Mondial: Liberté d’expression, liberté de conscience…
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AIME L’ensemble de l’Europe, voire même de l’Occident, se trouve déjà bien infiltré, et ceci à tous les niveaux, par l’Islam politique.
Parmi toutes les communautés [existant en France], il n’y a que la communauté arabo-musulmane que l’on rattache automatiquement à une religion, l’Islam.
Mais pourquoi les membres de cette communauté n’auraient-ils pas le droit, eux aussi, d’être athées, agnostiques, croyants réformistes ou même bouddhistes, juifs ou chrétiens ? Pourquoi ?
C’est au nom de la Liberté de conscience et d’expression qu’il nous faut nuancer et prendre en compte l’ensemble des composantes de cette communauté. Nous ne devons plus accepter que les projecteurs de la République soient toujours braqués sur une poignée d’obscurantistes et d’imposteurs qui, avec la complicité de l’Etat, ne cherchent qu’à aggraver une situation déjà critique, voire explosive.
Intervention de Samia Labidi, présidente de l'A.I.M.E., pour le 7 décembre 2004 sur le thème « Les femmes face à l’intégrisme » organisé par CAP21 et Corinne LEPAGE
Depuis le colloque « Islam contre Islam », que l’AIME a organisé le 30 octobre 2004, nous n’avons cessé d’être la cible d’attaques émanant de soi-disant adeptes des valeurs républicaines, lesquels s’autoproclament également défenseurs du droit à la Liberté de conscience. « Quand il fait beau, tout le monde est marin », dit-on, eh oui ! Tant qu’on leur laisse le champ libre pour piétiner les lois de la république au nom du respect de celle d’Allah, ces gens-là se veulent brillants, tolérants, laïcs et démocrates.
Mais si l’on tente, ne serait-ce qu’intellectuellement parlant, de prendre position afin de défendre notre droit à la Liberté d’expression, on se trouve confronté à l’autre facette, infiniment moins aimable, de la même pièce. Et, chose pour le moins surprenante, il suffit que les laïcs d’origine arabo-musulmane cherchent à former une coalition destinée à contrer l’Islam politique pour que ce dernier se sente déstabilisé et perde son sang-froid.
Bref, il suffit de gratter un peu le vernis, en proposant juste un petit colloque sur le droit à la Laïcité des peuples arabo-musulmans pour que la véritable nature, à la fois intégriste et fanatique, de l’Islam politique se dresse derrière le masque souriant de la tolérance. Le double discours et la double moralité s’affichent à tous les niveaux. Mais la campagne qui est en train de se monter à l’encontre des vrais républicains laïcs issus justement de la communauté arabo-musulmane ne fera bien au contraire que renforcer davantage leur détermination. C’est qu’ils n’ont plus l’intention de se laisser faire par une poignée d’extrémistes avides de leur confisquer le droit de penser par eux-mêmes en arguant du caractère sacré de la tutelle divine.
Certes, la liberté d’expression dans les pays arabo-musulmans demeure plus ou moins un mythe qui ne sert en tout et pour tout qu’à renforcer l’approche traditionaliste de l’islam ou à opprimer les minorités existantes. Face à cet état de fait et pour pouvoir s’exprimer librement, l’Islam politique, tout comme son adversaire historique, l’athéisme, plutôt apolitique pour sa part, se sont tous deux appuyés d’une part sur le vaste réseau virtuel qu’est l’Internet et, d’autre part, sur l’Occident, garant historique des valeurs démocratiques. Ce sont les Islamistes qui ont compris les premiers comment utiliser l’un et l’autre au maximum de leurs possibilités respectives afin que leurs propres intérêts s’en trouvent mieux servis. Comme ils n’ont pas obtenu gain de cause dans la plupart des pays d’où partit pourtant leur mouvement, ils se sont installés en masse en Occident, usant pour ce faire de tous les moyens imaginables pour présenter au monde une façade respectable, y compris, bien entendu, l’obtention du statut de « réfugiés politiques ». Puis, une fois qu’ils se sont retrouvés solidement implantés en Europe et en Amérique, la nécessité d’acquérir la maîtrise des dernières technologies – à commencer par celle d’Internet - n’a pas tardé à se faire sentir. Et c’est ce qui nous conduit au deuxième point que je souhaitais aborder.
