant au débat public d'intérêt général né au sujet des dérives des musulmans qui commettent des agissements criminels en se revendiquant de cette religion et en prétendant qu'elle pourrait régir la sphère politique. Que ce dernier dessin ne constitue dès lors pas une injure justifiant, dans une société démocratique, une limitation du libre exercice du droit d'expression."
L'annonce de la relaxe de Philippe Val, aussitôt transmise à leur rédaction par les deux journalistes du quotidien danois Jyllands Posten venus assister à l'audience, a renforcé les divergences entre les parties civiles qui s'étaient manifestées lors des débats. Si la Grande Mosquée de Paris (GMP) a estimé par la voix de ses avocats, Mes Christophe Bigot et Francis Szpiner, que cette décision posait des " jalons d'équilibre ", les représentants de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) ont annoncé qu'ils allaient faire appel d'un jugement qui ne les "satisfait pas".
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Caricatures de Mahomet : "Charlie Hebdo" relaxé
La 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris a relaxé, jeudi 22 mars, Philippe Val, directeur de la publication de Charlie Hebdo, dans l'affaire des caricatures de Mahomet. Dans son jugement, le tribunal estime que " les limites admissibles de la liberté d'expression n'ont pas été dépassées ". Partie civile au procès, la Grande Mosquée de Paris a estimé, par la voix de ses avocats, que la décision posait des " jalons d'équilibre ". En revanche, l'Union des organisations islamiques de France a annoncé qu'elle allait faire appel du jugement.
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Vendredi 23 Mars 2007
Pourquoi je pense que le CFCM ne doit plus exister.
By Mohamed Sifaoui
La décision du tribunal de grande instance de Paris de relaxer l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo et son directeur de la publication Philippe Val à la suite du " procès médiéval " qui leur a été intenté par la Grande Mosquée de Paris, l'UOIF et la Ligue islamique mondiale, est venue rappeler que dans le pays de Voltaire et de Condorcet, il est heureusement encore possible de rire des religions et des dogmes comme il est encore possible de critiquer, stigmatiser voire combattre les idéologies fascistes qui, tout en instrumentalisant dogmes et religions, commettent crimes et actes de barbaries en leur nom. Une réalité que la Mosquée de Paris et notamment son recteur ne veulent malheureusement plus voir, encore moins les intégristes de l'UOIF qui continuent à vouloir induire en erreur aussi bien les autorités françaises que l'opinion publique en surfant d'une manière abjecte sur le discours victimaire qui vise à exacerber les passions. Mais je ne vais pas rappeler ici le caractère sournois et la démarche cynique d'intégristes - je parle de l'UOIF - qui n'arrivent à duper que ceux qui se laissent tromper par leur discours prétendument " modéré " et se refusent de voir le véritable visage des enfants spirituels d'Al-Qaradhaoui, ce fasciste, intégriste, criminel qui continue à justifier l'infâme et à propager le salafisme, cette idéologie fasciste qui continue de légitimer le meurtre de femmes et d'enfants. Parce qu'il ne faut surtout pas l'oublier : Al-Qaradhaoui est à l'UOIF ce qu'est Raël aux raéliens, un gourou, un idéologue, jouant avec le mythique et le mystique pour endoctriner, convaincre et légitimer l'ignoble.
Cela étant dit, ce qui m'intéresse aujourd'hui, c'est l'ambiguïté de la Grande Mosquée de Paris et de son recteur. Et pour cause, Dalil Boubakeur et son institution ont contribué à brouiller l'image des musulmans de France aux yeux de l'opinion nationale. En effet, en choisissant de faire ce que font habituellement les intégristes, y compris les associations extrémistes catholiques proches du Front National, c'est-à-dire poursuivre un journal satirique pour un simple coup de crayon, le recteur de la Grande Mosquée de Paris a rendu service aux intégristes de France et de Navarre mais certainement pas à l'ensemble des musulmans, notamment ceux qui restent fermement attachés aux principes de la liberté d'expression. Jusque-là, je pensais naïvement, et je n'étais pas le seul, que Dalil Boubakeur était " l'otage des intégristes ". Je crois aujourd'hui que cet " otage " est envahi par le syndrome de Stockholm et qu'il a peut-être finalement choisi, par calculs personnels ou politiques, de faire ami-ami avec les intégristes. Comment penser le contraire quand je sais qu'il aurait gagné à s'inspirer des déclarations de son ami Jacques Chirac notamment quand ce dernier rappelle: " Depuis les débuts de mon engagement, j'ai toujours été d'une intransigeance absolue vis-à-vis de l'extrémisme ". On ne peut pas affirmer aujourd'hui que Dalil Boubakeur a choisi " l'intransigeance absolue " vis-à-vis des islamistes puisqu'il ne cesse de donner l'impression qu'il se complaît dans ce rôle de " cache-barbe " qu'il continue de jouer au sein du CFCM.
