Inde: Une nouvelle lecture de la charia
Source:
Courrier International En Inde et pour la première fois dans l’histoire de l’islam, des femmes vont devenir guides spirituels, ou muftis, et pourront ainsi prononcer des décrets religieux appelés fatwas.
“Un nouveau bastion vient de tomber", titre le quotidien The Times of India.
En effet, un collège religieux dont la vocation est la formation de muftis féminins - dix ans sont nécessaires pour le devenir - a ouvert ses portes à Hyderabad, dans le centre de l’Inde. "Pendant la cérémonie d’inauguration, trois femmes muftis nouvellement nommées ont pu édicter leur première fatwa", rapporte le journal. Cette fatwa rappelle que selon la charia les femmes ont l’autorisation de se faire belles et de se maquiller. En revanche, elles n’ont pas le droit de porter des verres de contact de couleur, de se blanchir la peau, de s’épiler ni de porter des vêtements d’homme. L’institution installée à quelques kilomètres de la ville a été pourvue d’une bibliothèque, d’un centre de recherche, d’une salle informatique avec des connexions à Internet et son propre site en ourdou. Elle possède surtout un lieu de rencontre exclusivement réservé aux femmes où seuls les sujets reliés à la condition féminine pourront être abordés.
“A cause du voile qui les couvre de la tête aux pieds - appelé purdah en Inde -, les femmes ne se montrent pas face à un mufti homme, elles sont dans l’impossibilité d’exprimer librement leurs problèmes personnels et doivent passer par l’écrit. Le fait d’avoir une femme comme interlocutrice rend les choses plus faciles", explique au journal Moulana Hafiz Mohammed Mastan, le directeur du centre.
“Il s’agit certainement d’une avancée, les musulmanes dans le besoin pourront venir chercher conseil, en particulier à propos de ce qui est l’essentiel de la vie des femmes en Inde, le mariage", reconnaît The Times of India. Le journal ajoute cependant un bémol, car "les femmes, même si elles accèdent au premier rang des muftis, seront toujours cantonnées aux problèmes exclusivement féminins".
Anne Collet
© www.courrierinternational.com
(25-09-2003)
WLUML souligne que même s’il est désormais reconnu qu’il existe des collèges religieux de formation de muftis féminins dans plusieurs pays et communautés musulmanes, il est intéressant de constater que ce genre d’institution vient d’ouvrir ses portes au sein de la communauté musulmane indienne minoritaire. Cela pourrait être un signe révélateur de la montée de l’identité religieuse en Inde et la volonté manifeste des communautés religieuses d’attirer plus de femmes afin de renforcer leur influence. Les courants conservateurs ainsi que les groupes d’extrême- droite en Asie du Sud utilisent désormais le langage consacré au droit des femmes et aux droits humains pour pouvoir attirer plus d'adeptes.
L’on pourrait se demander alors dans quelle mesure les muftis féminins issus de ces collèges collaboreront avec les femmes activistes travaillant avec les communautés musulmanes sur d’importants thèmes tels que la réforme du code de la famille.
“A cause du voile qui les couvre de la tête aux pieds - appelé purdah en Inde -, les femmes ne se montrent pas face à un mufti homme, elles sont dans l’impossibilité d’exprimer librement leurs problèmes personnels et doivent passer par l’écrit. Le fait d’avoir une femme comme interlocutrice rend les choses plus faciles", explique au journal Moulana Hafiz Mohammed Mastan, le directeur du centre.
“Il s’agit certainement d’une avancée, les musulmanes dans le besoin pourront venir chercher conseil, en particulier à propos de ce qui est l’essentiel de la vie des femmes en Inde, le mariage", reconnaît The Times of India. Le journal ajoute cependant un bémol, car "les femmes, même si elles accèdent au premier rang des muftis, seront toujours cantonnées aux problèmes exclusivement féminins".
Anne Collet
© www.courrierinternational.com
(25-09-2003)
WLUML souligne que même s’il est désormais reconnu qu’il existe des collèges religieux de formation de muftis féminins dans plusieurs pays et communautés musulmanes, il est intéressant de constater que ce genre d’institution vient d’ouvrir ses portes au sein de la communauté musulmane indienne minoritaire. Cela pourrait être un signe révélateur de la montée de l’identité religieuse en Inde et la volonté manifeste des communautés religieuses d’attirer plus de femmes afin de renforcer leur influence. Les courants conservateurs ainsi que les groupes d’extrême- droite en Asie du Sud utilisent désormais le langage consacré au droit des femmes et aux droits humains pour pouvoir attirer plus d'adeptes.
L’on pourrait se demander alors dans quelle mesure les muftis féminins issus de ces collèges collaboreront avec les femmes activistes travaillant avec les communautés musulmanes sur d’importants thèmes tels que la réforme du code de la famille.