Burkina Faso: Un CD pour abandonner l’excision

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L'Observateur
"Un CD de produits audio et de programmes radio dont la diffusion vise la promotion de l’abandon des mutilations génitales féminines..."
Un CD de produits audio et de programmes radio dont la diffusion vise la promotion de l’abandon des mutilations génitales féminines, tel est l’initiative de l’ONG Voix de femmes, en collaboration avec l’Association italienne femmes pour le développement (AIDOS), l’ONG Mwangaza Action, le Comité national de lutte contre la pratique de l’excision (CNLPE), avec le soutien financier du ministère italien des Affaires étrangères à travers l’UNICEF.
L’œuvre a été présentée le mardi 2 décembre 2008 à la presse dans la matinée au Centre pour le bien-être des femmes et la prévention des mutilations génitales féminines « Gisèle Kambou » (CBF/GK), sous la présidence du directeur de cabinet du ministère de la Santé, Baba Hama.

Du 25 novembre au 10 décembre 2008 se déroule une campagne internationale au cours de laquelle les activistes ont 16 jours pour mener des actions contre la contre la violence faite aux femmes. C’est dans cette ambiance qu’au niveau du Burkina Faso, dans le cadre du projet STREAM, un CD contenant une quinzaine de produits audio pour la promotion de l’abandon des mutilations génitales féminines (MGF) en français, mooré, dioula, fulfuldé, et gouLmantchéma a été remis aux invités et aux représentants des radios de la place.

Ces programmes ont réalisé en collaboration avec l’artiste-musicien Smockey et les radios et associations partenaires. Ces produits audio ont été conçus pendant le cours de formation « La radio au service de l’abandon des mutilations génitales/excision » en juin 2008.

La coordonnatrice du CBF/GK, Sophie Sedgho, tout en se félicitant de ce projet louable, a saisi l’opportunité pour présenter sa structure. On retiendra donc que le CBF est un centre multidisciplinaire situé au secteur 27, un des quartiers démunis de la ville de Ouagadougou.

L’Objectif général du centre, a-t-elle dit, est d’améliorer la condition de vie des femmes, en particulier en matière de santé sexuelle et reproductive (SSR) et de prévention du VIH/Sida, et de promouvoir l’abandon de la pratique de l’excision.

Le CBF dispose d’une clinique juridique avec un conseil qui assiste les victimes, du montage des dossiers jusqu’au procès. Il a également un centre de santé et un gynécologue pour prévenir et réparer les séquelles de l’excision.

En termes de résultats, Sophie Sedgho s’est dit satisfaite en énumérant, entre autres, la participation de plus de 2000 personnes aux causeries-débats sur des thèmes sur le mariage, le divorce, la filiation, etc. ; la campagne de dépistage du cancer du col de l’utérus, qui a enregistré la participation de 400 personnes, des cas ayant été déférés à des structures appropriées.

La représentante d’ADIOS, Elena Bonometti, a présenté le projet STREAM que son association coordonne depuis sa création en 2005. STREAM, relève-t-elle, est un réseau de partage des technologies et ressources pour des médias engagés et actifs pour l’abandon des MGF/E, financé par le ministère des Affaires étrangères italien à travers l’UNICEF. Le projet STREAM regroupe 9 pays dont le Burkina Faso.

C’est partant du constat que la radio, au Burkina Faso, est le média le plus accessible aux populations, a laissé entendre Elena Bonometti, qui a d’ailleurs cité une étude, que la campagne « Stop aux MGF/E sur FM ! » représente aujourd’hui un espoir pour ses initiateurs et pour la population afin que le taux de prévalence de l’excision dans notre pays estimé à 49,5% puisse davantage fléchir.

Pour l’artiste-musicien Smockey, la pratique de l’excision est avant tout un problème de communication. Il a donc invité les hommes de médias à s’investir pour que le phénomène disparaisse. Même sentiment pour Baba Hama, qui a sollicité des professionnels des médias une forte implication afin d’être cités en exemple lorsque le changement aura lieu, avec l’abandon de la pratique de l’excision.

Au cours de la conférence de presse, des extraits du CD ont été diffusés tandis que le groupe de jeunes artistes de la « Part II des ténèbres » ont exécuté « Adablabla », chanson qui condamne la pratique de l’excision. Plus d’une vingtaine d’artistes donneront un concert le vendredi 5 décembre 2008 au siège du CBF/GK alors que le tournage du clip sur le titre « Adablabla » démarre ce matin.

Cyr Payim Ouédraogo

Source: L'Observateur