Monde Arabe: revendications pour une véritable liberté de la presse et liberté d’association.

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Le Matin - Alger
Le Caire: 40 ONGs de défense des droits humains et une centaine d’intellectuels de 15 pays se réunissent pour dénoncer l'emprisonnement des journalistes algériens et les atteintes à la liberté d'expression dans leurs pays.
Des journalistes et des intellectuels arabes font le bilan sur les libertés d'expression et les droits de l'Homme.
40 organisations non gouvernementales arabes de défense des droits de l'homme et plus d'une centaine d'intellectuels venus de 15 pays de cette partie du monde se sont réunis mercredi 7 juillet au Caire pour dénoncer l'emprisonnement des journalistes algériens et les atteintes à la liberté d'expression dans leur pays respectif

Le procès des régimes arabes

C'est la première fois qu'une assemblée d'associations, à laquelle se sont joints d'éminents penseurs de la région, se réunit pour dénoncer « une situation des plus intenables en raison de la grave déliquescence de l'état des droits de l'Homme en général et de la liberté d'expression en particulier du citoyen arabe ».

L'indignation des intervenants dans les débats et la sonnette d'alarme tirée par la suite pour interpeller l'opinion internationale résonnent ainsi comme un démenti aux discours des dirigeants arabes qui ne cessent ces derniers mois de promettre, notamment lors de la réunion du G8, « d'instaurer et de respecter les règles démocratiques dans la gestion des affaires de leurs pays ».

Une amende honorable à laquelle ne croient pas aujourd'hui les intellectuels et les organisations non gouvernementales eu égard aux multiples dépassements et tentatives de museler toute expression libre. « Durant trois jours de débats, le cas des attaques contre la presse indépendante en Algérie et l'emprisonnement des journalistes pour délit de presse revenaient particulièrement d'une manière récurrente », a signalé M. Ibrahim Nawar, président de l'Organisation arabe de la liberté d'expression.

Dans le communiqué qui a couronné cette rencontre, les participants sont allés jusqu'à accuser officiellement « les régimes arabes de s'opposer à toute réforme et ont réclamé que soit accordée la liberté d'expression et d'action politique ». Plus que cela, les présents à cette initiative, parrainée par l'Organisation égyptienne des droits de l'Homme (OEDH), le Centre du Caire pour les études sur les droits de l'Homme, exigent, rapporte l'agence française de presse AFP, des décideurs arabes de respecter « la liberté de posséder des médias », « la liberté de créer et diriger des partis politiques, des syndicats et des ONG », ainsi que l'autorisation de la « liberté d'expression et de réunion ». La liberté de la presse et des organes des médias indépendants des gouvernements est, indique-t-on, la revendication qui a été largement abordée.

Les artisans de cette démarche ont réclamé aussi « la levée des lois d'urgence dans les pays où elles sont en vigueur », ainsi que « l'abolition des lois et des tribunaux d'exception », note l'AFP. Sur le plan de l'organisation du jeu démocratique, la conférence des ONG et des intellectuels arabes a fait état « du non-respect du principe de l'alternance au pouvoir qui, selon eux, doit être reconnu pour asseoir une véritable démocratie ».

La nécessité de « fixer une durée aux mandats présidentiels » ainsi que « la transformation des régimes monarchiques en monarchies constitutionnelles » ont été avancées comme une condition pour l'amélioration de la situation des droits de l'Homme dans les pays qui sont gérés par le règne absolu des monarques. « Les peuples arabes sont dans une impasse : d'une part, ils doutent des véritables intentions ou du sérieux des initiatives internationales de réforme, et de l'autre, ils réalisent que leurs gouvernements rejettent la réforme », lit-on dans le communiqué. Un document qui fait part de la soumission obligée des peuples arabes qui « n'ont pas la force nécessaire pour imposer à leurs gouvernements d'entamer des réformes ».

Les participants considèrent que « le dernier sommet arabe de Tunis en mai dernier a présenté une nouvelle preuve que la majorité des gouvernements arabes refusent la réforme () et s'est contenté de souligner les bonnes intentions (des gouvernements) sans aucun engagement ou calendrier, comme ils ont lié la réforme au règlement de la question palestinienne ».

« L'occupation israélienne est un prétexte tout trouvé, selon les organisations, pour exploiter les souffrances du peuple palestinien afin de faire obstacle aux réformes ou justifier les violations des droits de l'Homme ». « Les gouvernements arabes portent la responsabilité de l'humiliation que constitue le fait que la communauté internationale a dû présenter des initiatives de réformes politiques pour la région, en raison du refus constant des gouvernements de ces pays d'introduire des réformes », ajoute le texte.

Nadir Benseba
Le Matin - 08-07-2004