Coopté à la tête de ce magma qu'est cette " institution " censée " représenter les musulmans de France ", il n'a jamais montré, du moins publiquement, une quelconque gêne face à ce rôle malsain qu'on lui fait jouer. Naturellement, lorsque Chirac et Sarokozy lancent l'UMP, ce grand rassemblement de la droite républicaine, ils se gardent bien d'y inclure - et ils ont eu raison - les représentants de l'extrême droite mais lorsqu'ils demandent à Boubakeur de diriger le CFCM ni lui ni eux ne sont gênés de faire co-exister au sein de la même association "modérés" et "radicaux", "prosélytes" et "laïques", " partisans de l'islam traditionnel " et défenseurs de l'obscurantisme. Du coup, le CFCM est devenu un fourre-tout servant à donner une respectabilité aux intégristes mais aussi à cacher finalement, à l'opinion publique, leur existence. Du moment que le CFCM est dirigé par un "modéré", on peut donc dormir tranquille et endormir tranquillement la société. C'est ce que certains ont du se dire dans les couloirs de la République.
Je pense néanmoins que la supercherie a suffisamment duré. Les amalgames existent quand on invite les extrémistes à s'asseoir aux côtés de ceux qui ne le sont pas. Détrompons-nous : l'extrémisme n'est pas soluble dans la République, l'extrémisme irradie la République, risque de la contaminer. L'islamisme est une maladie endémique qu'il faut traiter, isoler et neutraliser, politiquement et idéologiquement s'entend. Tous les dirigeants politiques à travers le monde qui ont cherché à domestiquer l'islamisme ont fini par se faire domestiquer par l'islamisme. Cette vérité axiomatique devrait faire réfléchir tout ceux qui continuent à flirter avec les défenseurs de ce fascisme vert.
Pour toutes ces raisons - mais aussi pour d'autres que je ne vais citer ici - Dalil Boubakeur gagnerait à faire imploser le CFCM en démissionnant de sa présidence. Je pense sincèrement que c'est le meilleur service qu'il puisse rendre à l'image de l'islam et aux musulmans de France. Et si cette décision devait être prise, il doit la prendre ici et maintenant parce qu'après, il est possible qu'il sera trop tard…
*****************
Charlie Hebdo a été relaxé
L'hebdomadaire, qui avait publié des caricatures du prophète en février 2006, était poursuivi par des organisations musulmanes. L'UOIF interjette appel.
Le tribunal correctionnel de Paris a relaxé, jeudi 22 mars, Philippe Val, directeur de publication de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, poursuivi pour avoir publié des caricatures de Mahomet considérées comme injurieuses pour les musulmans. Lors de l'audience, le représentant du ministère public avait requis la relaxe de Philippe Val, jugé pour "injure publique envers un groupe de personnes en raison de leur appartenance à une religion".
La Grande mosquée de Paris, l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), composantes du Conseil français du culte musulman, auxquelles s'est jointe la Ligue islamique mondiale, poursuivaient trois dessins publié en février 2006 par Charlie Hebdo. Peu après l'annonce du verdict, l'UOIF a annoncé son intention d'interjeté appel.
