Tchad: Polémique autour d'un projet de loi prônant l'égalité des sexes
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IRIN Le projet du gouvernement de doter le Tchad d’un nouveau code de la famille interdisant certaines pratiques telles que la flagellation d’une épouse, soulève une vague de protestations dans le pays.
Dans les prêches du vendredi, les oulémas ont vivement critiqué ce projet de loi, vouant aux gémonies le président Idriss Deby, sa famille et toute sa descendance.
«C’est contre la loi du Coran de dire que la femme est l’égale de l’homme. Deby qui suit aveuglement les journaux et les mécréants grillera en enfer, lui et sa famille», rapporte l’hebdomadaire Notre Temps.
Consigné dans un document de 256 pages, ce code a été élaboré grâce au concours financier du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP). Dans son discours du 8 mars dernier prononcé à l’occasion de la journée internationale de la femme, Deby avait demandé que le projet de loi soit adopté rapidement.
Ce nouveau projet de loi sur les droits des femmes remplacera le code civil qui a été élaboré à l’époque coloniale française et qui date de 1958, deux années avant l’accession du Tchad à l’indépendance.
Ce projet a fait l’objet de vives polémiques lors du conseil de cabinet du 31 mars dernier présidé par le Premier ministre Pascal Yoadimnadj. Dans un communiqué rendu public à l’issue du conseil, le gouvernement indique que le président Deby est déterminé à faire passer ce projet de loi, malgré le mécontentement de nombreux hommes tchadiens.
“L’adoption du code fait partie du programme politique du chef de l’Etat pour lequel il a été élu en 2001”, indique le communiqué.
Vaste pays enclavé, avec une population d’environ 9,5 millions d’habitants, le Tchad présente de très “grandes disparités entre les sexes”, selon le FNUAP.
En 2001, 81 pour cent des femmes au Tchad étaient illettrées contre 56 pour cent chez les hommes, rapport le Fonds des Nations unies pour la promotion du planning familial, de la santé reproductive et des droits des femmes.
L’introduction du nouveau code de la famille a cependant profondément choqué musulmans traditionalistes du nord et les chrétiens du sud du pays.
L’union des cadres musulmans du Tchad (UCMT), une organisation fondée par des juristes, administrateurs et hommes de médias musulmans, a indiqué en début d’année qu’elle était opposée à ce projet de loi qui n’est ni plus ni moins qu’une “volonté d’imposer aux Tchadiens des coutumes et traditions étrangères”.
L’UCMT a notamment critiqué les articles relatifs à l’âge du mariage pour les jeunes filles qui passe de 14 ans à 16 ans, au divorce, à l’interdiction de porter des coups et blessures volontaires à une épouse et au droit de succession pour les enfants adultérins, au même titre que les enfants légitimes.
“Il est hors de question qu’on nous impose d’autres traditions empruntées à l’Occident sous prétexte que les nôtres sont archaïques”, a déclaré Mahamat Seud Abba Zene, juriste et universitaire, membre fondateur de l’UCMT.
“Pour nous, l’égalité arithmétique entre les genres qu’on cherche à nous imposer est un faux débat”, a-t-il ajouté.
A la question de savoir si l’on peut faire cohabiter dans un même pays deux codes civils distincts dont l’un sera applicable aux musulmans et l’autre aux chrétiens et animistes, le général Abdelkader Kamougue, le président de l’Union pour le renouveau démocratique (URD), un parti d’opposition, a répondu par la négative.
“S’il y a deux codes, il y aura aussi deux Etats” a répondu le général qui dirigeait les troupes du Sud contre celles du Nord pendant le conflit meurtrier de 1979.
De nombreux chrétiens sont aussi opposés au nouveau code de la famille, mais pour des raisons différentes, car ce code légalise la polygamie, une pratique en vigueur au Tchad.
Dans son discours prononcé le 8 mars à N’djaména sur la Place de l’indépendance devant un parterre de femmes, le président Deby a indiqué que quelles que soient les inquiétudes que suscite cette nouvelle loi, “la majorité est pour le code et nous irons vers le code”.
“Il faut réparer l’injustice faite aux femmes,” a indiqué Deby. “Il n’y a que 10 pour cent de femmes dans le gouvernement, cela veut dire simplement qu’il y a injustice. Je vous donne le quota de 30 pour cent dans le gouvernement à partir de 2007”.
Pour certains analystes locaux, le nouveau code permettra au Tchad de se conformer aux traités internationaux ratifiés par le gouvernement et aux objectifs du Millénium des Nations unies qui considèrent l’augmentation du taux de scolarisation des jeunes filles comme un moyen de combattre la pauvreté.
Selon Nadjikimo Benoudjita, directeur de la publication de l’hebdomadaire Notre Temps, l’opposition des intellectuels musulmans au nouveau projet de loi constitue un frein au développement du nord du Tchad et à l’émancipation totale des femmes de la région.
Benoudjita a également accusé les opposants au nouveau projet de loi d’être en retard par rapport à certains pays musulmans comme l’Algérie et le Maroc qui ont reconnu l’injustice faite aux femmes dans leur pays au nom de la religion et modifié leurs législations en conséquence.
Les réactions des femmes tchadiennes ont été peu nombreuses, même si le ministre des Affaires sociales, Fatime Kimto, une musulmane du sud, s’est prononcée en faveur de l’adoption du nouveau code de la famille.