Le nombre des sites web islamistes ne se compte plus à travers le monde. Ces sites leur permettent un travail de qualité s’exerçant à l’échelle internationale et échappant à tout contrôle. Leur indiscutable professionnalisme en matière d’informatique leur fournit aussi les moyens de surveiller et de saboter les sites qui s’opposent à leur doctrine, tel que le nôtre par exemple qui, je le rappelle, s’est vu piraté dans son intégralité à la veille même du colloque « Islam contre Islam ». La toile de l’Internationale islamiste s’étend donc, comme celle du Net, sur l’ensemble de la planète et devient un des moyens les plus redoutables et les plus insaisissables pour organiser et mettre en pratique toutes sortes de manœuvres et d’attentats terroristes sans crainte, pour les maîtres d’œuvre, de se faire localiser à temps. Il suffit, pour prendre conscience du danger que fait peser sur le monde libre pareille situation, de suivre les divers agissements, messages, menaces, etc … qui sont le fait du mort/vivant Ben Laden et des membres de son réseau El Qaïda : ceux-ci, bien que leur tête soit mise à prix par les organismes policiers de toute la planète, n’en parviennent pas moins à les narguer et à se faire entendre en toute impunité sur l’intégralité des chaînes télévisées hertziennes et numériques et, bien entendu, sur le Net.
Mais les moyens utilisés par l’Islam politique pour exprimer au grand jour ses doctrines meurtrières et rétrogrades ne se limitent pas à ce redoutable outil qu’est l’Internet et à ces non moins efficaces réseaux d’influence que constituent les multiples chaînes de télévision que j’évoquais plus haut. Nous devons compter également avec d’innombrables stations radiophoniques et organes de presse et ne pas oublier les maisons d’édition telle que la célèbre « El tawhid ». Bref, comme on le voit, l’Internationale islamiste n’est guère à plaindre sur le plan de ses capacités d’expression mondiale. Enfin, elle peut évidemment s’appuyer avec succès sur certaines complicités, tant sur le registre étatique que sur le registre privé. Trop de gouvernants et trop de notables ont en effet tendance à accorder le monopole de Dieu à toute religion qui se réclame de Lui pour répandre soit-disant la justice sur la Terre. En revanche, non seulement, les moyens de la partie adverse sont dérisoires, mais en plus le peu dont elle dispose est surveillé, voire même saboté, afin que la parole ne sera attribuée qu’aux soldats de Dieu.
Mais revenons en France puisque c’est là que nous avons choisi de vivre et de mener notre combat contre l’intégrisme et le terrorisme islamistes. Ici, nous sommes confrontés à l’utilisation de la démocratie et des valeurs républicaines laïques dans le but de mieux les exploiter avant de les faire disparaître définitivement. C’est au nom de ces derniers garants de la liberté d’expression et de conscience que l’Islamisme avance à si grand pas en Europe et tout particulièrement en France. C’est en leur nom qu’il ne cesse de réclamer les droits qu’il n’a jamais réussi à obtenir dans les pays où il puise ses racines et qui sont de culture musulmane. Et c’est là qu’on se pose à bon droit la question suivante : jusqu’où peut-on aller au nom de la Liberté de conscience et d’expression ?
Au nom de cette Liberté, doit-on donner la parole à toutes les tendances, fût-ce les plus extrémistes d’entre elles ? Peut-on terroriser intellectuellement et physiquement ceux qui ne partagent pas nos convictions ? Doit-on placer systématiquement le Religieux au-dessus de tout soupçon – surtout dans un pays qui, comme la France, sait par son Histoire combien la Religion peut s’avérer redoutable ? Doit-on le laisser opprimer et mépriser les athées au nom de la prétendue supériorité du sacré sur le profane ? La Liberté doit-elle et ne peut-elle se concevoir que de façon unilatérale ? Le « Oui » accordé à cette Liberté lorsqu’elle se met au service des intérêts despotiques et leur permet de gommer (le droit à) la différence et le « Non » qu’on lui assène quand au contraire elle se retourne contre les despotes et les empêche d’atteindre leur objectif d’une mondialisation islamiste, tout cela n’est rien d’autre qu’un double langage propre aux Tartufe et aux hypocrites de tous temps et de tous pays. Cette liberté, on la réclame à cor et à cris pour défendre le droit de la diffusion de la chaîne islamiste El Manar en France. Mais on l’oublie, pire, on la piétine lorsqu’il s’agit pour l’U.O. I. F. de faire pression pour que soit interdite l’émission « Envoyé spécial » qui risque de démasquer la face cachée de Tariq Ramadan.
