France: Hanife Karakus, première femme présidente régionale du culte musulman
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Le Monde J'ai une formation de juriste, et c'est avant tout pour cette compétence-là que j'ai été choisie."
Hanife Karakus, née à Mulhouse de parents turcs il y a vingt-trois ans, étudiante en seconde année de master de droit à l'université de Limoges, est la première femme en France à avoir été élue, dimanche 19 juin, présidente d'un conseil régional du culte musulman (CRCM), en l'occurrence en Limousin.
"Il s'agit d'un acte réfléchi, pas d'un effet d'annonce, précise le secrétaire général du CRCM-Limousin, Matthieu-Mehdi Gauthier. Elle connaît bien les questions juridiques. C'est son niveau de formation élevé qui lui a valu d'occuper ce poste."
Pour les trois ans à venir, Mme Karakus est donc chargée de représenter auprès des pouvoirs publics les quelque 12 000 musulmans et les treize associations que compte le Limousin. Elle est elle-même membre de l'association culturelle et de solidarité turque de Limoges, qui gère la mosquée où elle pratique son culte. Si elle n'a eu aucun mal à se faire élire dès le 19 juin (par 25 délégués sur 30), c'est aussi parce que les deux tendances de l'islam en Limousin, dont les candidats étaient rattachés à l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) ou au Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF), ont souhaité se rassembler dans une liste unique.
"Les délégués m'ont accordé leur confiance, raconte la nouvelle présidente. Je me suis sentie bien accueillie et encouragée. Etre au premier plan est pour moi tout à fait normal. Dans l'esprit de l'islam, la femme est toujours l'égale de l'homme. Elle n'a pas à rester derrière lui. Je pense que s'il n'y a pas de femmes à la tête d'autres instances régionales, c'est parce que beaucoup éprouvent de la gêne ou ne se sentent pas capables d'une telle charge." Et de rappeler que "les hommes et les femmes qui composent la communauté musulmane ont besoin de travailler main dans la main".
APPORTER UN REGARD DIFFÉRENT
Dans cet univers très masculin, Mme Karakus affiche donc une solide détermination. "J'ai vraiment voulu participer aux travaux du CRCM, explique-t-elle. L'année dernière, en Limousin, le conseil a mené à bien des actions concrètes, comme l'homologation d'un abattoir pour l'Aïd-el-kébir ou encore la mise en place d'une aumônerie en prison pour les détenus musulmans." Cette jeune mère d'une petite fille, mariée depuis trois ans, a l'intention de continuer dans cette voie, tout en apportant un regard différent. Et souhaite aborder une série de questions concernant les femmes. Sur le sujet du voile elle a fait le choix de le porter depuis sa majorité et de le garder lors des cours à la fac , elle reste très prudente : "Je suis soulagée de ne pas être à la place des lycéennes confrontées à ce dilemme. Soit elles sont exclues et mises à l'écart du système scolaire, soit elles renoncent à un choix personnel effectué dans une phase de construction de leur personnalité. Quoi qu'il en soit, dans les deux cas, c'est beaucoup de souffrance."
Malgré son élection, la voix de Mme Karakus ne sera pas entendue directement au Conseil français du culte musulman (CFCM). C'est en effet le vice-président, Okacha Ben Ahmed Daho, enseignant à Paris, qui représentera la région au niveau national. "Simple question de disponibilité" , affirme Hanife Karakus. Actuellement en pleine période d'examens, elle compte ensuite entamer une thèse en droit pour devenir maître de conférences. Mais l'étudiante se dit résolue à s'épanouir dans le monde associatif aussi bien que professionnel.
Hélène Pommier
Article paru dans l'édition du 24.06.05
"Les délégués m'ont accordé leur confiance, raconte la nouvelle présidente. Je me suis sentie bien accueillie et encouragée. Etre au premier plan est pour moi tout à fait normal. Dans l'esprit de l'islam, la femme est toujours l'égale de l'homme. Elle n'a pas à rester derrière lui. Je pense que s'il n'y a pas de femmes à la tête d'autres instances régionales, c'est parce que beaucoup éprouvent de la gêne ou ne se sentent pas capables d'une telle charge." Et de rappeler que "les hommes et les femmes qui composent la communauté musulmane ont besoin de travailler main dans la main".
APPORTER UN REGARD DIFFÉRENT
Dans cet univers très masculin, Mme Karakus affiche donc une solide détermination. "J'ai vraiment voulu participer aux travaux du CRCM, explique-t-elle. L'année dernière, en Limousin, le conseil a mené à bien des actions concrètes, comme l'homologation d'un abattoir pour l'Aïd-el-kébir ou encore la mise en place d'une aumônerie en prison pour les détenus musulmans." Cette jeune mère d'une petite fille, mariée depuis trois ans, a l'intention de continuer dans cette voie, tout en apportant un regard différent. Et souhaite aborder une série de questions concernant les femmes. Sur le sujet du voile elle a fait le choix de le porter depuis sa majorité et de le garder lors des cours à la fac , elle reste très prudente : "Je suis soulagée de ne pas être à la place des lycéennes confrontées à ce dilemme. Soit elles sont exclues et mises à l'écart du système scolaire, soit elles renoncent à un choix personnel effectué dans une phase de construction de leur personnalité. Quoi qu'il en soit, dans les deux cas, c'est beaucoup de souffrance."
Malgré son élection, la voix de Mme Karakus ne sera pas entendue directement au Conseil français du culte musulman (CFCM). C'est en effet le vice-président, Okacha Ben Ahmed Daho, enseignant à Paris, qui représentera la région au niveau national. "Simple question de disponibilité" , affirme Hanife Karakus. Actuellement en pleine période d'examens, elle compte ensuite entamer une thèse en droit pour devenir maître de conférences. Mais l'étudiante se dit résolue à s'épanouir dans le monde associatif aussi bien que professionnel.
Hélène Pommier
Article paru dans l'édition du 24.06.05