Celui de "Une", réalisé par Cabu, représente, sous le titre "Mahomet débordé par les intégristes", un prophète soupirant: "C'est dur d'être aimé par des cons"; le deuxième montre le prophète coiffé d'un turban sur lequel est inscrit le premier pilier de l'Islam ("Il n'y a qu'un seul dieu et Mahomet est son prophète") et d'où sort la mèche d'une bombe; le troisième montre Mahomet sur un nuage accueillant des terroristes en leur disant: "Arrêtez, arrêtez, nous n'avons plus de vierges". Les deux dernières caricatures avaient été commandées et publiées par le quotidien danois Jyllands-Posten.
Amalgame
Les avocats des organisations musulmanes ont affirmé, sans paraître pour autant convaincus, que ces caricatures faisaient l'amalgame entre islam et terrorisme.
La défense de Charlie Hebdo a fait de ce procès celui de la liberté d'expression et de la laïcité, faisant citer de nombreux témoins comme François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste, ou François Bayrou, président de l'UDF et candidat à l'élection présidentielle.
Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur et des cultes, s'est invité dans le débat en adressant à la défense de Charlie Hebdo une lettre de soutien, lue à l'audience, au grand dam du CFCM.
"Si l'on n'a plus le droit de rire des terroristes, que reste-t-il comme arme au citoyen?", s'était interrogé à l'audience Philippe Val, directeur de publication de Charlie Hebdo, qui encourt six mois d'emprisonnement et 22.500 euros d'amende.
Le Jyllands-Posten satisfait
De son côté, le Jyllands-Posten - quotidien danois qui avait publié le premier des caricatures de Mahomet - s'est félicité jeudi du jugement de la justice française. Dans un communiqué sur le site internet du quotidien Jyllands-Posten, le rédacteur en chef du journal, Carsten Juste, a estimé que "rien de moins qu'un acquittement complet aurait été une catastrophe pour la liberté d'expression et la fondation entière de notre société démocratique". "Il a surtout été très réjouissant de constater que les intellectuels français de tous les horizons politiques ont soutenu sans hésitation le principe de la liberté d'expression", a ajouté Carsten Juste.
*************************
"Attendu que Charlie Hebdo est un journal satirique…"
Jeudi 22 mars, 17ème chambre du tribunal de grande instance de Paris. Philippe Val, directeur de la publication de Charlie-Hebdo est relaxé de la poursuite pour "injures publiques" déposée par l'assocaition de la Mosquée de Paris et l'Union des organisations islamiques de France. Le jugement est de la belle ouvrage juridique et politique.
"Attendu que Charlie Hebdo est un journal satirique, contenant de nombreuses caricatures que nul n'est obligé d'acheter ou de lire, à la différence d'autres supports tels que des affiches exposées sur la voie publique;
Attendu que toute caricature s'analyse en un portrait qui s'affranchit du bon goût pour remplir une fonction parodique (…)
Attendu que le genre littéraire de la caricature, bien que délibérément provocant, participe à ce titre à la liberté d'expression et de communication des pensées et des opinions (…)
Suit l'analyse des trois dessins poursuivis. Si, pour le tribunal, il apparaît clairement que ni celui de Cabu, qui faisait la "une" de Charlie-Hebdo et représentait, sous le titre, "Mahomet débordé par les intégristes" le prophète s'exclamant: "C'est dur d'être aimé par des cons!", ni celui mettant en scène quatre terroristes encore tout fumant de leurs attentats, ne peuvent être perçus comme visant l'ensemble des musulmans en raison de leur religion.
En revanche, observe le tribunal, le dernier dessin - Mahomet coiffé d'un turban en forme de bombe à la mèche allumée - "laisse clairement entendre que cette violence terroriste serait inhérente à la religion musulmane".
Et là, subtilité de l'argumentation: "Attendu que, si par sa portée, ce dessin apparaît en soi et pris isolément, de nature à outrager l'ensemble des adeptes de cette foi et à les atteindre dans leur considération en raison de leur obédience (…) il ne saurait être apprécié au regard de la loi pénale, indépendamment du contexte de sa publication (…)
Attendu que le dessin en cause est inclus dans un numéro spécial dont la couverture "édirorialise" l'ensemble du contenu et sert de présentation générale à la position de Charlie-Hebdo (…)
Attendu qu'ainsi, en dépit du caractère choquant, voire blessant, de cette caricature pour la sensibilité des musulmans, le contexte et les circonstances de sa publication dans le journal Charlie-Hebdo, apparaissent exclusifs de toute volonté délibérée d'offenser directement et gratuitement l'ensemble des musulmans; que les limites admissibles de la liberté d'expression n'ont donc pas été dépassées (…)
C'est beau le droit, non?
