Pakistan: La justice du Pakistan rouvre le dossier d'un viol collectif
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Le Monde Mukhtar Mai a retrouvé le sourire sur les photos qui la montrent à la sortie de la Cour suprême du Pakistan, mardi 28 juin.
La haute juridiction venait d'ordonner le retour en prison des treize hommes accusés d'avoir participé au viol collectif de la jeune femme, en juin 2002 dans la province orientale du Pendjab.
La décision est la dernière en date d'un feuilleton judiciaire illustrant les rigidités de cette société musulmane dès qu'il est question des droits des femmes.
Trois ans après les faits, la Cour suprême a décidé ainsi de reprendre toute l'affaire à son début, en incarcérant de nouveau les accusés, qui avaient été progressivement acquittés au fil des précédentes étapes judiciaires. Parmi ces justiciables figuraient cinq hommes qui, d'abord condamnés à mort, avaient été relaxés en mars par la Haute Cour de Lahore. Un sixème accusé avait vu alors sa peine de mort commuée en prison à perpétuité. Mukhtar Mai avait fait appel de ce jugement.
"MENACE CONTRE LA SOCIÉTÉ"
"Je suis très heureuse. Je me sens parfaitement satisfaite" , a réagi Mukhtar Mai, mardi, à la sortie de la Cour suprême. Agée de trente-trois ans, elle a embrassé les militants des droits de l'homme qui la soutiennent. Ces dernières années, elle avait mis sa notoriété au service, notamment, de l'éducation des enfants de sa province.
Le viol collectif avait été exécuté sur ordre du conseil tribal (panchayat) du village de Meerwala qui voulait "punir" sa famille en frappant l'une de ses femmes. La justice tribale entendait châtier la liaison prétendument entretenue par le jeune frère de Mukhtar, âgé de treize ans, avec une fille de plus haute caste (une allégation réfutée par la famille de la victime). La "punition" avait eu lieu au vu et au su de la communauté locale ; Mukhtar Mai avait été forcée de regagner son foyer en traversant le village à moitié dénudée.
Les cinq acquittés avaient été arrêtés de nouveau, en mars, sur ordre du premier ministre, Shaukat Aziz, et dans l'attente d'une décision de la Cour suprême. Au même moment, Mukhtar Mai s'était vue privée de son passeport et interdite de quitter le Pakistan, alors qu'elle avait été invitée par des organistations de défense des droits de l'homme aux Etats-Unis. Le président Pervez Musharraf avait indiqué avoir pris cette décision afin de "ne pas donner une mauvaise image" du pays.
"Le viol est une menace contre la société. Dans l'attente d'un verdict sur les acquittements, les accusés doivent être arrêtés jusqu'à l'issue des auditions" , a déclaré l'avocat général Makhdoom Ali Khan, peu avant l'ordonnance de la Cour suprême. "C'est la bataille d'une femme pauvre et illettrée contre ses violeurs" , avait plaidé l'avocat de Mukhtar, Me Aitzaz Ahsan. Aucune durée n'a été annoncée pour le réexamen du dossier. (AFP, AP, Reuters.)
Article paru dans l'édition du 30.06.05
Trois ans après les faits, la Cour suprême a décidé ainsi de reprendre toute l'affaire à son début, en incarcérant de nouveau les accusés, qui avaient été progressivement acquittés au fil des précédentes étapes judiciaires. Parmi ces justiciables figuraient cinq hommes qui, d'abord condamnés à mort, avaient été relaxés en mars par la Haute Cour de Lahore. Un sixème accusé avait vu alors sa peine de mort commuée en prison à perpétuité. Mukhtar Mai avait fait appel de ce jugement.
"MENACE CONTRE LA SOCIÉTÉ"
"Je suis très heureuse. Je me sens parfaitement satisfaite" , a réagi Mukhtar Mai, mardi, à la sortie de la Cour suprême. Agée de trente-trois ans, elle a embrassé les militants des droits de l'homme qui la soutiennent. Ces dernières années, elle avait mis sa notoriété au service, notamment, de l'éducation des enfants de sa province.
Le viol collectif avait été exécuté sur ordre du conseil tribal (panchayat) du village de Meerwala qui voulait "punir" sa famille en frappant l'une de ses femmes. La justice tribale entendait châtier la liaison prétendument entretenue par le jeune frère de Mukhtar, âgé de treize ans, avec une fille de plus haute caste (une allégation réfutée par la famille de la victime). La "punition" avait eu lieu au vu et au su de la communauté locale ; Mukhtar Mai avait été forcée de regagner son foyer en traversant le village à moitié dénudée.
Les cinq acquittés avaient été arrêtés de nouveau, en mars, sur ordre du premier ministre, Shaukat Aziz, et dans l'attente d'une décision de la Cour suprême. Au même moment, Mukhtar Mai s'était vue privée de son passeport et interdite de quitter le Pakistan, alors qu'elle avait été invitée par des organistations de défense des droits de l'homme aux Etats-Unis. Le président Pervez Musharraf avait indiqué avoir pris cette décision afin de "ne pas donner une mauvaise image" du pays.
"Le viol est une menace contre la société. Dans l'attente d'un verdict sur les acquittements, les accusés doivent être arrêtés jusqu'à l'issue des auditions" , a déclaré l'avocat général Makhdoom Ali Khan, peu avant l'ordonnance de la Cour suprême. "C'est la bataille d'une femme pauvre et illettrée contre ses violeurs" , avait plaidé l'avocat de Mukhtar, Me Aitzaz Ahsan. Aucune durée n'a été annoncée pour le réexamen du dossier. (AFP, AP, Reuters.)
Article paru dans l'édition du 30.06.05