Dossier 11-12-13: Pourquoi le fondamentalisme? Les Iraniennes et leur soutien à l’Islam

Publication Author: 
Haleh Afshar
Date: 
juin 1996
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number of pages: 
262
La religion est à la fois un problème (ou le problème) là où ses structures de domination ont opprimé les femmes, et une solution là où la vision de la libération ou de l’égalité a généré des mouvements puissants pour l’évolution sociale[1]”.

L’adoption du voile par un grand nombre de femmes à travers le monde, comme un symbole d’allégeance islamique, exige beaucoup plus que l’attention superficielle qui lui a été accordée jusqu’à présent. Il n’est plus possible de la traiter avec désinvolture comme un signe d’ignorance et d’incapacité à entretenir avec les collègues hommes, des relations sociales de type occidental[2], ou encore comme une façon de devenir “redoutable, intouchable, et silencieusement menaçante”, au lieu d’être “passive dans sa frustration”[3]. Le présent article traitera de la question de l’adhésion au fondamentalisme en général et des érudits iraniens en particulier. Il examinera également les moyens par lesquels le système de croyance est élargi et avalisé en termes idéologiques pour exercer une emprise sur les femmes pratiquantes, ainsi que l’utilisation politique qui en est faite par certains des groupes de résistance actifs en Iran.

Argumentaire

Les femmes qui ont choisi l’Islam comme la voie juste et qui prônent actuellement son enseignement soutiennent que l’occident et ses valeurs ont totalement trahi les femmes et les ont privées d’honneur et de dignité. Zahra Rahnavard, une des représentantes les plus en vue de cette position, déclare :

“Sous cette domination impérialiste universelle, ... elle est devenue, elle aussi une des nombreuses sources de l’exploitation, de la confiscation du pouvoir, de l’inertie, de la spoliation et de l’accumulation. Elle-même et l’essence même de sa vie ont été pressurées[4]”.

Comment?

Avec l’aide de sociologues et de psychologues, ils se sont servi d’elle pour créer une poupée parfumée, excitante, ondulante et nue qui se tortille dans les magazines de beauté et de mode pour devenir encore plus jolie.

Mais pourquoi?

Pour mieux vendre leurs surplus inutiles, leurs vieux stocks, qui, s’ils restent plus longtemps sur les étagères, entraînerait leur ruine totale et la chute de leur ordre répugnant. Aussi se charge-t-elle pour eux de la réclame et de la vente.

Ils l’ont transformée en une banale poupée.

“... Les valeurs et les critères de dépendance vis-à-vis de l’impérialisme et du capitalisme, font de la femme un objet de désir, un objet très convoité qui doit se faire belle et s’exposer aux regards de tous”.

De même, l’Ayatollah Morteza Mottahari est d’avis que le capitalisme a transformé les femmes en simples mannequins :

“Si vous désirer voir une femme à louer, allez faire un tour dans les cafés et les boites de nuit pour voir comment ... moyennant une somme modique ... les femmes doivent soumettre aux hommes leur corps, leur âme et leur honneur ... La femme à louer est celle qui, pour servir des intérêts mercantiles, doit se contorsionner de mille façons pour attirer l’attention du client sur la marchandise. Elle doit apparaître sous des formes indescriptibles sur nos écrans de télévision pour faire la publicité de leurs produits”[5].

Selon l’opinion généralement répandue, ni les écoles de pensée radicales actuelles, telles que le socialisme, ni, d’ailleurs, le féminisme, ne sont en mesure de prendre en compte les responsabilités des femmes en matière de reproduction. Donc, par nécessité, ceux-ci, tout comme le capitalisme, au mieux, marginalisent et généralement dénigrent la maternité, la féminité et les responsabilités familiales, aliénant et exploitant ainsi la plupart des femmes. Comme l’explique Rahnavard :

“Les Marxistes voient la libération des femmes dans les termes suivants :

1 - nécessité de la destruction de la propriété privée ;

2 - destruction de la famille et de son mode de propriété privée ;