L’Islamisme international a pris l’Occident pour base arrière parce qu’il a compris qu’il peut s’y développer et fleurir en se servant, doucement mais sûrement, des valeurs démocratiques justement défendues par cet Occident avant de les mettre à mort définitivement au nom de Dieu – ou plutôt en s’abritant derrière ce nom. D’abord, les intégristes imposeront le slogan « Les lois de Dieu passent avant celles de la république. » Ensuite, ils y substitueront tout naturellement : « Les Lois de Dieu sont celles de la république. » Le tour sera joué et ils pourront procéder à l’instauration d’un Etat islamiste au cœur de l’Europe, ceci afin de servir au mieux la cause de l’Islam politique qui vise l’empire des « Mille millions de Musulmans, » Un empire qui aura pu s’étendre à toute la planète en partie grâce au laxisme des pays développés et surtout grâce à la manière qu’ils ont de sous-estimer le danger intégriste.
C’est en revendiquant le droit à cette liberté que l’Islamisme de France se profile de jour en jour de plus en plus nettement sous nos regards impuissants. Son but est de parvenir à croître encore en vitalité et en force avec la bénédiction de l’Etat français et en arguant de la nécessité absolue de définir un Islam de France. C’est d’ailleurs toujours en utilisant cette même rengaine – qui est en fait une arme redoutable - que l’on croise désormais le voile islamique dans les écoles laïques, que l’on voit s’exercer dans les piscines de certaines villes le droit à la non mixité, que des femmes ignorantes et qui n’ont jamais connu que la soumission exigent la présence du mari ou du fils aîné lors des consultations médicales et chirurgicales, que des gens qui ont pourtant prêté serment à la République française de ne jamais se livrer au prosélytisme religieux ou politique dans le cadre de leur activité de fonctionnaires déroulent les tapis de prières dans les administrations publiques et que des organisations plus que douteuses défilent en toute liberté dans les rues de Paris pour scander des propos antisémites et antirépublicains.
Alors, je le répète, jusqu’où peut-on revendiquer ce fameux droit à la Liberté d’expression et de conscience ? A quel moment précis les Etats laïcs, républicains et démocratiques devraient-ils déclarer fermement : « Stop ! Assez de dégâts ! » D’autant que ces dégâts se commettent au nom de ces valeurs qui obtinrent droit de cité en France grâce à la révolte de tant d’esprits critiques qui refusèrent jadis la tutelle de toutes les religions et dont beaucoup allèrent jusqu’à donner leur vie pour que cessât l’intolérable immixtion du Religieux dans les affaires politiques de leur pays ?
Hélas ! L’ensemble de l’Europe, voire même de l’Occident, se trouve déjà bien infiltré, et ceci à tous les niveaux, par l’Islam politique. Il faut reconnaître que celui-ci n’a eu qu’à se présenter à la porte grande ouverte de cette Démocratie qui défend le droit si précieux des libertés les plus élémentaires dont doit bénéficier tout citoyen digne de ce nom. Subtile et rusée, cette fraction de l’Islam a su se servir de ces points forts qui sont aussi, parfois, les points faibles de cet Occident pourtant haï afin de mieux le coloniser en silence et le placer un jour brutalement devant le fait accompli. Et le problème ne réside pas dans le fait que l’Islam représente la deuxième religion de France, mais bel et bien dans le fait que l’Islam politique est en train d’exploiter la communauté musulmane tout entière à ses seules fins afin d’étendre son influence et de l’exercer de plus en plus puissamment.
L’Islam politique a d’ailleurs gagné des points non négligeables sur le terrain et dans les esprits en quête et en crise d’identité. Pis, il a réussi à obtenir en France ce que les pays de constitution arabo-musulmane lui ont toujours refusé à juste titre. Le statut de « réfugiés politiques, » attribué à tort ou à raison à des Islamistes notoires, sous prétexte qu’ils sont victimes des dictatures en place dans leur pays d’origine, n’a pas arrangé les choses ! Le laxisme outré de la gauche et les positions ambiguës de Monsieur Sarkozy ne sont pas non plus les meilleurs moyens que l’on puisse trouver pour encadrer le problème et lui appliquer des solutions efficaces. Ce n’est pas en réduisant l’intégralité d’une communauté, depuis toujours diversifiée, à une seule et même étiquette religieuse que l’on oeuvrera pour l’intégration véritable, à la fois bien gérée et bien comprise. Quant à renvoyer cette communauté résolument non homogène encore et toujours à l’Islam (tout-à-fait comme si celui-ci ne constituait que l’unique référence valable pour les Arabo-musulmans), il s’agit là d’un mépris et d’une méconnaissance aussi totale qu’inquiétante des composantes progressistes qui forment cependant la majorité de cette communauté.
