Mondial: La polygamie, une arme contre l'adultère
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Courrier International "Une seule femme, cela ne suffit pas", telle est la devise de Hayam Dorbek, une journaliste égyptienne mère de deux enfants, qui va tête nue, habillée à l'occidentale.
Très prise par son travail et peu encline aux rythmes de la vie de famille, elle voudrait que son mari choisisse une seconde épouse.
"La polygamie permet aux femmes de se garder un espace de liberté", explique-t-elle pour justifier la création d'une association de défense de la polygamie appelée "Tayssir" [facilité], rapporte le quotidien romain La Repubblica.
Des articles dans les journaux arabes et des débats à la télévision sur les chaînes satellitaires Al-Jazira et Al-Arabiya ont contribué à faire connaître l'association. Hayam Dorbek a même lancé une campagne évoquant les difficultés que rencontre une femme qui travaille et s'occupe de son foyer. "Mon mari m'a choisie, mais je travaille et ne trouve pas beaucoup de temps pour la maison : devrions-nous nous séparer" ? demande-t-elle dans le slogan qui illustre sa campagne.
Dans un programme réservé aux femmes sur Al-Jazira, elle a défendu ainsi son idée : "Le droit à la polygamie est un droit pour les femmes autant que pour les hommes." "La polygamie est une solution contre l'immoralité et l'adultère qui dominent dans les sociétés occidentales", a relayé Afaf Al-Sayyd, auteur de romans et qui se proclame militante des droits des femmes. "Dans un pays tel que l'Egypte, divisé entre réformistes et conservateurs, la polygamie est un remède aux maux qui secouent la société arabe. Le mariage polygame a un effet positif sur la tendance des hommes à aller voir ailleurs. En outre, la polygamie permet de résoudre les problèmes des filles qui ne trouvent pas de maris et de mieux répartir les tâches domestiques au sein du foyer", ajoute la journaliste, dont les propos ont provoqué une onde de choc chez de très nombreuses Egyptiennes qui n'admettent pas ce projet - "d'autant plus qu'il est soutenu par une personne cultivée", rapporte l'hebdomadaire égyptien en langue française Al-Ahram Hebdo.
La campagne médiatique de Hayam Dorbeck a également soulevé la colère des associations des droits de l'homme dans l'ensemble du monde arabe. Pour ces dernières, la polygamie est le symbole du recul de la société, typique d'une certaine interprétation de l'islam. "La polygamie a été autorisée par Allah afin d'aider la société à trouver sa stabilité et résoudre ses problèmes", réplique Hayam, qui a oublié une chose essentielle, avoir plus d'une femme coûte cher et peu de maris peuvent se le permettre.
La Repubblica s'est livré à un petit tour d'horizon historique de la polygamie et relève que, dans l'Ancien Testament, David avait une multitude de concubines et Salomon plus de trois cents femmes. En Europe avant Jésus-Christ, de nombreuses peuplades en particulier les Germains et les Slaves étaient polygames, mais cette pratique était réservée aux riches et aux aristocrates. Chez les Grecs et les Romains, la monogamie était la règle, les hommes mariés n'excluaient toutefois pas d'entretenir une ou plusieurs concubines. Dans l'Arabie préislamique, le nombre de femmes n'était pas limité et le divorce était l'apanage des hommes. L'Eglise protestante, enfin, à certaines périodes de son histoire, s'est montrée très tolérante avec la polygamie non officielle des rois et des nobles.
Qu'en est-il aujourd'hui ? demande encore le quotidien romain, qui rappelle qu'aux Etats-Unis, chez les Mormons de l'Utah, la polygamie est couramment pratiquée. Quant aux pays musulmans, peu d'entre eux l'ont complètement éradiquée, la Tunisie et la Turquie en sont de rares exemples. En Egypte comme en Jordanie, 8 % des hommes ont plus d'une épouse, mais très peu dépassent le chiffre de deux. En Syrie, un homme qui veut prendre une seconde épouse doit apporter la preuve qu'il en a les moyens. En 1958, l'Irak en avait interdit la pratique, mais elle a été rétablie par Saddam Hussein en 1994. En Arabie Saoudite enfin, 70 % des hommes ont une seule femme, 16 % deux, 6 % trois et 2 % quatre. L'Afrique est aussi concernée : un projet de loi d'interdiction de la polygamie a en effet suscité une levée de boucliers en Ouganda. Le roi du Swaziland a récemment organisé une fête avec toutes les jeunes vierges du pays, dans le but de choisir sa onzième épouse. En Côte-d'Ivoire enfin, comme dans un certain nombre de pays d'Afrique de l'Ouest, le nombre d'épouses est limité à quatre.
