La condition féminine enjeu de modernité en terre d'Islam
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AFP L'adoption au Maroc d'une profonde réforme du droit des femmes, dans un climat de consensus politique, constitue une rare exception dans un monde musulman où la condition féminine est l'objet d'un combat acharné entre modernistes et islamistes radicaux.
Le nouveau code de la famille marocain, entré en vigueur début février, qui établit une large égalité de droits entre les hommes et les femmes, a été adopté à l'unanimité par les deux chambres du parlement de Rabat.
Conforme aux préceptes du Coran selon son inspirateur, le roi Mohammed VI, le texte instaure notamment des règles draconiennes pour limiter la polygamie et la répudiation tandis que l'âge légal du mariage des femmes est porté de 15 à 18 ans.
Des avancées de droit aussi brusques se heurteraient à de fortes résistances dans bon nombre de pays musulmans en Afrique, au Moyen Orient ou en Asie, où ces questions font l'objet de débats exacerbés dont se nourissent les groupes intégristes dans leur lutte contre les modèles venus de l'Occident.
En Afrique du nord, si la Tunisie fait elle aussi figure d'exception, avec une législation très libérale proclamée en 1956 par l'ex-président Habib Bourguiba, l'Algérie voisine dispose d'un code de la famille, inspiré de la charia (loi islamique), qui prévoit des restrictions drastiques aux droits des femmes.
Cette législation de 1984 adoptée par le parti unique du Front de libération nationale (FLN), qualifiée de "code de la honte" par les associations féministes, place la femme sous tutelle et reconnaît la polygamie comme la répudiation.
Les évolutions de la condition féminine divisent modernistes et islamistes dans la plupart des autres pays musulmans d'Afrique, tel le Sénégal (95% de musulmans) où des associations regroupées dans le Comité islamique pour la réforme du code de la famille réclament la refonte d'un texte jugé trop proche du modèle français.
Dans ce dernier pays comme au Ghana ou encore en Egypte, la persistance d'une large pratique de l'excision des jeunes filles (ablation du clitoris) constitue un autre cheval de bataille des associations féministes locales, relayées par des ONG internationales.
Des théologiens musulmans assurent au demeurant que cette mutilation, pratiquée dans une trentaine de pays africains, musulmans comme non-musulmans, n'a rien à voir avec l'islam.
Au Proche ou au Moyen-Orient, coeur du monde musulman, le débat sur la situation et les droits des femmes n'est apparu que très récemment dans certains pays où le sujet n'avait guère émergé pour troubler le règne séculaire de lois islamiques appliquées à la lettre.
C'est le cas de l'Arabie saoudite - gardienne des Lieux Saints -, où le grand mufti s'est violemment opposé, le 21 janvier dernier, à une montée au créneau de Saoudiennes qui entendent rompre avec la domination de l'homme et le poids de la tradition.
Cheikh Abdel Aziz a dénoncé des femmes d'affaires qui se sont mêlées aux hommes, osant même lever leur voile, devant un Forum économique à Djeddah. "C'est illicite", a-t-il assuré, dénonçant "la publication par les journaux de photos de ces femmes dans cet état contraire à la charia".
En Jordanie, le jeune roi Abdallah II et la reine Rania ont pris diverses initiatives pour améliorer la situation des femmes dans le royaume hachémite, luttant par exemple contre les "crimes d'honneur" - l'assassinat punitif, notamment par leurs maris, de femmes accusées d'adultère. Encore ces dernières y échappent-elles à la lapidation, une pratique qui survit dans des pays comme le Nigéria ou le Pakistan.
Si le renversement des Talibans, en Afghanistan, a permis la mise en place d'une législation moderne - qui est encore très loin d'être appliquée -, l'intervention militaire en Irak a paradoxalement donné des ailes aux chiites intégristes qui entendent revenir sur un code de la famille, adopté dès 1958, qui était l'un des plus avancés des pays musulmans.
En Asie enfin, où vivent 700 millions de musulmans sur le milliard que compte la planète, rassemblés notamment en Indonésie, au Pakistan, en Inde et au Bangladesh, l'Islam et la condition féminine ne présentent pas non plus un visage uniforme et sont liés, comme ailleurs, aux sociétés et aux traditions locales.
