Iran: Solidarité avec les démocrates iraniens en lutte

Source: 
Le Monde

Le soulèvement du peuple iranien contre le régime tyrannique des mollahs a été une fois de plus, le dimanche 27 décembre, réprimé dans le sang. Les nombreux tués ou blessés lors des manifestations viennent allonger la longue et sinistre liste des patriotes iraniens qui sacrifient leur vie pour la liberté de leur peuple. Le peuple iranien ne réclame que l'installation de la démocratie. Ce soulèvement qui a commencé en juin 2009 a un objectif clair : la chute du dictateur Khamenei et de sa marionnette Ahmadinejad, qui ne répondent que par la violence et la terreur aux exigences du peuple iranien. Les cris des manifestants sont dépourvus de toute équivoque : "Mort au dictateur !", "Khamenei assassin ! son régime est illégitime !".

Le régime ne parvient pas à contenir l'insurrection, malgré le déploiement de toutes les forces de répression du régime. Les " contre-manifestations " organisées hâtivement ne parviennent pas à donner le change. La propagande du régime pointant du doigt les "Moudjahidines du peuple" n'a montré que l'extrême désarroi du dictateur. Dès le lendemain des manifestations de "soutien" au régime, les Iraniens continuaient d'occuper les rues des villes du pays et de braver les forces de répression de la dictature.

Au niveau international, avec un Occident craintif, le régime, connaissant les intérêts économiques en jeu (Areva, Total, Renault... pour la France), savait qu'il n'aurait que des déclarations à affronter, déclarations qui ne sont destinées qu'aux opinions publiques. Bien qu'ils aient poursuivi une stratégie de production d'uranium enrichi, menaçant ainsi de se doter de l'arme nucléaire, les mollahs se trouvaient encouragés par un silence complice de la part des puissances démocratiques.

Le Conseil national de la résistance iranienne, certainement l'une des principales formations d'opposition contre le régime, avait pourtant révélé l'existence de sites d'enrichissement dès 2002, sans qu'aucune mesure ne fût prise par la communauté internationale. C'est seulement en 2009 que l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) a été saisie sans suites significatives jusqu'à ce jour.

Des fissures commençant à lézarder le régime de l'intérieur, des frémissements semblent se produire dans l'arène internationale. Continuant de mener une politique de complaisance, au nom de la recherche du "dialogue" depuis plus d'un an, le président américain montre des signes de désillusion. Le massacre, devant les caméras, de citoyens iraniens en lutte pour la liberté de leur peuple ébranle la légitimité du régime des mollahs.

Que pouvons-nous faire ? Le gouvernement français doit en finir avec sa politique de double langage : d'un côté un discours affichant sa condamnation de la répression mise en œuvre par le régime des mollahs, de l'autre le soutien aux groupes économiques français comme Total, Areva et Renault, dont la seule présence en Iran constitue un vrai soutien au régime. Il est temps d'être solidaire du peuple iranien en lutte qui se bat héroïquement pour se libérer des chaînes du fascisme religieux. Il faut suspendre les relations diplomatiques avec le régime des mollahs.

Au nom du peuple français, épris de liberté et au nom de ses traditions démocratiques, nos élus doivent s'exprimer. Nous ne pouvons plus continuer de fermer les yeux sur ce qui se passe, devant nous, sur les écrans de nos télévisions. Le vieux peuple iranien, héritier d'une histoire et d'une culture vieilles de plusieurs millénaires, est en droit d'attendre la solidarité du peuple français, de ses élus, de son gouvernement. Contribuer à la chute du régime bestial des mollahs passe par son isolement et un soutien clair aux forces de l'opposition, en particulier celles qui se prononcent clairement pour un régime laïque et démocratique, ce qui leur a valu de connaître les geôles aussi bien du Chah que des mollahs. Il est temps de sortir de l'ambiguïté. Nous devons être du côté du peuple iranien en lutte pour se libérer de la tyrannie qui l'opprime. Il faut faire connaître au régime au pouvoir en Iran que la poursuite d'un processus de normalisation des relations est subordonnée à un comportement de respect des libertés fondamentales, à commencer par la liberté de manifester ses opinions et de choisir son régime politique.

Par Jean-Pierre Brard

LEMONDE.FR | 13.01.10 | 17h47  •  Mis à jour le 14.01.10 | 09h0
 
Jean-Pierre Brard est député de la Seine-Saint-Denis, maire honoraire de Montreuil.