Anne Collet
Dans un programme réservé aux femmes sur Al-Jazira, elle a défendu ainsi son idée : "Le droit à la polygamie est un droit pour les femmes autant que pour les hommes." "La polygamie est une solution contre l'immoralité et l'adultère qui dominent dans les sociétés occidentales", a relayé Afaf Al-Sayyd, auteur de romans et qui se proclame militante des droits des femmes. "Dans un pays tel que l'Egypte, divisé entre réformistes et conservateurs, la polygamie est un remède aux maux qui secouent la société arabe. Le mariage polygame a un effet positif sur la tendance des hommes à aller voir ailleurs. En outre, la polygamie permet de résoudre les problèmes des filles qui ne trouvent pas de maris et de mieux répartir les tâches domestiques au sein du foyer", ajoute la journaliste, dont les propos ont provoqué une onde de choc chez de très nombreuses Egyptiennes qui n'admettent pas ce projet - "d'autant plus qu'il est soutenu par une personne cultivée", rapporte l'hebdomadaire égyptien en langue française Al-Ahram Hebdo.
La campagne médiatique de Hayam Dorbeck a également soulevé la colère des associations des droits de l'homme dans l'ensemble du monde arabe. Pour ces dernières, la polygamie est le symbole du recul de la société, typique d'une certaine interprétation de l'islam. "La polygamie a été autorisée par Allah afin d'aider la société à trouver sa stabilité et résoudre ses problèmes", réplique Hayam, qui a oublié une chose essentielle, avoir plus d'une femme coûte cher et peu de maris peuvent se le permettre.
La Repubblica s'est livré à un petit tour d'horizon historique de la polygamie et relève que, dans l'Ancien Testament, David avait une multitude de concubines et Salomon plus de trois cents femmes. En Europe avant Jésus-Christ, de nombreuses peuplades en particulier les Germains et les Slaves étaient polygames, mais cette pratique était réservée aux riches et aux aristocrates. Chez les Grecs et les Romains, la monogamie était la règle, les hommes mariés n'excluaient toutefois pas d'entretenir une ou plusieurs concubines. Dans l'Arabie préislamique, le nombre de femmes n'était pas limité et le divorce était l'apanage des hommes. L'Eglise protestante, enfin, à certaines périodes de son histoire, s'est montrée très tolérante avec la polygamie non officielle des rois et des nobles.
Qu'en est-il aujourd'hui ? demande encore le quotidien romain, qui rappelle qu'aux Etats-Unis, chez les Mormons de l'Utah, la polygamie est couramment pratiquée. Quant aux pays musulmans, peu d'entre eux l'ont complètement éradiquée, la Tunisie et la Turquie en sont de rares exemples. En Egypte comme en Jordanie, 8 % des hommes ont plus d'une épouse, mais très peu dépassent le chiffre de deux. En Syrie, un homme qui veut prendre une seconde épouse doit apporter la preuve qu'il en a les moyens. En 1958, l'Irak en avait interdit la pratique, mais elle a été rétablie par Saddam Hussein en 1994. En Arabie Saoudite enfin, 70 % des hommes ont une seule femme, 16 % deux, 6 % trois et 2 % quatre. L'Afrique est aussi concernée : un projet de loi d'interdiction de la polygamie a en effet suscité une levée de boucliers en Ouganda. Le roi du Swaziland a récemment organisé une fête avec toutes les jeunes vierges du pays, dans le but de choisir sa onzième épouse. En Côte-d'Ivoire enfin, comme dans un certain nombre de pays d'Afrique de l'Ouest, le nombre d'épouses est limité à quatre.
Anne Collet