France: Six mois de prison avec sursis pour Abdelkader Bouziane
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Le Monde La cour d'appel de Lyon a condamné l'imam salafiste Abdelkader Bouziane, expulsé vers l'Algérie en avril 2004, à 6 mois d'emprisonnement avec sursis et à 2000 euros d'amende pour les propos qu'il avait tenus, en avril 2004, dans le mensuel Lyon Mag.
Battre sa femme, "c'est autorisé par le Coran, mais dans certaines conditions", avait-il notamment déclaré. Les magistrats ont été plus sévères que l'avocat général, qui avait requis, le 16 septembre, une "amende significative".
En première instance, le 21 juin, l'ancien imam de Vénissieux avait été relaxé par le tribunal correctionnel de Lyon des faits de "provocation non suivie d'effet à commettre une atteinte involontaire à l'intégrité physique d'une personne", un délit passible de cinq ans d'emprisonnement. Dans un jugement longuement motivé, les magistrats avaient estimé que l'imam s'était contenté de s'exprimer "en tant qu'imam sur un plan idéologique" et qu'il "s'était limité à expliquer ce que dit la religion à travers le Coran", lequel évoque ces châtiments à l'égard de la femme adultère.
Le tribunal avait considéré qu'il ne lui appartenait pas de se prononcer sur "un texte ou un commentaire du Coran". Sans aller jusqu'à parler de déformation, les magistrats avaient noté que les conditions de l'entretien et sa retranscription étaient discutables.
Infirmant ce jugement, la cour d'appel a estimé "qu'Abdelkader Bouziane ne s'est pas exprimé comme il le soutient par référence au Coran" . Pour asseoir l'affirmer, ils ne s'en tiennent pas à l'entretien publié, mais se reportent au décryptage de la cassette de l'interview. Les juges tout en estimant que le mensuel n'a pas déformé le sens des propos, relèvent que la référence au Coran a été introduite par l'auteur de l'article. Pour eux, l'imam a "librement développé ses propos sur l'autorisation donnée aux hommes de frapper leur femme sans évoquer sur ce point l'interdit posé par la loi française". Les magistrats en concluent qu'il a "intentionnellement provoqué directement à la commission du délit de violences volontaires".
DISTORSIONS
Cet arrêt ne lève pas les doutes sur l'origine de cette affaire. L'instruction avait démontré une très forte distorsion entre les propos tenus et les propos rapportés. Dans l'interview publiée, le magazine avait fait dire à l'imam qu'il était favorable à la lapidation de la femme. Pour avoir tenu ces propos, Abdelakader Bouziane avait été mis en examen pour "apologie de crime", mais il avait finalement bénéficié d'un non lieu sur ce point et n'avait été renvoyé que sur le châtiment corporel.
La même cassette de l'entretien avait montré que l'imam, qui s'exprime dans un très mauvais français, n'avait à aucun moment répondu directement à la question "êtes-vous pour la lapidation des femmes?" Le journaliste avait "coupé-collé" les réponses pour obtenir cet entretien choc. Le procédé n'avait pas échappé au juge d'instruction.
L'avocat de l'imam, Me Mahmoud Hebia, a annoncé qu'il allait se pourvoir en cassation: "Il est évident que M. Bouziane a répondu en tant qu'imam. A l'audience, on avait même cité le verset du Coran auquel il se réfère."
Sophie Landrin
Article paru dans l'édition du 16.10.05
Le tribunal avait considéré qu'il ne lui appartenait pas de se prononcer sur "un texte ou un commentaire du Coran". Sans aller jusqu'à parler de déformation, les magistrats avaient noté que les conditions de l'entretien et sa retranscription étaient discutables.
Infirmant ce jugement, la cour d'appel a estimé "qu'Abdelkader Bouziane ne s'est pas exprimé comme il le soutient par référence au Coran" . Pour asseoir l'affirmer, ils ne s'en tiennent pas à l'entretien publié, mais se reportent au décryptage de la cassette de l'interview. Les juges tout en estimant que le mensuel n'a pas déformé le sens des propos, relèvent que la référence au Coran a été introduite par l'auteur de l'article. Pour eux, l'imam a "librement développé ses propos sur l'autorisation donnée aux hommes de frapper leur femme sans évoquer sur ce point l'interdit posé par la loi française". Les magistrats en concluent qu'il a "intentionnellement provoqué directement à la commission du délit de violences volontaires".
DISTORSIONS
Cet arrêt ne lève pas les doutes sur l'origine de cette affaire. L'instruction avait démontré une très forte distorsion entre les propos tenus et les propos rapportés. Dans l'interview publiée, le magazine avait fait dire à l'imam qu'il était favorable à la lapidation de la femme. Pour avoir tenu ces propos, Abdelakader Bouziane avait été mis en examen pour "apologie de crime", mais il avait finalement bénéficié d'un non lieu sur ce point et n'avait été renvoyé que sur le châtiment corporel.
La même cassette de l'entretien avait montré que l'imam, qui s'exprime dans un très mauvais français, n'avait à aucun moment répondu directement à la question "êtes-vous pour la lapidation des femmes?" Le journaliste avait "coupé-collé" les réponses pour obtenir cet entretien choc. Le procédé n'avait pas échappé au juge d'instruction.
L'avocat de l'imam, Me Mahmoud Hebia, a annoncé qu'il allait se pourvoir en cassation: "Il est évident que M. Bouziane a répondu en tant qu'imam. A l'audience, on avait même cité le verset du Coran auquel il se réfère."
Sophie Landrin
Article paru dans l'édition du 16.10.05