Senegal: Les partisans de la charia passent à l’offensive

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Courrier International
Certains chefs religieux musulmans demandent la modification du code de la famille, qu’ils jugent contraire à leurs valeurs religieuses et culturelles.
Ils proposent à la place l’adoption de la charia, texte inspiré de la loi musulmane.
Lors des sermons du vendredi, les mosquées relayeront désormais l’exigence d’une modification du code de la famille. “Les religieux musulmans réunis jeudi 31 juillet autour de Me Babacar Niang, ancien candidat à la présidence de la République et dirigeant du Comité islamique pour la réforme du code de la famille du Sénégal (CIRCOFS), en ont décidé ainsi”, rapporte le quotidien sénégalais “Wal Fadjri”.

Entre le président Wade et les imams, c’est un combat sans concessions qui est engagé depuis près de quatre mois. En mai dernier, le chef de l’Etat avait déclaré avec “force et clarté” son refus d’une telle révision. Il avait indiqué que jamais une telle réforme ne se ferait durant son mandat. Il a fait remarquer, dans les colonnes du quotidien “Le Soleil”, que le Coran ne devait pas être un alibi. Citant l’amputation des mains des voleurs ou la flagellation des femmes adultères, qui ne sont pas appliquées, Abdoulaye Wade considère qu’“on laisse autant de pratiques de côté pour se lever un beau matin et demander l’application de la charia”. Il s’est même étonné que Me Niang ne l’ait pas mis dans son programme électoral à la dernière présidentielle.

code de la famille contraire à l’islam

Avant l’avis du président, les députés avaient déjà affirmé leur opposition au texte du CIRCOFS. Les opposants à la réforme, qui ont adressé une lettre au président et au Parlement, sont inquiets “quant à la tournure que la vie de toute la nation prendrait si jamais un code de la famille basé sur la charia islamique voyait le jour au Sénégal”. Pour eux, ce projet “présente un risque réel pour la liberté des individus… plus particulièrement les femmes”.

Le débat n’est pas nouveau. Les partisans d’une réforme du code se sont approprié les conclusions de l’”analyse islamique du projet de code de la famille” effectuée en 1972 par le Conseil supérieur islamique du Sénégal (CSIS), qui s’était opposé à l’adoption du texte actuellement en vigueur. Le CIRCOFS juge que le code de la famille est en de nombreux points contraire à l’islam. Il réclame à la place “un code de statut personnel qui tienne compte de nos valeurs religieuses et culturelles, et qui respecte la liberté de conscience inscrite dans la Constitution du Sénégal”.

“Wal Fadjri” rappelle qu’en juin dernier le président du Collectif des jeunes chefs religieux musulmans a estimé que le code actuel était “d’inspiration chrétienne”, ajoutant que “le gouvernement a déclenché entre lui et les chefs religieux une guerre dont on ne saurait prévoir les conséquences”. Mais, d’après “Le Soleil”, Me Wade a prévenu qu’il ne laissera pas faire “ceux qui ont laissé les présidents Senghor et Diouf appliquer le code de la famille se réveiller un beau matin et vouloir le modifier”.

Sahi Soumahoro
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