Irak : Ministre de la Condition féminine présente sa démission

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IRIN
Nawal al-Samaraie a présenté sa démission le 3 février, invoquant un manque de ressources l’empêchant de mettre en œuvre ses projets destinés à améliorer la condition des femmes.
« Je n’ai qu’un bureau, pas un ministère entier, des ressources insuffisantes et une autorité limitée… Ma mission est très difficile, sinon impossible, à remplir », a déclaré Mme Al-Samaraie à IRIN.
« Mon bureau se trouve dans la Zone verte [zone sécurisée du centre de Bagdad, la capitale irakienne] et n’a pas d’annexes dans les autres provinces, ni assez de fonds pour organiser des conférences, inviter des experts à mener des études et mettre en œuvre des plans de développement », a-t-elle déploré. « Comment puis-je faire mon travail et aider les femmes dans ces conditions ? ».

Selon Mme Al-Samaraie, une « foule » de femmes sans instruction, de veuves, de victimes de violence domestique et de déplacées internes ont cruellement besoin d’aide.

« Ma démission est un avertissement adressé au gouvernement et une protestation face à son incapacité à évaluer les besoins des femmes », a-t-elle expliqué.

Une frustration dont se fait l’écho un groupe d’activistes de la condition féminine dirigé par Safia al-Suhail, éminente membre du Parlement et défenseuse du droit des femmes.

« Quand nous parlons des femmes d’Irak, nous parlons de près de 65 pour cent de la population. Elles ont besoin d’une stratégie nationale globale qui leur permette de jouir de leurs droits légaux, sanitaires et sociaux », a déclaré Mme Al-Suhail.

Appel à la formation d’une commission indépendante

Cette stratégie, selon Mme Al-Suhail, consisterait notamment à former une haute commission pour la femme, soutenue financièrement par le gouvernement.

Cette commission devrait pouvoir prendre des décisions indépendantes, déterminer les problèmes auxquels les femmes se trouvent confrontées et leur trouver des solutions, a-t-elle déclaré au cours d’une conférence de presse tenue le 8 février dans la Zone verte de Bagdad. « Il y a de vrais obstacles, de vraies entraves au sein du gouvernement, qui empêchent de progresser dans le domaine du droit des femmes ».

Mme Al-Suhail a appelé Mme Al-Samaraie à retirer sa démission, et le gouvernement à la rejeter, car « les femmes d’Irak ont besoin d’elle ».

Le ministère étatique de la Condition féminine a été créé après l’invasion de l’Irak, en 2003, par la coalition menée par les Etats-Unis, mais il n’a accompli aucun progrès sur les questions liées à la condition des femmes, à en croire Mme Al-Samaraie.

Dans le cadre du programme public d’aide sociale, une allocation mensuelle de 50 à 70 dollars est versée aux veuves, aux femmes divorcées, aux personnes handicapées et aux personnes sans emploi, mais de nombreux experts humanitaires jugent cette aide insuffisante.

L’Irak, dépendant de ses revenus pétroliers, qui représentent près de 95 pour cent de son budget, a été gravement touché par la chute du cours mondial du pétrole, ce qui a contraint le gouvernement à revoir à la baisse son budget prévisionnel 2009, le portant de 80 milliards à 64 milliards de dollars – et de nouvelles coupures budgétaires ne sont pas à exclure.

10 février 2009

Source : IRIN