Parmi toutes les communautés, il n’y a que la communauté arabo-musulmane que l’on rattache automatiquement à une religion, l’Islam. Point final et on n’en parle plus. Mais pourquoi les membres de cette communauté n’auraient-ils pas le droit, eux aussi, d’être athées, agnostiques, croyants réformistes ou même bouddhistes, juifs ou chrétiens ? Pourquoi ?
C’est au nom de la Liberté de conscience et d’expression qu’il nous faut nuancer et prendre en compte l’ensemble des composantes de cette communauté. Nous ne devons plus accepter que les projecteurs de la République soient toujours braqués sur une poignée d’obscurantistes et d’imposteurs qui, avec la complicité de l’Etat, ne cherchent qu’à aggraver une situation déjà critique, voire explosive. Non, l’intégration tant recherchée ne passera pas par le C.F.C.M. où les nébuleuses islamistes qui y ont obtenu la majorité par le truquage et le mensonge exercent leur droit à la Liberté d’expression en bâillonnant les voix laïques. Ces dernières risquent trop en effet de s’opposer à ce nouveau statut, légitimé par le gouvernement, qui devrait permettre à l’Internationale islamiste de commettre encore plus de ravages avec, il faut bien le dire, l’insouciante bénédiction de la République française.
Au milieu de tous ces amalgames provoqués par la très mauvaise connaissance de la communauté française d’origine arabo-musulmane et de sa culture, la majorité silencieuse de cette communauté tente, vaille que vaille, de se frayer un chemin afin de se faire entendre et de proposer des solutions réellement laïques qui permettront d’assainir l’image négative que certains cherchent à donner d’elle par ignorance, d’autres par haine ou intérêt. Les « sans voix » que nous sommes cherchent à s’unir en une force plus représentative de la diversité de notre communauté face à un C.F.C.M. qui ne représente que lui-même - et encore quand il parvient à régler ses conflits internes pour se mettre enfin au service de l’intérêt général de ses propres factions.
C’est à ce titre que l’A.I.M.E., avec la collaboration de tous ceux qui voudront bien se joindre à elle, envisage de mettre sur pied une association qui sera l’équivalent de ce que représente le C.R.I.F. pour la communauté juive. Cela permettra enfin de représenter l’ensemble des composantes de la communauté française d’origine arabo-musulmane sans qu’il soit toujours fait référence à une étiquette religieuse dont l’Islam politique ne cesse de se servir et de se resservir dans le but de venir à bout, tôt ou tard, du droit à la différence qui est aussi le nôtre. Cette Fédération des Laïcs Arabo-Musulmans (F.L.A.M.) comportera bien sûr des Musulmans réformistes oeuvrant pour un authentique Islam de France respectueux, entre autres, de la loi sur la parité et de celle qui interdit le port des signes ostentatoires religieux. Mais elle comprendra aussi des athées, des agnostiques, des déistes et j’en passe. Ce sont la richesse et la diversité de cette communauté enfin unifiée qui, seules, se révéleront capables de repousser l’Islam politique et de proposer une alternative moderne et démocratique à cette doctrine qui cherche à nous ramener tous au Moyen-Age au nom de Dieu, ce Dieu lui ayant, paraît-il, confié les clefs de la Vérité absolue sans se soucier de toutes celles et de tous ceux qui, quelles que soient leur origine ethnique ou leur religion originelle, n’ont jamais été partisans d’imposer leurs croyances personnelles à autrui par le meurtre et la terreur.
Eux aussi ont pourtant le droit de s’exprimer et de dire leur foi en un monde futur, plus juste et moins violent. Et je ne vois vraiment aucune raison pour que le droit inaliénable à la Liberté d’expression et à la Liberté de conscience ne s’exerce que dans un seul sens, celui qui fait la part belle aux fanatiques religieux et politiques, sans que nul ne se soucie des conséquences que leurs entreprises criminelles commencent à avoir pour le monde entier.