Toutefois, tous ses collègues ministres ne partagent pas cet avis. Selon la presse locale, le ministre de la Sécurité publique, Abdéramane Moussa, a boycotté la récente réunion interministérielle organisée spécialement pour étudier le projet de loi, mais a fait parvenir ses remarques par écrit.
“Je soutiens et conclus que la femme n’est pas l’égale de l’homme du point de vue de l’Islam. Elle est au contraire issue de l’homme”.
Consigné dans un document de 256 pages, ce code a été élaboré grâce au concours financier du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP). Dans son discours du 8 mars dernier prononcé à l’occasion de la journée internationale de la femme, Deby avait demandé que le projet de loi soit adopté rapidement.
Ce nouveau projet de loi sur les droits des femmes remplacera le code civil qui a été élaboré à l’époque coloniale française et qui date de 1958, deux années avant l’accession du Tchad à l’indépendance.
Ce projet a fait l’objet de vives polémiques lors du conseil de cabinet du 31 mars dernier présidé par le Premier ministre Pascal Yoadimnadj. Dans un communiqué rendu public à l’issue du conseil, le gouvernement indique que le président Deby est déterminé à faire passer ce projet de loi, malgré le mécontentement de nombreux hommes tchadiens.
“L’adoption du code fait partie du programme politique du chef de l’Etat pour lequel il a été élu en 2001”, indique le communiqué.
Vaste pays enclavé, avec une population d’environ 9,5 millions d’habitants, le Tchad présente de très “grandes disparités entre les sexes”, selon le FNUAP.
En 2001, 81 pour cent des femmes au Tchad étaient illettrées contre 56 pour cent chez les hommes, rapport le Fonds des Nations unies pour la promotion du planning familial, de la santé reproductive et des droits des femmes.
L’introduction du nouveau code de la famille a cependant profondément choqué musulmans traditionalistes du nord et les chrétiens du sud du pays.
L’union des cadres musulmans du Tchad (UCMT), une organisation fondée par des juristes, administrateurs et hommes de médias musulmans, a indiqué en début d’année qu’elle était opposée à ce projet de loi qui n’est ni plus ni moins qu’une “volonté d’imposer aux Tchadiens des coutumes et traditions étrangères”.
L’UCMT a notamment critiqué les articles relatifs à l’âge du mariage pour les jeunes filles qui passe de 14 ans à 16 ans, au divorce, à l’interdiction de porter des coups et blessures volontaires à une épouse et au droit de succession pour les enfants adultérins, au même titre que les enfants légitimes.
“Il est hors de question qu’on nous impose d’autres traditions empruntées à l’Occident sous prétexte que les nôtres sont archaïques”, a déclaré Mahamat Seud Abba Zene, juriste et universitaire, membre fondateur de l’UCMT.
“Pour nous, l’égalité arithmétique entre les genres qu’on cherche à nous imposer est un faux débat”, a-t-il ajouté.
A la question de savoir si l’on peut faire cohabiter dans un même pays deux codes civils distincts dont l’un sera applicable aux musulmans et l’autre aux chrétiens et animistes, le général Abdelkader Kamougue, le président de l’Union pour le renouveau démocratique (URD), un parti d’opposition, a répondu par la négative.
“S’il y a deux codes, il y aura aussi deux Etats” a répondu le général qui dirigeait les troupes du Sud contre celles du Nord pendant le conflit meurtrier de 1979.
De nombreux chrétiens sont aussi opposés au nouveau code de la famille, mais pour des raisons différentes, car ce code légalise la polygamie, une pratique en vigueur au Tchad.
Dans son discours prononcé le 8 mars à N’djaména sur la Place de l’indépendance devant un parterre de femmes, le président Deby a indiqué que quelles que soient les inquiétudes que suscite cette nouvelle loi, “la majorité est pour le code et nous irons vers le code”.
“Il faut réparer l’injustice faite aux femmes,” a indiqué Deby. “Il n’y a que 10 pour cent de femmes dans le gouvernement, cela veut dire simplement qu’il y a injustice. Je vous donne le quota de 30 pour cent dans le gouvernement à partir de 2007”.
Pour certains analystes locaux, le nouveau code permettra au Tchad de se conformer aux traités internationaux ratifiés par le gouvernement et aux objectifs du Millénium des Nations unies qui considèrent l’augmentation du taux de scolarisation des jeunes filles comme un moyen de combattre la pauvreté.
Selon Nadjikimo Benoudjita, directeur de la publication de l’hebdomadaire Notre Temps, l’opposition des intellectuels musulmans au nouveau projet de loi constitue un frein au développement du nord du Tchad et à l’émancipation totale des femmes de la région.
Benoudjita a également accusé les opposants au nouveau projet de loi d’être en retard par rapport à certains pays musulmans comme l’Algérie et le Maroc qui ont reconnu l’injustice faite aux femmes dans leur pays au nom de la religion et modifié leurs législations en conséquence.
Les réactions des femmes tchadiennes ont été peu nombreuses, même si le ministre des Affaires sociales, Fatime Kimto, une musulmane du sud, s’est prononcée en faveur de l’adoption du nouveau code de la famille.
Toutefois, tous ses collègues ministres ne partagent pas cet avis. Selon la presse locale, le ministre de la Sécurité publique, Abdéramane Moussa, a boycotté la récente réunion interministérielle organisée spécialement pour étudier le projet de loi, mais a fait parvenir ses remarques par écrit.
“Je soutiens et conclus que la femme n’est pas l’égale de l’homme du point de vue de l’Islam. Elle est au contraire issue de l’homme”.