Suisse: Les femmes s'unissent contre l'islamisme
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Le Temps Une fédération internationale vient de voir le jour à Genève.
Elle entend dénoncer les effets de l'intégrisme sur les droits et le statut des femmes, sans se limiter aux pays musulmans.
Un combat déterminant contre la misogynie, qui s'inscrit dans la lutte mondiale pour l'égalité des droits.
Le combat mondial des femmes contre l'intégrisme islamique a donné naissance mercredi à une nouvelle institution. La «Fédération internationale des femmes contre le fondamentalisme et pour l'égalité» s'est rassemblée pour la première fois à Genève, pour élire son comité de direction.
Féministes, membres d'associations et déléguées d'organisations d'émancipation de la femme en provenance de 18 pays – occidentaux, africains et du Proche-Orient – les participantes entendent former un rempart institutionnel contre la misogynie inhérente à l'intégrisme islamique.
La nouvelle plate-forme d'action commune, qui dispose dorénavant d'un secrétariat permanent à Genève, entend dénoncer l'action des fondamentalistes musulmans où elle s'exerce, mais aussi sensibiliser l'opinion publique et spécialement les femmes, dans le monde occidental.
«Le but n'est pas de polémiquer sur le fondamentalisme. Il ne s'agit pas d'ailleurs d'un combat contre une religion particulière, explique Sarvi Chitsaz, présidente de la commission des droits des femmes au sein du Conseil national de la résistance iranienne. Le plus important est de porter l'impact de l'intégrisme sur les femmes à la connaissance du public. Le problème ne concerne pas uniquement le Proche-Orient, les pays arabes et musulmans. Les menaces contre la paix, l'égalité et le droit des femmes s'intensifient dans le monde entier. En Iran par exemple, trop de monde ignore que la répression continue contre les femmes. A l'Ouest, on a l'impression que les choses s'améliorent alors qu'elles se dégradent toujours plus.»
Connaître le combat des femmes contre l'intégrisme islamique est primordial pour les associations féministes occidentales. «En Suisse nous avons la chance de voir l'égalité inscrite dans la Constitution, avec des lois qui la protège, explique Fabienne Bugnon, ancienne conseillère nationale et directrice du Service de promotion de l'égalité entre hommes et femmes de Genève. Mais nous nous rendons compte aujourd'hui que cette égalité recule. Le dialogue auquel nous participons ici nous est très utile pour savoir comment nous défendre.»
Au sein de la fédération, les organisations membres bénéficient avant tout d'un lieu d'échange et de dialogue privilégié. «Pour ne pas juger les autres pays, il est capital de pouvoir les écouter nous parler des fondamentalismes, souligne Salika Wenger, députée au Grand Conseil genevois. Les femmes musulmanes vont nous parler, nous expliquer les nuances du débat.» D'origine algérienne et représentante d'un Etat laïc, la députée prône «le respect des unes et des autres», dans ce cadre qui permet d'éviter l'eurocentrisme grâce à sa dimension internationale. Elle insiste également sur le fait que le fondamentalisme existe dans toutes les religions. «L'islam est à la base une religion humaniste. Il est important de comprendre qu'il faut lutter contre les conséquences de tous les fondamentalismes sur les femmes.»
«Le dialogue entre les civilisations doit être diffusé par la liberté et la tolérance, à l'image du message véhiculé par l'islam dans son appel à la fraternité, précise Habiba Nefissi, représentante de l'Association des femmes tunisiennes en France.»
Anne Land, une juriste danoise qui milite pour les droits de l'homme, défend l'utilité du dialogue tout en évoquant les actions à envisager: «Le plus important est de créer un forum démocratique où échanger les idées des femmes mobilisées dans le monde contre l'intégrisme. A partir de là, il faut prévoir un agenda pour faire part de nos réflexions aux médias et aux gouvernements. Mais nous n'avons pas beaucoup de temps devant nous. Des femmes sont sous la menace du régime intégriste iranien. Il faut dresser un plan d'action d'urgence.»
En Iran, où la résistance des femmes au régime fondamentaliste est citée en exemple par les représentantes, la nouvelle institution veut agir prioritairement. Elle lance un appel en faveur des réfugiées du camp d'Ashraf, en Irak, où un millier de femmes iraniennes dissidentes sont menacées. Ce bastion de la principale opposition au régime de Téhéran redoute son extradition vers l'Iran. Un tel déplacement entraînerait la torture et l'assassinat des femmes qui se battent pour un Etat démocratique, et porterait un sérieux coup au combat des femmes pour l'égalité des droits. La Fédération demande l'accueil en Europe des réfugiées avec la garantie de leur sécurité.
La fédération n'exclut pas les hommes. Une jeune militante française insiste sur la nécessité de les associer à ce combat: «Pour briser le silence mondial qui permet à l'intégrisme de prendre de l'importance, nous devons montrer aux intégristes que beaucoup d'hommes respectent les femmes.»
