Maroc: Malgré les avancées, les ONG restent sur leur faim

Source: 
Global Rights Morocco / Le Matin
Présentation de la version officielle et du rapport parallèle des ONG.
«Le Maroc a ratifié certes la convention pour l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), mais il ne l'a publié dans le Bulletin officiel que 7 ans après.
"Ce qui ne laisse pas de doute que cette action n'a été entreprise que pour soigner l'image du pays à l'étranger», a commenté Rabéa Naciri, présidente nationale de l'Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM), lors de la présentation, jeudi à Rabat, du rapport parallèle à celui exposé par le gouvernement fin janvier à la Commission des experts onusiens à Genève.

En effet, un collectif de 27 ONG s'est réuni durant la journée du jeudi pour présenter un rapport sur la dynamisation de la convention des Nations unies à Rabat. Un rapport qui traduit, selon Rabéa Naciri, l'ouverture démocratique et politique que connaît le Maroc et la marge de liberté accordée de plus en plus aux associations pour compléter le travail du gouvernement en matière de droit de la femme. Mais malgré les réalisations acquises dans ce domaine, beaucoup d'efforts restent à fournir pour pouvoir adapter le cadre juridique marocain aux différentes dispositions de la convention.

Un cadre qui reste non conforme, selon les intervenants, aux dispositions de la convention, notamment en ce qui concerne les engagements et les politiques publics en matière de lutte contre les discriminations à l'égard des femmes, de participation politique, de droits économiques, sociaux, culturels, de qualification, et d'égalité dans le cadre des relations familiales.

Le rapport présenté a également rappelé la nécessité d'appliquer la discrimination positive dans le domaine de l'emploi, de réduire les disparités au niveau de l'accès aux postes de responsabilité dans la fonction publique et de publier les nouvelles dispositions du Code du travail relatives à l'égalité des chances et à la non discrimination de la part de tous les acteurs sociaux. Les représentants de ces ONG ont mis l'accent sur l'importance de fixer les objectifs et de déterminer les résultats à réaliser afin d'activer le processus des réformes. Ils ont également mis en relief l'importance d'œuvrer pour plus d'égalité entre les deux sexes estimant que le Maroc connaît encore une faible représentativité des femmes dans les instances élues et les postes de responsabilité. Les militants associatifs ont estimé que les femmes devraient obtenir 30% des sièges à l'horizon 2015. Ils ont aussi insisté sur la nécessité d'appliquer la loi relative à l'enseignement obligatoire et ce, dans le cadre d'une stratégie fondée sur l'approche genre.

Mais si les militants associatifs estiment que le Maroc est encore à la traîne en ce qui concerne l'égalité entre les deux sexes, Nouzha Skalli a considéré pour sa part que la situation n'était pas aussi dramatique. En effet, la ministre du Développement social a tenu le même jour une conférence pour présenter le rapport officiel qui fait état des nombreuses avancées enregistrées dans ce domaine. La ministre a affirmé que «le Maroc a franchi bien des pas, mais il reste encore du chemin à parcourir pour atteindre l'égalité homme/femme».

La même responsable a qualifié la situation que vivent les femmes marocaines d'un verre à moitié vide ou à moitié plein. «Mais, c'est un verre qui est en train de se remplir», a-t-elle conclu.

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Recommandations

Le 24 janvier, le Maroc a présenté à Genève ses 3e et 4e rapports périodiques sur la mise en œuvre de la CEDAW. 15 jours après, le Comité des experts onusiens a émis des recommandations. Celles-ci ont porté sur la consécration de l'égalité dans la législation, la levée de réserves sur les articles 2 et 16 de la convention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes.

Selon la ministre, les experts ont appelé le Maroc à consacrer le principe d'égalité entre les hommes et les femmes dans la Constitution en appliquant notamment une loi globale sur l'égalité des sexes qui soit contraignante à la fois pour les secteurs public et privé. Par ailleurs, le Maroc serait également appelé à notifier la levée des réserves et l'adhésion au protocole facultatif, à accélérer la promulgation d'une législation sur la violence à l'égard des femmes et des filles et à établir des quotas légaux de femmes pour les élections municipales de 2009, afin d'encourager la représentation des femmes. Enfin le gouvernement est sollicité pour lancer parallèlement à ces mesures des campagnes de sensibilisation sur l'importance de la participation des femmes dans la prise de décision.

Par: Yousra Amrani

8 fevrier 2008