24 mars 2007
La réponse du tribunal à la poursuite engagée par les associations musulmanes contre la publication des caricatures de Mahomet dans l'hebdomadaire Charlie Hebdo ne faisait guère de doute. Mais les trois magistrats de la 17e chambre, dont le président du tribunal de grande instance de Paris, Jean-Claude Magendie, savaient que la décision par laquelle ils ont relaxé le directeur de l'hebdomadaire satirique, Philippe Val, compterait au nombre des grands textes de la jurisprudence et que son enjeu dépassait largement les frontières hexagonales. Leur jugement rendu, jeudi 22 mars, devant une salle comble, est à cet égard un modèle de clarté.
Il s'ouvre par un rappel et une définition: "Attendu que Charlie Hebdo est un journal satirique, contenant de nombreuses caricatures, que nul n'est obligé d'acheter ou de lire, à la différence d'autres supports tels que des affiches exposées sur la voie publique; attendu que toute caricature s'analyse en un portrait qui s'affranchit du bon goût pour remplir une fonction parodique, que ce soit sur le mode burlesque ou grotesque. (...) Attendu que le genre littéraire de la caricature, bien que délibérément provocant, participe à ce titre de la liberté d'expression et de communication des pensées et des opinions, (...) le droit à la critique et à l'humour n'étant cependant pas dépourvu de limites".
Le jugement se poursuit par l'examen de chacun des trois dessins incriminés, entre lesquels le tribunal opère une subtile distinction.
Le premier, signé du dessinateur Cabu, sous le bandeau "Mahomet débordé par les intégristes", représentait le prophète s'exclamant: "C'est dur d'être aimé par des cons." Ce dessin, souligne le tribunal, "ne vise que les intégristes expressément désignés dans le titre", qui "ne peuvent se confondre avec l'ensemble des musulmans".
Le constat est identique pour le deuxième dessin, qui faisait partie de l'ensemble des caricatures initialement publiées par le quotidien danois Jyllands Posten. L'image de terroristes encore tout fumants des attentats perpétrés, accueillis par un prophète leur annonçant "arrêtez, arrêtez, nous n'avons plus de vierges!", "n'assimile pas islam et commission d'actes de terrorisme et ne vise donc pas davantage que le précédent l'ensemble des musulmans en raison de leur religion", indique le jugement.
D'une tout autre nature est, selon les juges, le troisième dessin issu des caricatures danoises, qui montre un homme barbu représentant le prophète, coiffé d'un turban en forme de bombe à la mèche allumée. Une telle représentation, observe le tribunal, "laisse clairement entendre que cette violence terroriste serait inhérente à la religion musulmane".
Si ce dessin "apparaît, en soi et pris isolément, de nature à outrager l'ensemble des adeptes de cette foi et à les atteindre dans leur considération en raison de leur obédience, en ce qu'il les assimile - sans distinction ni nuance - à des fidèles d'un enseignement de la terreur", les juges relèvent toutefois qu'il "ne saurait être apprécié (...) indépendamment du contexte de sa publication".
Toute la portée et la force du jugement est contenue dans la nuance, exprimée dans ce dernier attendu : "En dépit du caractère choquant, voire blessant, de cette caricature pour la sensibilité des musulmans, le contexte et les circonstances de sa publication dans le journal Charlie Hebdo apparaissent exclusifs de toute volonté délibérée d'offenser directement et gratuitement l'ensemble des musulmans; que les limites admissibles de la liberté d'expression n'ont pas été dépassées, le dessin litigieux participant au débat public d'intérêt général né au sujet des dérives des musulmans qui commettent des agissements criminels en se revendiquant de cette religion et en prétendant qu'elle pourrait régir la sphère politique. Que ce dernier dessin ne constitue dès lors pas une injure justifiant, dans une société démocratique, une limitation du libre exercice du droit d'expression."