Jeudi 8 avril 2004 - Le Temps
Le combat mondial des femmes contre l'intégrisme islamique a donné naissance mercredi à une nouvelle institution. La «Fédération internationale des femmes contre le fondamentalisme et pour l'égalité» s'est rassemblée pour la première fois à Genève, pour élire son comité de direction.
Féministes, membres d'associations et déléguées d'organisations d'émancipation de la femme en provenance de 18 pays – occidentaux, africains et du Proche-Orient – les participantes entendent former un rempart institutionnel contre la misogynie inhérente à l'intégrisme islamique.
La nouvelle plate-forme d'action commune, qui dispose dorénavant d'un secrétariat permanent à Genève, entend dénoncer l'action des fondamentalistes musulmans où elle s'exerce, mais aussi sensibiliser l'opinion publique et spécialement les femmes, dans le monde occidental.
«Le but n'est pas de polémiquer sur le fondamentalisme. Il ne s'agit pas d'ailleurs d'un combat contre une religion particulière, explique Sarvi Chitsaz, présidente de la commission des droits des femmes au sein du Conseil national de la résistance iranienne. Le plus important est de porter l'impact de l'intégrisme sur les femmes à la connaissance du public. Le problème ne concerne pas uniquement le Proche-Orient, les pays arabes et musulmans. Les menaces contre la paix, l'égalité et le droit des femmes s'intensifient dans le monde entier. En Iran par exemple, trop de monde ignore que la répression continue contre les femmes. A l'Ouest, on a l'impression que les choses s'améliorent alors qu'elles se dégradent toujours plus.»
Connaître le combat des femmes contre l'intégrisme islamique est primordial pour les associations féministes occidentales. «En Suisse nous avons la chance de voir l'égalité inscrite dans la Constitution, avec des lois qui la protège, explique Fabienne Bugnon, ancienne conseillère nationale et directrice du Service de promotion de l'égalité entre hommes et femmes de Genève. Mais nous nous rendons compte aujourd'hui que cette égalité recule. Le dialogue auquel nous participons ici nous est très utile pour savoir comment nous défendre.»
Au sein de la fédération, les organisations membres bénéficient avant tout d'un lieu d'échange et de dialogue privilégié. «Pour ne pas juger les autres pays, il est capital de pouvoir les écouter nous parler des fondamentalismes, souligne Salika Wenger, députée au Grand Conseil genevois. Les femmes musulmanes vont nous parler, nous expliquer les nuances du débat.» D'origine algérienne et représentante d'un Etat laïc, la députée prône «le respect des unes et des autres», dans ce cadre qui permet d'éviter l'eurocentrisme grâce à sa dimension internationale. Elle insiste également sur le fait que le fondamentalisme existe dans toutes les religions. «L'islam est à la base une religion humaniste. Il est important de comprendre qu'il faut lutter contre les conséquences de tous les fondamentalismes sur les femmes.»
«Le dialogue entre les civilisations doit être diffusé par la liberté et la tolérance, à l'image du message véhiculé par l'islam dans son appel à la fraternité, précise Habiba Nefissi, représentante de l'Association des femmes tunisiennes en France.»
Anne Land, une juriste danoise qui milite pour les droits de l'homme, défend l'utilité du dialogue tout en évoquant les actions à envisager: «Le plus important est de créer un forum démocratique où échanger les idées des femmes mobilisées dans le monde contre l'intégrisme. A partir de là, il faut prévoir un agenda pour faire part de nos réflexions aux médias et aux gouvernements. Mais nous n'avons pas beaucoup de temps devant nous. Des femmes sont sous la menace du régime intégriste iranien. Il faut dresser un plan d'action d'urgence.»
En Iran, où la résistance des femmes au régime fondamentaliste est citée en exemple par les représentantes, la nouvelle institution veut agir prioritairement. Elle lance un appel en faveur des réfugiées du camp d'Ashraf, en Irak, où un millier de femmes iraniennes dissidentes sont menacées. Ce bastion de la principale opposition au régime de Téhéran redoute son extradition vers l'Iran. Un tel déplacement entraînerait la torture et l'assassinat des femmes qui se battent pour un Etat démocratique, et porterait un sérieux coup au combat des femmes pour l'égalité des droits. La Fédération demande l'accueil en Europe des réfugiées avec la garantie de leur sécurité.
La fédération n'exclut pas les hommes. Une jeune militante française insiste sur la nécessité de les associer à ce combat: «Pour briser le silence mondial qui permet à l'intégrisme de prendre de l'importance, nous devons montrer aux intégristes que beaucoup d'hommes respectent les femmes.»
Jeudi 8 avril 2004 - Le Temps