Soudan: Loubna Hussein et le combat d'une femme libre

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Jeune Afrique
Libérée le 8 septembre contre son gré, la journaliste soudanaise de 34 ans n’aura passé qu’une nuit en détention.
Loubna Hussein était résolue à purger la totalité de sa peine de prison, soit un mois. Je ne suis pas satisfaite. Plus de 700 femmes restent enfermées parce qu’elles n’ont personne pour payer l’amende que le juge leur a infligée », s’est-elle indignée à sa sortie du pénitencier.
Pour elle, aller en prison faisait partie du combat. C’est l’Association des journalistes soudanais qui, sans lui demander son avis, a acquitté les 200 dollars d’amende que la « journaliste au pantalon » avait symboliquement refusé de payer.

De la même façon, elle avait renoncé à son immunité diplomatique en démissionnant de son poste dans une agence onusienne basée à Khartoum pour affronter et dénoncer le système ultraconservateur de la République islamique du Soudan.

Loubna Hussein a expliqué dans un texte publié en exclusivité par J.A. la semaine dernière combien son combat allait au-delà de sa propre affaire. Son but : faire évoluer les lois les plus liberticides du pays, obtenir un « réel changement ». Quelques dizaines de femmes, en pantalon comme elle, lui ont apporté leur soutien, dénonçant la menace des « coups de fouets » qui, selon elles, ne sont pas dans les traditions soudanaises.

En dépit de l’embarras que leur a causé le retentissement international de l’affaire, les autorités n’ont pas hésité à châtier dix autres femmes, au cours de cette période, condamnées à dix coups de fouet chacune pour la même infraction. Aussi longtemps que le code pénal soudanais comportera cette disposition inique, les femmes seront discriminées et soumises à des châtiments cruels et dégradants.

7/09/2009 14:53:22

Par : Georges Dougueli

Source : Jeune Afrique