L'annonce de la relaxe de Philippe Val, aussitôt transmise à leur rédaction par les deux journalistes du quotidien danois Jyllands Posten venus assister à l'audience, a renforcé les divergences entre les parties civiles qui s'étaient manifestées lors des débats. Si la Grande Mosquée de Paris (GMP) a estimé par la voix de ses avocats, Mes Christophe Bigot et Francis Szpiner, que cette décision posait des " jalons d'équilibre ", les représentants de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) ont annoncé qu'ils allaient faire appel d'un jugement qui ne les "satisfait pas".
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Caricatures de Mahomet : "Charlie Hebdo" relaxé
La 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris a relaxé, jeudi 22 mars, Philippe Val, directeur de la publication de Charlie Hebdo, dans l'affaire des caricatures de Mahomet. Dans son jugement, le tribunal estime que " les limites admissibles de la liberté d'expression n'ont pas été dépassées ". Partie civile au procès, la Grande Mosquée de Paris a estimé, par la voix de ses avocats, que la décision posait des " jalons d'équilibre ". En revanche, l'Union des organisations islamiques de France a annoncé qu'elle allait faire appel du jugement.
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Vendredi 23 Mars 2007
Pourquoi je pense que le CFCM ne doit plus exister.
By Mohamed Sifaoui
La décision du tribunal de grande instance de Paris de relaxer l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo et son directeur de la publication Philippe Val à la suite du " procès médiéval " qui leur a été intenté par la Grande Mosquée de Paris, l'UOIF et la Ligue islamique mondiale, est venue rappeler que dans le pays de Voltaire et de Condorcet, il est heureusement encore possible de rire des religions et des dogmes comme il est encore possible de critiquer, stigmatiser voire combattre les idéologies fascistes qui, tout en instrumentalisant dogmes et religions, commettent crimes et actes de barbaries en leur nom. Une réalité que la Mosquée de Paris et notamment son recteur ne veulent malheureusement plus voir, encore moins les intégristes de l'UOIF qui continuent à vouloir induire en erreur aussi bien les autorités françaises que l'opinion publique en surfant d'une manière abjecte sur le discours victimaire qui vise à exacerber les passions. Mais je ne vais pas rappeler ici le caractère sournois et la démarche cynique d'intégristes - je parle de l'UOIF - qui n'arrivent à duper que ceux qui se laissent tromper par leur discours prétendument " modéré " et se refusent de voir le véritable visage des enfants spirituels d'Al-Qaradhaoui, ce fasciste, intégriste, criminel qui continue à justifier l'infâme et à propager le salafisme, cette idéologie fasciste qui continue de légitimer le meurtre de femmes et d'enfants. Parce qu'il ne faut surtout pas l'oublier : Al-Qaradhaoui est à l'UOIF ce qu'est Raël aux raéliens, un gourou, un idéologue, jouant avec le mythique et le mystique pour endoctriner, convaincre et légitimer l'ignoble.
Cela étant dit, ce qui m'intéresse aujourd'hui, c'est l'ambiguïté de la Grande Mosquée de Paris et de son recteur. Et pour cause, Dalil Boubakeur et son institution ont contribué à brouiller l'image des musulmans de France aux yeux de l'opinion nationale. En effet, en choisissant de faire ce que font habituellement les intégristes, y compris les associations extrémistes catholiques proches du Front National, c'est-à-dire poursuivre un journal satirique pour un simple coup de crayon, le recteur de la Grande Mosquée de Paris a rendu service aux intégristes de France et de Navarre mais certainement pas à l'ensemble des musulmans, notamment ceux qui restent fermement attachés aux principes de la liberté d'expression. Jusque-là, je pensais naïvement, et je n'étais pas le seul, que Dalil Boubakeur était " l'otage des intégristes ". Je crois aujourd'hui que cet " otage " est envahi par le syndrome de Stockholm et qu'il a peut-être finalement choisi, par calculs personnels ou politiques, de faire ami-ami avec les intégristes. Comment penser le contraire quand je sais qu'il aurait gagné à s'inspirer des déclarations de son ami Jacques Chirac notamment quand ce dernier rappelle: " Depuis les débuts de mon engagement, j'ai toujours été d'une intransigeance absolue vis-à-vis de l'extrémisme ". On ne peut pas affirmer aujourd'hui que Dalil Boubakeur a choisi " l'intransigeance absolue " vis-à-vis des islamistes puisqu'il ne cesse de donner l'impression qu'il se complaît dans ce rôle de " cache-barbe " qu'il continue de jouer au sein du CFCM.