Transmis paraime le 20 Dec 2004 - http://www.assoaime.net/article210.html
C’est au nom de la Liberté de conscience et d’expression qu’il nous faut nuancer et prendre en compte l’ensemble des composantes de cette communauté. Nous ne devons plus accepter que les projecteurs de la République soient toujours braqués sur une poignée d’obscurantistes et d’imposteurs qui, avec la complicité de l’Etat, ne cherchent qu’à aggraver une situation déjà critique, voire explosive.
Intervention de Samia Labidi, présidente de l'A.I.M.E., pour le 7 décembre 2004 sur le thème « Les femmes face à l’intégrisme » organisé par CAP21 et Corinne LEPAGE
Depuis le colloque « Islam contre Islam », que l’AIME a organisé le 30 octobre 2004, nous n’avons cessé d’être la cible d’attaques émanant de soi-disant adeptes des valeurs républicaines, lesquels s’autoproclament également défenseurs du droit à la Liberté de conscience. « Quand il fait beau, tout le monde est marin », dit-on, eh oui ! Tant qu’on leur laisse le champ libre pour piétiner les lois de la république au nom du respect de celle d’Allah, ces gens-là se veulent brillants, tolérants, laïcs et démocrates.
Mais si l’on tente, ne serait-ce qu’intellectuellement parlant, de prendre position afin de défendre notre droit à la Liberté d’expression, on se trouve confronté à l’autre facette, infiniment moins aimable, de la même pièce. Et, chose pour le moins surprenante, il suffit que les laïcs d’origine arabo-musulmane cherchent à former une coalition destinée à contrer l’Islam politique pour que ce dernier se sente déstabilisé et perde son sang-froid.
Bref, il suffit de gratter un peu le vernis, en proposant juste un petit colloque sur le droit à la Laïcité des peuples arabo-musulmans pour que la véritable nature, à la fois intégriste et fanatique, de l’Islam politique se dresse derrière le masque souriant de la tolérance. Le double discours et la double moralité s’affichent à tous les niveaux. Mais la campagne qui est en train de se monter à l’encontre des vrais républicains laïcs issus justement de la communauté arabo-musulmane ne fera bien au contraire que renforcer davantage leur détermination. C’est qu’ils n’ont plus l’intention de se laisser faire par une poignée d’extrémistes avides de leur confisquer le droit de penser par eux-mêmes en arguant du caractère sacré de la tutelle divine.
Certes, la liberté d’expression dans les pays arabo-musulmans demeure plus ou moins un mythe qui ne sert en tout et pour tout qu’à renforcer l’approche traditionaliste de l’islam ou à opprimer les minorités existantes. Face à cet état de fait et pour pouvoir s’exprimer librement, l’Islam politique, tout comme son adversaire historique, l’athéisme, plutôt apolitique pour sa part, se sont tous deux appuyés d’une part sur le vaste réseau virtuel qu’est l’Internet et, d’autre part, sur l’Occident, garant historique des valeurs démocratiques. Ce sont les Islamistes qui ont compris les premiers comment utiliser l’un et l’autre au maximum de leurs possibilités respectives afin que leurs propres intérêts s’en trouvent mieux servis. Comme ils n’ont pas obtenu gain de cause dans la plupart des pays d’où partit pourtant leur mouvement, ils se sont installés en masse en Occident, usant pour ce faire de tous les moyens imaginables pour présenter au monde une façade respectable, y compris, bien entendu, l’obtention du statut de « réfugiés politiques ». Puis, une fois qu’ils se sont retrouvés solidement implantés en Europe et en Amérique, la nécessité d’acquérir la maîtrise des dernières technologies – à commencer par celle d’Internet - n’a pas tardé à se faire sentir. Et c’est ce qui nous conduit au deuxième point que je souhaitais aborder.