3 - libération des femmes des contraintes de la famille, de la dépendance vis-à-vis du mari et de la responsabilité envers les enfants. Disponibilité de crèches et d’écoles maternelles financées par l’Etat qui prennent soin des enfants et permettent à la mère d’être déchargée des tâches domestiques fastidieuses, de se libérer de contraintes aussi peu pertinentes que la virginité, et l’adultère, et qui enfin permettent aux jeunes femmes de choisir d’avoir des relations sexuelles avec qui elles veulent ;

4 - permettre aux femmes de participer pleinement aux processus de production ;

Il est manifeste que ces dispositions aboutissent au même résultat que le capitalisme. Ce qu’un tel processus ne prend pas en compte, ce sont les contradictions entre l’existence même des femmes et la survie de ces ordres corrompus, les contradictions entre la féminité et la suprématie des processus de production ... D’une part, la solution marxiste fait éclater les liens familiaux et arrache les enfants de la chaleur des bras de leur mère pour les mettre à la merci des garderies, tout en privant les mères de leurs sentiments les plus purs, à savoir le dévouement envers leurs enfants ; d’autre part, elle les encourage à se tourner vers la prostitution et l’adultère.”[6]

Ainsi, une fois de plus, les femmes sont considérées comme des objets sexuels, point de vue partagé par les fondamentalistes. Mais la question de savoir si les femmes elles-mêmes sont des participantes volontaires ou si elles ont été socialisées à cet effet reste à débattre. Alors que Rahnavard est manifestement d’avis que c’est le processus de socialisation qui a créé une telle situation désastreuse, l’Ayatollah Morteza estime, lui, que le capitalisme n’a fait que faciliter le développement des tendances “naturelles” :

“L’instinct des femmes qui les pousse à s’embellir et à séduire les hommes est un instinct terrible. Attention au jour où les hommes applaudiront cet instinct et où les stylistes et les artisans de la mode faciliteront ce processus”[7].

D’autre part, le groupe de résistance révolutionnaire islamique, Mojahedin Khalq, reproche à cette même tendance non pas d’être un mal en soi mais de limiter le pouvoir des femmes :

“L’énergie considérable dépensée par les femmes pour se maquiller et poursuivre les dernières modes aboutit à une réduction pratique de leur contribution travail dans d’autres domaines tels que les activités sociales et culturelles, ce qui a pour effet d’exacerber leur arriération sociale”[8].

On remarque que toutes les analyses revivalistes considèrent la femme comme devant jouer des rôles essentiels dans les domaines social et culturel, mais non dans les processus de production et les sphères publiques.

En outre, il y a une différence essentielle entre les commentateurs musulmans, hommes et femmes, de la nouvelle génération de dévots, sur la question de l’Inné et de l’Acquis, les femmes considérant la reproduction comme innée et la subordination comme acquise, alors que la plupart des hommes considèrent quel les femmes sont naturellement inférieures aux hommes et ne leur sont égales ni physiquement ni mentalement.

Femmes et Islam

Intellectuellement, les érudites musulmanes ont un grand avantage dans leurs efforts actuels pour ré-interpréter l’Islam en termes favorables ; cet avantage étant l’amour et l’admiration indiscutables que le Prophète portait aux femmes en général et à sa première femme Khadidja en particulier. Si nous admettons le fait bien connu que toutes les religions adoptent une structure patriarcale et qu’elles font de la discrimination envers les femmes, nous pouvons être en mesure de soutenir qu’en termes de niveau d’oppression, l’Islam est peut-être une des meilleures religions.

Les revivalistes sont tous d’avis que l’Islam rend un hommage particulier aux femmes. Comme le déclare Mottahari :

“L’Islam a rendu le plus grand service aux femmes ... Il leur a donné la liberté, la personnalité, la liberté intellectuelle, et a reconnu leurs droits naturels”[9].

Les érudites musulmanes féministes s’accordent généralement pour dire que, loin d’avoir été créée à partir de la côte gauche d’Adam, la femme comme l’homme furent créées par Dieu à partir de la même essence. Bien que certains hadith, ou récits religieux, avalisent l’opinion selon laquelle la femme a été créée à partir de l’homme, beaucoup d’érudites, en particulier Rifaat Hassan et Zahra Rahnavard (F), réfutent ceci en renvoyant au verset coranique 4:1 :

“Hommes, craignez notre Seigneur, qui vous a créés à partir d’une âme unique. De cette âme, Il a créé sa compagne, et à travers eux, IL a donné à la terre un nombre incalculable d’hommes et de femmes.”