Coopté à la tête de ce magma qu'est cette " institution " censée " représenter les musulmans de France ", il n'a jamais montré, du moins publiquement, une quelconque gêne face à ce rôle malsain qu'on lui fait jouer. Naturellement, lorsque Chirac et Sarokozy lancent l'UMP, ce grand rassemblement de la droite républicaine, ils se gardent bien d'y inclure - et ils ont eu raison - les représentants de l'extrême droite mais lorsqu'ils demandent à Boubakeur de diriger le CFCM ni lui ni eux ne sont gênés de faire co-exister au sein de la même association "modérés" et "radicaux", "prosélytes" et "laïques", " partisans de l'islam traditionnel " et défenseurs de l'obscurantisme. Du coup, le CFCM est devenu un fourre-tout servant à donner une respectabilité aux intégristes mais aussi à cacher finalement, à l'opinion publique, leur existence. Du moment que le CFCM est dirigé par un "modéré", on peut donc dormir tranquille et endormir tranquillement la société. C'est ce que certains ont du se dire dans les couloirs de la République.
Je pense néanmoins que la supercherie a suffisamment duré. Les amalgames existent quand on invite les extrémistes à s'asseoir aux côtés de ceux qui ne le sont pas. Détrompons-nous : l'extrémisme n'est pas soluble dans la République, l'extrémisme irradie la République, risque de la contaminer. L'islamisme est une maladie endémique qu'il faut traiter, isoler et neutraliser, politiquement et idéologiquement s'entend. Tous les dirigeants politiques à travers le monde qui ont cherché à domestiquer l'islamisme ont fini par se faire domestiquer par l'islamisme. Cette vérité axiomatique devrait faire réfléchir tout ceux qui continuent à flirter avec les défenseurs de ce fascisme vert.
Pour toutes ces raisons - mais aussi pour d'autres que je ne vais citer ici - Dalil Boubakeur gagnerait à faire imploser le CFCM en démissionnant de sa présidence. Je pense sincèrement que c'est le meilleur service qu'il puisse rendre à l'image de l'islam et aux musulmans de France. Et si cette décision devait être prise, il doit la prendre ici et maintenant parce qu'après, il est possible qu'il sera trop tard…
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Charlie Hebdo a été relaxé
L'hebdomadaire, qui avait publié des caricatures du prophète en février 2006, était poursuivi par des organisations musulmanes. L'UOIF interjette appel.
Le tribunal correctionnel de Paris a relaxé, jeudi 22 mars, Philippe Val, directeur de publication de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, poursuivi pour avoir publié des caricatures de Mahomet considérées comme injurieuses pour les musulmans. Lors de l'audience, le représentant du ministère public avait requis la relaxe de Philippe Val, jugé pour "injure publique envers un groupe de personnes en raison de leur appartenance à une religion".
La Grande mosquée de Paris, l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), composantes du Conseil français du culte musulman, auxquelles s'est jointe la Ligue islamique mondiale, poursuivaient trois dessins publié en février 2006 par Charlie Hebdo. Peu après l'annonce du verdict, l'UOIF a annoncé son intention d'interjeté appel.
Celui de "Une", réalisé par Cabu, représente, sous le titre "Mahomet débordé par les intégristes", un prophète soupirant: "C'est dur d'être aimé par des cons"; le deuxième montre le prophète coiffé d'un turban sur lequel est inscrit le premier pilier de l'Islam ("Il n'y a qu'un seul dieu et Mahomet est son prophète") et d'où sort la mèche d'une bombe; le troisième montre Mahomet sur un nuage accueillant des terroristes en leur disant: "Arrêtez, arrêtez, nous n'avons plus de vierges". Les deux dernières caricatures avaient été commandées et publiées par le quotidien danois Jyllands-Posten.