Le nombre des sites web islamistes ne se compte plus à travers le monde. Ces sites leur permettent un travail de qualité s’exerçant à l’échelle internationale et échappant à tout contrôle. Leur indiscutable professionnalisme en matière d’informatique leur fournit aussi les moyens de surveiller et de saboter les sites qui s’opposent à leur doctrine, tel que le nôtre par exemple qui, je le rappelle, s’est vu piraté dans son intégralité à la veille même du colloque « Islam contre Islam ». La toile de l’Internationale islamiste s’étend donc, comme celle du Net, sur l’ensemble de la planète et devient un des moyens les plus redoutables et les plus insaisissables pour organiser et mettre en pratique toutes sortes de manœuvres et d’attentats terroristes sans crainte, pour les maîtres d’œuvre, de se faire localiser à temps. Il suffit, pour prendre conscience du danger que fait peser sur le monde libre pareille situation, de suivre les divers agissements, messages, menaces, etc … qui sont le fait du mort/vivant Ben Laden et des membres de son réseau El Qaïda : ceux-ci, bien que leur tête soit mise à prix par les organismes policiers de toute la planète, n’en parviennent pas moins à les narguer et à se faire entendre en toute impunité sur l’intégralité des chaînes télévisées hertziennes et numériques et, bien entendu, sur le Net.
Mais les moyens utilisés par l’Islam politique pour exprimer au grand jour ses doctrines meurtrières et rétrogrades ne se limitent pas à ce redoutable outil qu’est l’Internet et à ces non moins efficaces réseaux d’influence que constituent les multiples chaînes de télévision que j’évoquais plus haut. Nous devons compter également avec d’innombrables stations radiophoniques et organes de presse et ne pas oublier les maisons d’édition telle que la célèbre « El tawhid ». Bref, comme on le voit, l’Internationale islamiste n’est guère à plaindre sur le plan de ses capacités d’expression mondiale. Enfin, elle peut évidemment s’appuyer avec succès sur certaines complicités, tant sur le registre étatique que sur le registre privé. Trop de gouvernants et trop de notables ont en effet tendance à accorder le monopole de Dieu à toute religion qui se réclame de Lui pour répandre soit-disant la justice sur la Terre. En revanche, non seulement, les moyens de la partie adverse sont dérisoires, mais en plus le peu dont elle dispose est surveillé, voire même saboté, afin que la parole ne sera attribuée qu’aux soldats de Dieu.
Mais revenons en France puisque c’est là que nous avons choisi de vivre et de mener notre combat contre l’intégrisme et le terrorisme islamistes. Ici, nous sommes confrontés à l’utilisation de la démocratie et des valeurs républicaines laïques dans le but de mieux les exploiter avant de les faire disparaître définitivement. C’est au nom de ces derniers garants de la liberté d’expression et de conscience que l’Islamisme avance à si grand pas en Europe et tout particulièrement en France. C’est en leur nom qu’il ne cesse de réclamer les droits qu’il n’a jamais réussi à obtenir dans les pays où il puise ses racines et qui sont de culture musulmane. Et c’est là qu’on se pose à bon droit la question suivante : jusqu’où peut-on aller au nom de la Liberté de conscience et d’expression ?
Au nom de cette Liberté, doit-on donner la parole à toutes les tendances, fût-ce les plus extrémistes d’entre elles ? Peut-on terroriser intellectuellement et physiquement ceux qui ne partagent pas nos convictions ? Doit-on placer systématiquement le Religieux au-dessus de tout soupçon – surtout dans un pays qui, comme la France, sait par son Histoire combien la Religion peut s’avérer redoutable ? Doit-on le laisser opprimer et mépriser les athées au nom de la prétendue supériorité du sacré sur le profane ? La Liberté doit-elle et ne peut-elle se concevoir que de façon unilatérale ? Le « Oui » accordé à cette Liberté lorsqu’elle se met au service des intérêts despotiques et leur permet de gommer (le droit à) la différence et le « Non » qu’on lui assène quand au contraire elle se retourne contre les despotes et les empêche d’atteindre leur objectif d’une mondialisation islamiste, tout cela n’est rien d’autre qu’un double langage propre aux Tartufe et aux hypocrites de tous temps et de tous pays. Cette liberté, on la réclame à cor et à cris pour défendre le droit de la diffusion de la chaîne islamiste El Manar en France. Mais on l’oublie, pire, on la piétine lorsqu’il s’agit pour l’U.O. I. F. de faire pression pour que soit interdite l’émission « Envoyé spécial » qui risque de démasquer la face cachée de Tariq Ramadan.