Hassan et Rahnavard soulignent qu’en Arabe, cette âme unique est un nom féminin et concluent que c’est manifestement l’homme qui a été créé à partir de la côte de la femme[10]. Ainsi, en ce qui concerne l’égalité des sexes, au moins au moment de la création, l’Islam ne semble pas avoir fait mieux que les autres religions.

Depuis que Pandore a ouvert la boite de tous les maux et apporté la destruction à l’humanité, les hommes et leurs religions continuent de désigner les femmes comme source de tous les maux, croyance qui se reflète dans les différentes histoires de la création qui nous ont été transmises à travers la Bible et les livres saints. C’est Eve qui est immanquablement accusée d’avoir incité Adam, sans méfiance, à croquer la pomme de la connaissance et d’avoir causé leur chute. Cependant le Coran désigne clairement le serpent comme coupable et blâme le diable pour avoir provoqué la chute de l’humanité.

“Alors Satan leur murmura qu’il pourrait leur révéler ce qui leur était caché et qui était leur honte, et il dit : Votre Seigneur vous a interdit de vous approcher de cet arbre de crainte que vous ne deveniez des anges ou que vous ne deveniez immortels”. 7:20.

“Ainsi, il les attira par la ruse. Et quand ils eurent goûté le fruit de l’arbre, leur honte leur devint manifeste et ils commencèrent à se dissimuler [en entassant] sur eux certaines des feuilles du jardin”.7:22.

Ainsi, les érudits musulmans sont en mesure de s’appuyer sur des bases plus favorables pour interpréter le texte du Coran dans l’intérêt des femmes. De même que les femmes et les hommes sont partenaires à part égale dans le péché, ils sont aussi partenaires à part entière et indépendants dans les prières :

“Qui fait le bien, qu’il soit homme ou femme, et est croyant, (tous) entreront au Jardin, où ils seront nourris sans labeur”. 40:40.

“Je ne priverai aucun homme ou aucune femme parmi vous du fruit de son labeur”. 3 :195.

De même, les femmes sont récompensées pour leurs propres actions, quelle que soit la piété ou l’impiété des hommes de leur famille :

“Allah a donné aux incroyants l’exemple de la femme de Noé et de la femme de lot. Elles étaient mariées à deux de Nos justes serviteurs et les trompaient ; leurs maris n’ont pas pu les protéger de la colère de Dieu ; les anges leur ont dit : Entrez dans le feu, avec tous ceux qui y entreront. Mais aux croyants, Dieu a envoyé l’exemple de la femme du Pharaon, qui dit : Seigneur, construisez-moi une demeure auprès de Vous, au paradis et délivrez-moi du Pharaon et de ses méfaits. Délivrez-moi d’une nation malfaisante”. 66:10 & 11

Outre le fait qu’elles sont des fidèles indépendantes, l’Islam accorde aux femmes une autonomie économique considérable et restreint le pouvoir qu’ont leurs parents et leur époux de les déshériter ou de porter atteinte à leurs droits à la propriété. Ainsi, comme les Musulmans le soulignent, bien que la femme n’obtienne qu’une part d’héritage égale à la moitié de celle des hommes, leur droit à l’héritage est inaliénable, de même que leurs droits indépendants à la propriété :

“Les hommes recevront une part de ce que possèdent leurs parents et les membres de leurs familles, et les femmes recevront une part de ce que laissent leurs parents et les membres de leur famille : que ce soit peu ou beaucoup, elles ont légalement droit à leur part.” 4:7.

Les femmes qui participent à la renaissance islamique actuelle disposent donc de beaucoup d’arguments pour étayer leur cause.

