Arabie Saoudite: Les Saoudiennes font une timide apparition sur la scène électorale
Source:
Courrier international "Des femmes se sont proclamées candidates aux élections municipales qui auront lieu en février 2005, dans un pays où elles n’ont pas le droit de vote", rapporte Arab News.
"Nadia Bakhurji, architecte âgée de 37 ans et mère de deux enfants, a été la première à se lancer", raconte le Christian Science Monitor.
"Je suis patriote et je veux me mettre au service de ma communauté et de mon pays, j’aimerais que d’autres femmes me suivent", explique-t-elle pour justifier sa décision. N. Bakhurji semble avoir été entendue puisque, depuis, deux autres femmes, Fatin Bundagji et Fatma Al-Khereiji, se sont portées candidates. Elles souhaitent se battre pour le bien-être de leurs compatriotes, l’amélioration de l’hygiène et de la sécurité dans les villes, la création de lieux de rassemblement pour les jeunes et la protection des lieux publics, en particulier ceux qui sont réservés aux femmes et aux enfants.
Cependant, la participation de ces femmes aux premières élections municipales de l’histoire de l’Arabie Saoudite n’est pas acquise. "Aucune décision sur le vote des femmes, et encore moins sur leur candidature éventuelle, n’a encore été prise par les autorités saoudiennes", explique Arab News. "Le silence du gouvernement est positif, il veut savoir comment l’idée d’une participation féminine au scrutin est perçue dans le royaume", croit savoir le Christian Science Monitor, qui rappelle que les Etats-Unis font pression sur l’Arabie Saoudite pour que cette dernière s’ouvre à la démocratie.
De leur côté, les candidates sont en train d’apprendre qu’outre les religieux ultraconservateurs, les femmes, au même titre que l’ignorance et la suffisance, sont leurs opposantes les plus acharnées. "Les femmes ont été si passives depuis des décennies qu’il est très difficile de les intéresser à la vie publique", explique Ahmadi, bras droit de la première candidate déclarée, qui justifie ainsi le fait que la plupart des femmes ne lisent pas les tracts qui leur sont distribués, les jettent ou en font des éventails. Le quotidien de Boston rappelle que les Saoudiennes n’ont toujours pas la possibilité de conduire une voiture, de sortir seules et non voilées ni de travailler avec des hommes.
"L’islam ne permet pas à la femme d’occuper un poste qui lui donne un droit de regard sur l’homme. Une nation ne peut réussir si une femme prend le contrôle de ses affaires", soutient le professeur de théologie Adel ash-Shidi, cité par L’Orient-Le Jour. "Aux débuts de l’Etat islamique, on avait donné à une femme la responsabilité de l’organisation du marché de La Mecque, l’équivalent d’un poste dans une municipalité. L’islam autorisait ainsi les femmes à prendre part aux affaires publiques, l'Etat n’a pas le droit de leur nier ce droit", réplique Zein el-Abidine, membre exécutif de la commission saoudienne des droits de l’homme. Les textes réglementant les élections n’excluent pas explicitement les femmes, en faisant "usage du mot 'citoyen' sans précision de sexe", ajoute le quotidien libanais.
Malgré une prise de position claire du ministre saoudien des Affaires rurales, qui a affirmé à la télévision publique que les femmes ne participeront pas à cette élection, le gouvernement continue à cultiver l’ambiguïté. Quant aux trois candidates, elles ont fait savoir qu’elles ne baisseront pas les bras tant que ce dernier n’aura pas pris sa décision. En attendant de savoir si elles auront l’autorisation de se présenter, les femmes font comme si et affûtent leurs arguments électoraux.
Anne Collet
Cependant, la participation de ces femmes aux premières élections municipales de l’histoire de l’Arabie Saoudite n’est pas acquise. "Aucune décision sur le vote des femmes, et encore moins sur leur candidature éventuelle, n’a encore été prise par les autorités saoudiennes", explique Arab News. "Le silence du gouvernement est positif, il veut savoir comment l’idée d’une participation féminine au scrutin est perçue dans le royaume", croit savoir le Christian Science Monitor, qui rappelle que les Etats-Unis font pression sur l’Arabie Saoudite pour que cette dernière s’ouvre à la démocratie.
De leur côté, les candidates sont en train d’apprendre qu’outre les religieux ultraconservateurs, les femmes, au même titre que l’ignorance et la suffisance, sont leurs opposantes les plus acharnées. "Les femmes ont été si passives depuis des décennies qu’il est très difficile de les intéresser à la vie publique", explique Ahmadi, bras droit de la première candidate déclarée, qui justifie ainsi le fait que la plupart des femmes ne lisent pas les tracts qui leur sont distribués, les jettent ou en font des éventails. Le quotidien de Boston rappelle que les Saoudiennes n’ont toujours pas la possibilité de conduire une voiture, de sortir seules et non voilées ni de travailler avec des hommes.
"L’islam ne permet pas à la femme d’occuper un poste qui lui donne un droit de regard sur l’homme. Une nation ne peut réussir si une femme prend le contrôle de ses affaires", soutient le professeur de théologie Adel ash-Shidi, cité par L’Orient-Le Jour. "Aux débuts de l’Etat islamique, on avait donné à une femme la responsabilité de l’organisation du marché de La Mecque, l’équivalent d’un poste dans une municipalité. L’islam autorisait ainsi les femmes à prendre part aux affaires publiques, l'Etat n’a pas le droit de leur nier ce droit", réplique Zein el-Abidine, membre exécutif de la commission saoudienne des droits de l’homme. Les textes réglementant les élections n’excluent pas explicitement les femmes, en faisant "usage du mot 'citoyen' sans précision de sexe", ajoute le quotidien libanais.
Malgré une prise de position claire du ministre saoudien des Affaires rurales, qui a affirmé à la télévision publique que les femmes ne participeront pas à cette élection, le gouvernement continue à cultiver l’ambiguïté. Quant aux trois candidates, elles ont fait savoir qu’elles ne baisseront pas les bras tant que ce dernier n’aura pas pris sa décision. En attendant de savoir si elles auront l’autorisation de se présenter, les femmes font comme si et affûtent leurs arguments électoraux.
Anne Collet