L’Islamisme international a pris l’Occident pour base arrière parce qu’il a compris qu’il peut s’y développer et fleurir en se servant, doucement mais sûrement, des valeurs démocratiques justement défendues par cet Occident avant de les mettre à mort définitivement au nom de Dieu – ou plutôt en s’abritant derrière ce nom. D’abord, les intégristes imposeront le slogan « Les lois de Dieu passent avant celles de la république. » Ensuite, ils y substitueront tout naturellement : « Les Lois de Dieu sont celles de la république. » Le tour sera joué et ils pourront procéder à l’instauration d’un Etat islamiste au cœur de l’Europe, ceci afin de servir au mieux la cause de l’Islam politique qui vise l’empire des « Mille millions de Musulmans, » Un empire qui aura pu s’étendre à toute la planète en partie grâce au laxisme des pays développés et surtout grâce à la manière qu’ils ont de sous-estimer le danger intégriste.
C’est en revendiquant le droit à cette liberté que l’Islamisme de France se profile de jour en jour de plus en plus nettement sous nos regards impuissants. Son but est de parvenir à croître encore en vitalité et en force avec la bénédiction de l’Etat français et en arguant de la nécessité absolue de définir un Islam de France. C’est d’ailleurs toujours en utilisant cette même rengaine – qui est en fait une arme redoutable - que l’on croise désormais le voile islamique dans les écoles laïques, que l’on voit s’exercer dans les piscines de certaines villes le droit à la non mixité, que des femmes ignorantes et qui n’ont jamais connu que la soumission exigent la présence du mari ou du fils aîné lors des consultations médicales et chirurgicales, que des gens qui ont pourtant prêté serment à la République française de ne jamais se livrer au prosélytisme religieux ou politique dans le cadre de leur activité de fonctionnaires déroulent les tapis de prières dans les administrations publiques et que des organisations plus que douteuses défilent en toute liberté dans les rues de Paris pour scander des propos antisémites et antirépublicains.
Alors, je le répète, jusqu’où peut-on revendiquer ce fameux droit à la Liberté d’expression et de conscience ? A quel moment précis les Etats laïcs, républicains et démocratiques devraient-ils déclarer fermement : « Stop ! Assez de dégâts ! » D’autant que ces dégâts se commettent au nom de ces valeurs qui obtinrent droit de cité en France grâce à la révolte de tant d’esprits critiques qui refusèrent jadis la tutelle de toutes les religions et dont beaucoup allèrent jusqu’à donner leur vie pour que cessât l’intolérable immixtion du Religieux dans les affaires politiques de leur pays ?
Hélas ! L’ensemble de l’Europe, voire même de l’Occident, se trouve déjà bien infiltré, et ceci à tous les niveaux, par l’Islam politique. Il faut reconnaître que celui-ci n’a eu qu’à se présenter à la porte grande ouverte de cette Démocratie qui défend le droit si précieux des libertés les plus élémentaires dont doit bénéficier tout citoyen digne de ce nom. Subtile et rusée, cette fraction de l’Islam a su se servir de ces points forts qui sont aussi, parfois, les points faibles de cet Occident pourtant haï afin de mieux le coloniser en silence et le placer un jour brutalement devant le fait accompli. Et le problème ne réside pas dans le fait que l’Islam représente la deuxième religion de France, mais bel et bien dans le fait que l’Islam politique est en train d’exploiter la communauté musulmane tout entière à ses seules fins afin d’étendre son influence et de l’exercer de plus en plus puissamment.
L’Islam politique a d’ailleurs gagné des points non négligeables sur le terrain et dans les esprits en quête et en crise d’identité. Pis, il a réussi à obtenir en France ce que les pays de constitution arabo-musulmane lui ont toujours refusé à juste titre. Le statut de « réfugiés politiques, » attribué à tort ou à raison à des Islamistes notoires, sous prétexte qu’ils sont victimes des dictatures en place dans leur pays d’origine, n’a pas arrangé les choses ! Le laxisme outré de la gauche et les positions ambiguës de Monsieur Sarkozy ne sont pas non plus les meilleurs moyens que l’on puisse trouver pour encadrer le problème et lui appliquer des solutions efficaces. Ce n’est pas en réduisant l’intégralité d’une communauté, depuis toujours diversifiée, à une seule et même étiquette religieuse que l’on oeuvrera pour l’intégration véritable, à la fois bien gérée et bien comprise. Quant à renvoyer cette communauté résolument non homogène encore et toujours à l’Islam (tout-à-fait comme si celui-ci ne constituait que l’unique référence valable pour les Arabo-musulmans), il s’agit là d’un mépris et d’une méconnaissance aussi totale qu’inquiétante des composantes progressistes qui forment cependant la majorité de cette communauté.
