Belgique/Iran: Les lois sur le voile

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WLUML Networkers

Tout le monde est égal mais il y en a qui sont plus égaux que les autres, par Shadi Sadr: Depuis des années, le débat sur le voile est perçu comme une question complexe, non seulement dans les pays musulmans mais également en Occident. Au cours de la dernière semaine d'avril 2010, deux discussions sur le voile ont eu lieu simultanément, dans deux régions du monde. En Belgique, le parlement mettait en débat un projet de loi interdisant aux femmes de porter la burqa dans les lieux publics. En Iran, le gouvernement annonçait ses projets d'extension et d'application des lois sur le voile et de celles sur la chasteté. Selon la loi belge, toute femme se couvrant le corps entièrement, y compris le visage, recevra une amende de 15 à 25 € - ou sera emprisonnée pour une période de sept jours. Selon le plan d'action iranien sur l'extension et l'application du voile et de la chasteté, les autorités gouvernementales doivent inventer encore plus de restrictions et de limitations sur les questions de voile et de ségrégation entre les sexes dans tout espace public.

Dans une déclaration, l'organisation de droits humains Amnesty International exhortait le parlement belge à ne pas voter cette loi qui interdit de porter la burqa en public, car, déclarait-elle, cette loi violait les droits humains des femmes: ' Une interdiction générale de porter un voile intégral violerait les droits à la liberté d'expression et de religion pour celles de ces femmes qui choisissent d'exprimer leur identité ou leurs croyances de cette façon'.

De même, Human Rights Watch faisait une déclaration condamnant l'interdiction et engageant la Belgique à ne pas voter cette loi:" Elle viole les droits de celles qui choisissent de porter le voile, et ne fait rien pour aider celles qui sont forcées de le porter'.

Jusqu'à ce jour, ni l'une, ni l'autre de ces organisations n'a réagit à  l'application de plus en plus stricte du voile obligatoire par l'Iran, qui se traduit par une répression accrue contre les femmes.

Il n'est pas dans mes intentions de formuler une critique féministe des actions d'Amnesty International ou de Human Rights Watch, ni de m’engager sur ce sujet complexe de savoir si l’on peut comparer le port de la burqa à celui du voile. Je ne veux me pencher ici que sur les actions de ces deux organisations de droits humains concernant les lois sur le voile dans deux pays différents: l'Iran et la Belgique.

Le droit d'une femme vis à vis du voile comporte et la liberté de se voiler et celle de ne pas se voiler. De même, le droit de ne pas exprimer publiquement ses sentiments religieux doit être reconnu comme faisant partie du droit de l'individu à les exprimer. Le choix de ne pas observer de pratique religieuse doit être autant respecté que celui de ne pas les observer.

Après leur prise du pouvoir, en février 1979, les dirigeants islamistes de l'Iran  ont immédiatement imposé l'obligation de porter le voile. Pendant ces trente et une dernières années, ils, à cet égard, ont continué de violer les droits de toutes les femmes non musulmanes et non religieuses. Tout récemment, le gouvernement iranien a initié un nouveau cycle de répression contre les femmes, que ce soit au travail, à l'université, dans les écoles, les stades ou d'autres lieux publics.

Ainsi, les droits humains des femmes, qui représentent la moitié des 70 millions d’Iraniens, continuent à être violés sans que les principales organisations de droits humains ne fassent aucune déclaration, n’expriment aucune inquiétude ou n’aient de réaction. Ces mêmes organisations clament de façon urgente et passionnée leur opposition à la loi belge interdisant la burqa, qui, par contraste, n'affecte que 25 ou 30 femmes.

On tient pour acquis que, lorsque l’on parle de droits humains, il s’agit bien de droits de tous les humains partout dans le monde, sans exception aucune, et sans donner plus d'importance à certaines populations qu'à d'autres. Cependant il semble qu'Amnesty International et Human Rights Watch utilisent des standards différents quand il s'agit de l'Iran et de sa mise en vigueur encore plus stricte de l'obligation de se voiler.

Il est temps que ces organisations expriment clairement leur position sur l'usage accru de la force par le gouvernement iranien, en matière de politique d'habillement des femmes. Considérant l'obligation de se voiler que subissent des millions d’Iraniennes et la répression continue qui s’exerce sur elles, celles ci ont droit de savoir pourquoi leur réalité n'est pas considérée comme digne d'être traitée en haute priorité.