Amalgame
Les avocats des organisations musulmanes ont affirmé, sans paraître pour autant convaincus, que ces caricatures faisaient l'amalgame entre islam et terrorisme.
La défense de Charlie Hebdo a fait de ce procès celui de la liberté d'expression et de la laïcité, faisant citer de nombreux témoins comme François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste, ou François Bayrou, président de l'UDF et candidat à l'élection présidentielle.
Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur et des cultes, s'est invité dans le débat en adressant à la défense de Charlie Hebdo une lettre de soutien, lue à l'audience, au grand dam du CFCM.
"Si l'on n'a plus le droit de rire des terroristes, que reste-t-il comme arme au citoyen?", s'était interrogé à l'audience Philippe Val, directeur de publication de Charlie Hebdo, qui encourt six mois d'emprisonnement et 22.500 euros d'amende.
Le Jyllands-Posten satisfait
De son côté, le Jyllands-Posten - quotidien danois qui avait publié le premier des caricatures de Mahomet - s'est félicité jeudi du jugement de la justice française. Dans un communiqué sur le site internet du quotidien Jyllands-Posten, le rédacteur en chef du journal, Carsten Juste, a estimé que "rien de moins qu'un acquittement complet aurait été une catastrophe pour la liberté d'expression et la fondation entière de notre société démocratique". "Il a surtout été très réjouissant de constater que les intellectuels français de tous les horizons politiques ont soutenu sans hésitation le principe de la liberté d'expression", a ajouté Carsten Juste.
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"Attendu que Charlie Hebdo est un journal satirique…"
Jeudi 22 mars, 17ème chambre du tribunal de grande instance de Paris. Philippe Val, directeur de la publication de Charlie-Hebdo est relaxé de la poursuite pour "injures publiques" déposée par l'assocaition de la Mosquée de Paris et l'Union des organisations islamiques de France. Le jugement est de la belle ouvrage juridique et politique.
"Attendu que Charlie Hebdo est un journal satirique, contenant de nombreuses caricatures que nul n'est obligé d'acheter ou de lire, à la différence d'autres supports tels que des affiches exposées sur la voie publique;
Attendu que toute caricature s'analyse en un portrait qui s'affranchit du bon goût pour remplir une fonction parodique (…)
Attendu que le genre littéraire de la caricature, bien que délibérément provocant, participe à ce titre à la liberté d'expression et de communication des pensées et des opinions (…)
Suit l'analyse des trois dessins poursuivis. Si, pour le tribunal, il apparaît clairement que ni celui de Cabu, qui faisait la "une" de Charlie-Hebdo et représentait, sous le titre, "Mahomet débordé par les intégristes" le prophète s'exclamant: "C'est dur d'être aimé par des cons!", ni celui mettant en scène quatre terroristes encore tout fumant de leurs attentats, ne peuvent être perçus comme visant l'ensemble des musulmans en raison de leur religion.
En revanche, observe le tribunal, le dernier dessin - Mahomet coiffé d'un turban en forme de bombe à la mèche allumée - "laisse clairement entendre que cette violence terroriste serait inhérente à la religion musulmane".
Et là, subtilité de l'argumentation: "Attendu que, si par sa portée, ce dessin apparaît en soi et pris isolément, de nature à outrager l'ensemble des adeptes de cette foi et à les atteindre dans leur considération en raison de leur obédience (…) il ne saurait être apprécié au regard de la loi pénale, indépendamment du contexte de sa publication (…)
Attendu que le dessin en cause est inclus dans un numéro spécial dont la couverture "édirorialise" l'ensemble du contenu et sert de présentation générale à la position de Charlie-Hebdo (…)
Attendu qu'ainsi, en dépit du caractère choquant, voire blessant, de cette caricature pour la sensibilité des musulmans, le contexte et les circonstances de sa publication dans le journal Charlie-Hebdo, apparaissent exclusifs de toute volonté délibérée d'offenser directement et gratuitement l'ensemble des musulmans; que les limites admissibles de la liberté d'expression n'ont donc pas été dépassées (…)
C'est beau le droit, non?
24 mars 2007