Parmi toutes les communautés, il n’y a que la communauté arabo-musulmane que l’on rattache automatiquement à une religion, l’Islam. Point final et on n’en parle plus. Mais pourquoi les membres de cette communauté n’auraient-ils pas le droit, eux aussi, d’être athées, agnostiques, croyants réformistes ou même bouddhistes, juifs ou chrétiens ? Pourquoi ?
C’est au nom de la Liberté de conscience et d’expression qu’il nous faut nuancer et prendre en compte l’ensemble des composantes de cette communauté. Nous ne devons plus accepter que les projecteurs de la République soient toujours braqués sur une poignée d’obscurantistes et d’imposteurs qui, avec la complicité de l’Etat, ne cherchent qu’à aggraver une situation déjà critique, voire explosive. Non, l’intégration tant recherchée ne passera pas par le C.F.C.M. où les nébuleuses islamistes qui y ont obtenu la majorité par le truquage et le mensonge exercent leur droit à la Liberté d’expression en bâillonnant les voix laïques. Ces dernières risquent trop en effet de s’opposer à ce nouveau statut, légitimé par le gouvernement, qui devrait permettre à l’Internationale islamiste de commettre encore plus de ravages avec, il faut bien le dire, l’insouciante bénédiction de la République française.
Au milieu de tous ces amalgames provoqués par la très mauvaise connaissance de la communauté française d’origine arabo-musulmane et de sa culture, la majorité silencieuse de cette communauté tente, vaille que vaille, de se frayer un chemin afin de se faire entendre et de proposer des solutions réellement laïques qui permettront d’assainir l’image négative que certains cherchent à donner d’elle par ignorance, d’autres par haine ou intérêt. Les « sans voix » que nous sommes cherchent à s’unir en une force plus représentative de la diversité de notre communauté face à un C.F.C.M. qui ne représente que lui-même - et encore quand il parvient à régler ses conflits internes pour se mettre enfin au service de l’intérêt général de ses propres factions.
C’est à ce titre que l’A.I.M.E., avec la collaboration de tous ceux qui voudront bien se joindre à elle, envisage de mettre sur pied une association qui sera l’équivalent de ce que représente le C.R.I.F. pour la communauté juive. Cela permettra enfin de représenter l’ensemble des composantes de la communauté française d’origine arabo-musulmane sans qu’il soit toujours fait référence à une étiquette religieuse dont l’Islam politique ne cesse de se servir et de se resservir dans le but de venir à bout, tôt ou tard, du droit à la différence qui est aussi le nôtre. Cette Fédération des Laïcs Arabo-Musulmans (F.L.A.M.) comportera bien sûr des Musulmans réformistes oeuvrant pour un authentique Islam de France respectueux, entre autres, de la loi sur la parité et de celle qui interdit le port des signes ostentatoires religieux. Mais elle comprendra aussi des athées, des agnostiques, des déistes et j’en passe. Ce sont la richesse et la diversité de cette communauté enfin unifiée qui, seules, se révéleront capables de repousser l’Islam politique et de proposer une alternative moderne et démocratique à cette doctrine qui cherche à nous ramener tous au Moyen-Age au nom de Dieu, ce Dieu lui ayant, paraît-il, confié les clefs de la Vérité absolue sans se soucier de toutes celles et de tous ceux qui, quelles que soient leur origine ethnique ou leur religion originelle, n’ont jamais été partisans d’imposer leurs croyances personnelles à autrui par le meurtre et la terreur.
Eux aussi ont pourtant le droit de s’exprimer et de dire leur foi en un monde futur, plus juste et moins violent. Et je ne vois vraiment aucune raison pour que le droit inaliénable à la Liberté d’expression et à la Liberté de conscience ne s’exerce que dans un seul sens, celui qui fait la part belle aux fanatiques religieux et politiques, sans que nul ne se soucie des conséquences que leurs entreprises criminelles commencent à avoir pour le monde entier.
Transmis paraime le 20 Dec 2004 - http://www.assoaime.net/article210.html