Des groupes islamistes radicaux et écoles coraniques ont fleuri au cours des dernières années au Pakistan comme en Malaisie, menaçant de remettre en cause une évolution de ces sociétés vers une forme de laïcité modérée et tolérante dont le statut de femmes constitue l'un des principaux enjeux.
© Copyright AFP
Des avancées de droit aussi brusques se heurteraient à de fortes résistances dans bon nombre de pays musulmans en Afrique, au Moyen Orient ou en Asie, où ces questions font l'objet de débats exacerbés dont se nourissent les groupes intégristes dans leur lutte contre les modèles venus de l'Occident.
En Afrique du nord, si la Tunisie fait elle aussi figure d'exception, avec une législation très libérale proclamée en 1956 par l'ex-président Habib Bourguiba, l'Algérie voisine dispose d'un code de la famille, inspiré de la charia (loi islamique), qui prévoit des restrictions drastiques aux droits des femmes.
Cette législation de 1984 adoptée par le parti unique du Front de libération nationale (FLN), qualifiée de "code de la honte" par les associations féministes, place la femme sous tutelle et reconnaît la polygamie comme la répudiation.
Les évolutions de la condition féminine divisent modernistes et islamistes dans la plupart des autres pays musulmans d'Afrique, tel le Sénégal (95% de musulmans) où des associations regroupées dans le Comité islamique pour la réforme du code de la famille réclament la refonte d'un texte jugé trop proche du modèle français.
Dans ce dernier pays comme au Ghana ou encore en Egypte, la persistance d'une large pratique de l'excision des jeunes filles (ablation du clitoris) constitue un autre cheval de bataille des associations féministes locales, relayées par des ONG internationales.
Des théologiens musulmans assurent au demeurant que cette mutilation, pratiquée dans une trentaine de pays africains, musulmans comme non-musulmans, n'a rien à voir avec l'islam.
Au Proche ou au Moyen-Orient, coeur du monde musulman, le débat sur la situation et les droits des femmes n'est apparu que très récemment dans certains pays où le sujet n'avait guère émergé pour troubler le règne séculaire de lois islamiques appliquées à la lettre.
C'est le cas de l'Arabie saoudite - gardienne des Lieux Saints -, où le grand mufti s'est violemment opposé, le 21 janvier dernier, à une montée au créneau de Saoudiennes qui entendent rompre avec la domination de l'homme et le poids de la tradition.
Cheikh Abdel Aziz a dénoncé des femmes d'affaires qui se sont mêlées aux hommes, osant même lever leur voile, devant un Forum économique à Djeddah. "C'est illicite", a-t-il assuré, dénonçant "la publication par les journaux de photos de ces femmes dans cet état contraire à la charia".
En Jordanie, le jeune roi Abdallah II et la reine Rania ont pris diverses initiatives pour améliorer la situation des femmes dans le royaume hachémite, luttant par exemple contre les "crimes d'honneur" - l'assassinat punitif, notamment par leurs maris, de femmes accusées d'adultère. Encore ces dernières y échappent-elles à la lapidation, une pratique qui survit dans des pays comme le Nigéria ou le Pakistan.
Si le renversement des Talibans, en Afghanistan, a permis la mise en place d'une législation moderne - qui est encore très loin d'être appliquée -, l'intervention militaire en Irak a paradoxalement donné des ailes aux chiites intégristes qui entendent revenir sur un code de la famille, adopté dès 1958, qui était l'un des plus avancés des pays musulmans.
En Asie enfin, où vivent 700 millions de musulmans sur le milliard que compte la planète, rassemblés notamment en Indonésie, au Pakistan, en Inde et au Bangladesh, l'Islam et la condition féminine ne présentent pas non plus un visage uniforme et sont liés, comme ailleurs, aux sociétés et aux traditions locales.
Des groupes islamistes radicaux et écoles coraniques ont fleuri au cours des dernières années au Pakistan comme en Malaisie, menaçant de remettre en cause une évolution de ces sociétés vers une forme de laïcité modérée et tolérante dont le statut de femmes constitue l'un des principaux enjeux.
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