Femmes et mariage

Les femmes ne perdent ni leur identité ni leur biens dans le mariage. Dans le Coran, le mariage est en fait un arrangement flexible, conclu par consentement mutuel, selon les termes duquel on attend des femmes qu’elles soient “obéissantes”[11] mais, en retour, elles peuvent attendre des hommes qu’ils les entretiennent au train auquel elles étaient habituées avant le mariage. Le mariage lui-même est négocié sur la base d’un contrat qui lie les deux parties : et pour la consommation du mariage, le contrat inclut un paiement obligatoire ou mahre. (4:24) Même si le mariage n’est pas consommé et si le mari divorce sa femme, on attend tout de même de lui qu’il paie la moitié du mahre (2:238). Dans le mariage, on attend des hommes non seulement qu’ils entretiennent leurs femmes (4:34 et 2:36), mais aussi qu’ils les traitent avec affection (2:238). En outre, les hommes doivent payer une somme supplémentaire aux mères qui acceptent d’allaiter leurs enfants (2:233).

En tant qu’institution, le mariage est glorifié et le célibat généralement perçu comme indésirable. En fait, le mariage est un des signes de la bonté d’Allah :

“Parmi Ses signes figure (le fait qu’Il) a créé parmi vous des épouses pour vous afin que vous puissiez trouver le réconfort auprès d’elles. IL a planté l’amour et l’indulgence entre vous ; tels sont les signes pour ceux qui réfléchissent”.(30:21)

Ainsi, le mariage est perçu comme un havre d’amour et de tendresse pour les hommes et les femmes, un domaine d’intimité, de réconfort et de protection mutuels et les femmes exégètes ont tendance à souligner le rôle important joué par les deux partenaires pour préserver ce havre de bonheur.

“Ils doivent trouver la tranquillité dans la compagnie l’un de l’autre et être unis non seulement par la relation sexuelle, mais par également par “l’amour et l’indulgence”. Cette description inclut l’attention l’un pour l’autre, le respect, le réconfort et la protection”[12].

Une telle interprétation du texte coranique est cependant tout à fait remarquable car les exégètes hommes offrent dans l’ensemble une perspective différente sur le mariage. Pour Mottahari, le mariage est simplement un moyen, pour les hommes, de satisfaire légalement leurs besoins sexuels, et pour les femmes, de faire payer par les hommes leurs besoins de luxe. Selon lui, les deux membres du couple ont des besoins psychologiques et sociologiques différents ainsi que des approches divergentes de l’institution du mariage.

“La loi de la création, l’homme avait fait de l’homme le demandeur, le suppliant, le nécessiteux, alors que la femme était celle qui était désirée et recherchée. C’est la meilleure protection pour l’honneur et la respectabilité des femmes et une juste compensation pour leur faiblesse physique face à la force des hommes. C’est également le meilleur moyen de préserver un équilibre dans leurs vies. C’est un avantage naturel donné aux femmes et un devoir naturel donné aux hommes ...”[13].

“Les hommes sont esclaves de leurs pulsions sexuelles et les femmes de l’amour qu’elles portent aux hommes...”

“En outre, et c’est là un point important, les femmes ont de plus grands besoins en richesses et en argent que les hommes. Le luxe et les ornements font partie intégrante de la nature même et de la vie des femmes et constituent pour elles des besoins fondamentaux. Les femmes dépensent dans leur vie quotidienne plus d’argent en objets de luxe et en ornements que les hommes, mais les femmes ont une beaucoup plus grande propension à la dépense que les hommes”[14].

Je dois dire, entre parenthèses, que le vénéré Ayatollah est singulièrement mal informé et certainement peu au fait des études sur les dépenses familiales, qui montrent qu’à travers le monde, les femmes consacrent leur argent à leur foyer, aux besoins quotidiens mineurs tels que l’alimentation, et majeurs, tels que l’éducation des enfants. En comparaison, les hommes entreprennent des dépenses généralement pour leurs propres besoins ou pour des objets coûteux tels que les voitures, les mobylettes etc. Il faut noter, cependant, que dans le contexte du discours fondamentaliste islamique, les femmes considèrent le mariage comme un partenariat entre deux égaux, alors que les hommes ont plus tendance à le percevoir comme une transaction financière entre le corps de la croyante et la bourse de l’homme.

En dépit des différences d’interprétation en ce qui concerne les rôles et les devoirs dans le mariage, les adeptes de l’Islam restent convaincus que c’est la reconnaissance par, l’Islam, des obligations des femmes dans le mariage et la reproduction ainsi que des récompenses terrestres et célestes qui y sont associées, qui en fait une religion si spéciale et si appréciée par tant de femmes à travers le monde. Le mariage est un devoir divin, que l’Islam glorifie alors qu’il abhorre le célibat. Ainsi, même le Mojahedin Khalq, groupe de résistance aguerri, considère le mariage comme une “sainte institution” qui, “dans une société saine, serait d’abord basée sur les valeurs idéologiques des partenaires”[15].

Dans le cas des Mojahedin, il semble qu’en pratique, les femmes ne peuvent être actives dans le mouvement que si elles y participent en tant qu’épouses d’activistes. Ainsi, Masoud Rajavi, dirigeant des Mojahedin, était d’abord marié à la fille de l’ex-président Bani Sadre. Après la rupture de l’alliance politique entre les deux hommes, le mariage fut également rompu. Par la suite, le second de Rajavi fut obligé de divorcer de sa femme afin qu’elle puisse épouser Rajavi, un bel exemple d’échange de partenaires. Cependant, en raison du fait qu’ils se déclarent idéologiquement islamiques, ils se sont sentis obligés de publier des pages et des pages de propagande pour expliquer que Maryam, la nouvelle épouse, avait des qualités de dirigeant, mais qu’elle ne pouvait assumer conjointement la direction du mouvement qu’en tant qu’épouse de Rajavi. Il semble, qu’aux yeux des Mojahedin, c’est uniquement à celles qui partagent la couche du dirigeant que l’Islam permet de partager ses responsabilités. C’est là une position peu confortable pour un groupe de résistance.

En dépit de ces aspects et de ces concepts divergents d’obligations mutuelles, le mariage n’est nécessairement perçu ni comme un événement unique et irrévocable, ni comme une institution immuable ; les hommes comme les femmes ont le droit de choisir des partenaires différents à différents moments de leur vie. Le divorce est très aisé pour les hommes, et possible pour les femmes qui ont été assez prévoyantes pour inclure le droit de divorce dans le contrat de mariage. A défaut, les femmes sont autorisées par le Coran à négocier (4:128) ou à “exercer un chantage pour s’en libérer” (2:29). Bien que le Coran conseille aux croyants de rechercher autant que possible la réconciliation dans le mariage (4:35, 2:28), en cas d’échec, il prévoit que les hommes prennent des dispositions raisonnables en faveur de leurs femmes divorcées (2:29), qu’ils les gardent dans l’honneur ou qu’ils les laissent partir dans l’affection (2:29). Il n’y a pas de honte associée au divorce, et les hommes et les femmes divorcés peuvent se rencontrer et se remarier (2:235). Les hommes ne sont autorisés à aucun moment à reprendre le mahre :

“Ne reprenez pas la dot donnée à la femme même si c’est un talent d’or” 4:31.

Les érudits musulmans soutiennent depuis longtemps que l’Islam n’entrave pas les femmes dans le mariage, ne les oblige pas à la domesticité, et en leur octroyant un droit séparé à la propriété, il les rend économiquement indépendantes du mari, donc tout à fait capables faire face. IL est évident que ceci s’explique surtout par la personnalité de Khadidja, première femme très remarquable de Mohammed, qui était beaucoup plus âgée que lui. Khadidja, qui était une riche veuve, avait d’abord embauché Mohammed comme représentant de commerce et ce dernier avait effectué de nombreux voyages pour elle. Par la suite, elle lui demanda de l’épouser. Quand Mohammed refusa, elle s’adressa tout simplement à l’oncle de ce dernier et exigea plus ou moins qu’il lui donne son neveu en mariage. Cette union fut très réussie : Khadidjah fut la première convertie à l’Islam et c’est grâce à la protection de sa puissante tribu que Mohammed survécut, aux cours des premières années tumultueuses de l’Islam, alors qu’il était pourchassé par les gens de la Mecque. Du vivant de Khadidja, Mohammed ne prit pas une deuxième femme et les versets du Coran qui prônent la polygamie (4:3) et la nécessité de se couvrir pour les membres de la famille du Prophète (33:33), datent tous d’après sa mort.

Cependant, il y a le problème du devoir d’obéissance de la femme dans le mariage et du fait que l’homme est autorisé à battre ou à réprimander l’épouse désobéissante :

“Les femmes de bien sont obéissantes. Elles gardent cachées leurs parties intimes car Dieu les a gardé cachées. Quant à celles qui se révoltent ou qui désobéissent, il faut les réprimander, les renvoyer seules à leur couche, et les battre. Cependant, si elles obéissent, n’entreprenez plus d’action contre elles”. 4.34

Certaines érudites telles que Lemu soutiennent que le concept d’obéissance dans ce contexte est très spécifique et fait partie intégrante du respect de la femme pour le mari reconnu comme chef de famille et, “en tant que personne responsable de la marche des affaires de la famille à qui il lui faut donc obéir même si elle ne trouve pas son jugement acceptable”[16].

Rahnavard, quant à elle, considère que l’obéissance est encore plus spécifique et qu’elle ne s’applique qu’au devoir conjugal, “qui est le droit du mari” ; elle est également d’avis que “la correction physique” ne doit pas être plus qu’une caresse et qu’elle ne doit infliger aucune souffrance”[17].

Polygamie

Même les converties les plus soumises avaient du mal à assumer la question de la polygamie. La toute nouvelle école des musulmanes féministes revivalistes, avec l’apport d’érudits tels que Eqbal au Pakistan et Ali Shariati en Iran, met l’accent sur les aspects positifs de l’islam et en justifie les aspects négatifs. D’où la lecture de la totalité du verset relatif à la polygamie qui stipule :

“Mais si vous craignez de ne pouvoir les traiter avec équité, n’en épousez qu’une ou alors épousez une de vos esclaves. Il vous sera ainsi plus facile d’éviter l’injustice”[18].

Selon Rahnavard, la polygamie est permise uniquement comme un moyen de protéger les orphelins et constitue une solution de secours quand, les hommes ayant été tués en masse à la suite d’événements tels que les guerres, les femmes et surtout les enfants se retrouvent sans protection[19]. Selon Lemu, c’est une façon de prendre en compte “le surnombre de femmes sans attaches dans la société”[20].

Mais ce sont les explications de l’Ayatollah Mottahari que je trouve particulièrement intéressantes, car celui-ci ne se contente pas de fermer les yeux sur la polygamie, mais aussi approuve les mariages temporaires qui permettent à l’homme d’épouser une femme pendant une période brève ou longue, selon son gré. Selon Mottahari :

“Il est incontestable que la maladie mensuelle de la femme et sa fatigue après la naissance d’un enfant la rendent différente de l’homme en matière de besoins sexuels, et ce sont ces besoins qui poussent l’homme à se tourner vers une autre femme ; ... là où les femmes ne jouissent pas de libertés sociales et morales sans entraves qui permettraient aux hommes de satisfaire librement leurs désirs sexuels, c’est par le biais de la polygamie que ces désirs sont canalisés”[21].

“Le mariage temporaire est une solution pour ceux qui ne peuvent pas contracter un mariage permanent. Mais il ne s’agit pas de prendre une épouse en location[22]” [C’est pourtant exactement ce que font ces hommes] :

“Pour assouvir ses pulsions sexuelles, l’homme moderne se sert d’alibis tels que sa secrétaire, sa dactylo ou invente cent autres excuses du même genre, et en fait payer les frais par le gouvernement ou par une quelconque autre institution sans avoir lui-même à débourser un sou.[23]”

Ainsi, la polygamie est, pour les hommes, une forme légale de l’assouvissement des désirs sexuels, et, selon ses partisans, confère à l’homme des responsabilités tout en lui apportant des satisfactions :

“Si on prive l’homme de la possibilité d’épouser une seconde femme dans les normes, les dangers du sexe illicite deviennent alors très réels”[24].

“Et ce n’est un secret pour personne qu’une sorte de polygamie se pratique de façon très courante en Europe et en Amérique. La différence est que l’homme occidental n’a aucune obligation légale vis-à-vis de sa seconde, sa troisième ou sa quatrième maîtresse et de leurs enfants, alors que le mari musulman a assume une obligation légale totale envers sa deuxième, sa troisième, sa quatrième femme et leurs enfants”[25].

On dit généralement que les hommes partout dans le monde sont “naturellement” polygames et que si on leur refuse des femmes, ils peuvent bien se tourner vers d’autres hommes, comme c’est la pratique dans l’occident pervers aux valeurs corrompues. Comme l’explique Mottahari,

“.., mais l’homosexualité est légale ; ces gens pensent qu’il est inconvenant de prendre une concubine, et ceci est considéré comme contraire à la nature humaine. Cependant le fait de prendre un concubin est tout à fait convenable, et conforme à la nature humaine et aux concepts de moralité du vingtième siècle"[26].

Cependant, bien que tous les revivalistes islamiques conviennent de la nécessité de la polygamie, l’attitude des femmes concernant la manière dont les hommes devraient aborder une telle situation est tout à fait différente de celle des hommes. Selon Lemu, dans les périodes de guerres et quand il n’y a pas assez d’hommes,

“la solution de compromis pour les femmes dans de telles circonstances, est que si on leur laisse le choix, beaucoup d’entre elles préféreraient partager un mari plutôt que de ne pas en avoir du tout”[27].

D’autre part, Mottahari considère la polygamie comme “une nécessité sociale”, car il y a plus d’hommes que de femmes dans le monde et, en outre, un homme ne peut pas satisfaire ses besoins sexuels avec une seule femme. Mottahari mentionne une autre nécessité, qui est celle de l’accroissement de la population ; selon lui, ce sont là des arguments qui font que l’homme doit aborder la polygamie

“comme un devoir nécessaire ... tout comme le devoir d’accomplir le service militaire ... dans de tels cas, il ne faut pas demander l’accord d’une partie intéressée pour entreprendre un devoir social”[28].

Ainsi, selon Mottahari, on a tort de demander l’accord de la première femme avant d’en prendre une seconde.

Tous les partisans de la polygamie restent fermement opposés à la polyandrie. Car selon Khorshid Ahmad, Directeur Général de la Fondation Islamique :

“sociologiquement parlant, l’institution de la famille dans un contexte patriarcal peut fonctionner efficacement en cas de polygamie mais se désintégrerait tout simplement en cas de polyandrie…”

“... même d’un point de vue physiologique et sexologique, la polyandrie serait une anomalie... ; et si nous examinons l’origine et pas simplement la transmission des maladies vénériennes, nous constatons qu’elles proviennent de la femme qui a des rapports avec plusieurs hommes...”[29].

Partant de cet argument, Khorshid Ahmad tire la très curieuse conclusion suivante :

“Si un homme a des rapports sexuels avec plus d’une femme, mais si la femme avec qui il a des rapports n’en a pas avec d’autres hommes, il n’y aura pas de maladies vénériennes”[30]. Mottahari s’oppose également à la polyandrie, car,

“la pratique de la polyandrie non seulement va à l’encontre de la nature monopolistique des hommes, mais est également à l’opposé de la nature des femmes. La recherche psychologique a montré que les femmes sont favorables à la monogamie beaucoup plus que les hommes”[31].

C’est certainement en raison de ce besoin psychologique que les hommes musulmans se soumettent avec tant d’ardeur à leur devoir de polygamie sans demander l’accord de la première femme!

Domesticité et maternité

Ce n’est pas tant le mariage que la maternité qui est considérée par le croyant comme un privilège particulier accordé aux femmes. On soutient qu’il y a une division divine du travail selon laquelle les femmes ont été créées pour la domesticité et la maternité et qu’elles devraient accepter ces rôles de bonne grâce. Ainsi, Mottahari déclare :

“La nature a assigné aux femmes les responsabilités, les douleurs et le lourd fardeau de la reproduction, la part réservée aux hommes par la nature dans ce processus ne se limitant qu’à une activité passagère très agréable ; ce sont les femmes qui doivent supporter le fardeau de la maladie mensuelle (sauf dans l’enfance et la vieillesse), endurer la maladie spécifique et les maux de la grossesse, souffrir les affres de l’enfantement et de ses suites et finalement, allaiter le bébé et s’en occuper”[32].

Que la maternité soit un devoir sacré et que les “mères des croyants” aient un coin spécial de paradis qui leur soit spécialement réservé, ceci n’est contesté par aucun des théoriciens fondamentalistes. Parmi les nombreux versets du Coran glorifiant la maternité, on compte celui-ci :

“Nous avons ordonné à l’homme de respecter ses parents ; sa mère le porte dans un état constant de faiblesse, et met deux ans à le sevrer. Rendez-moi grâce ainsi qu’à vos parents ; je suis le but ultime”. 31:14

Ainsi, en rendant grâce à leurs mères, les Musulmans rendent grâce à Dieu et accomplissent un devoir religieux. On cite la parole du Prophète selon laquelle “le paradis se trouve au pied de vos mères”. L’Islam ratifie une division du travail qui fait des femmes les gardiennes du berceau et des hommes, le soutien de la famille. Cependant, les causes d’une telle division du travail, la rétribution de ce travail, et le temps qui lui est dévolu, ce sont là des questions qui restent ouvertes à la discussion. Les versets coraniques qui ordonnent aux croyants d’aimer et de respecter leurs mères sont trop nombreux pour être tous cités. Mais il est indéniable que la maternité est une tâche louable et importante. Pour certains, comme Ali Shariati, les femmes ne peuvent atteindre la réussite qu’en rapport avec les hommes de leur famille, que ce soit par le mariage, la maternité ou la filiation. Il tient Fatemeh, la fille de Mohammed, pour une personne remarquable dont toutes les femmes devraient suivre l’exemple, et dont il juge les qualités suivantes dignes d’intérêt :

“En tant que mère, elle a élevé sa fille Zeinab et ses fils Hossein et Hassan. D’autre part, en tant qu’épouse exemplaire, elle est restée jusqu’au bout aux côtés d’Ali, durant ses moments de solitude, de difficultés et d’épreuves comme durant ses grands moments. En tant que femme, elle a assumé des responsabilités sociales, de sa naissance au jour où, seule, elle a mis en terre le corps de son père pour finalement trouver sa propre tombe en terre étrangère, elle a supporté tout cela en silence sans jamais cesser de lutter. Sur le front extérieur, elle a combattu les incroyants, et à l’intérieur les déviants et les meurtriers, “cache ma tombe afin qu’ils n’organisent pas de cérémonies de deuil et qu’ils ne prient pas sur ma dépouille, afin que sous prétexte de prier pour moi, les usurpateurs ne justifient leurs pouvoirs nouvellement acquis au nom de la religion”[33].

Les exégètes tels que Rahvanard, sont également favorables à la division du travail, les femmes s’inscrivant dans la sphère de la domesticité. Ici, c’est la nature qui est désignée comme le facteur causal.

“Il y a des différences physiques et émotionnelles qu’il est risqué de négliger. Il est incontestable que le communisme a opprimé les femmes en les privant des spécificités de la féminité alors que leur a alloué le lourd fardeau de la maternité ...

Mais l’Islam glorifie la maternité et ordonne aux hommes et aux femmes d’apporter l’amour et la paix les uns aux autres et de reconnaître l’importance primordiale de cette spécificité biologique qui implique que : la femme, en tant qu’être humain, est entièrement responsable, devant Dieu et devant la société, de l’accomplissement de cette responsabilité, ses obligations étant définies selon ses caractéristiques physiques et émotionnelles. En raison de ces obligations et de la lourde tâche sociale de l’éducation des enfants, on n’attend pas d’elle qu’elle participe pleinement à la production sociale, et l’Islam ne lui donne pas un rôle de premier plan dans le processus de production”[34].

A bien des égards, le fondamentalisme est une consécration de la maternité en tant que rôle rétribué et respectable que les femmes doivent tenir au sein de la sphère domestique, et il est certain que c’est de la validation de ce rôle que le fondamentalisme tire en partie son attrait. La plupart des écrits des fondamentalistes sont dirigés soit contre les féministes, soit contre les marxistes ou contre la tendance du capitalisme à nier la place centrale de la maternité et à dénoncer la domesticité comme une forme d’oppression des femmes. Mottahari met en garde contre la destruction du foyer :

“La substitution de l’autorité du gouvernement à celle du père, qui est la tendance actuelle en Occident, sapera les sentiments maternels, transformera le lien émotionnel qu’est la maternité en une forme d’emploi salarié où l’argent servira d’intermédiaire entre la mère et son amour ; la maternité n’est plus un lien, mais un emploi salarié.

Il est évident que ce processus mènera à la destruction de la famille et à une annihilation totale et inévitable des femmes”[35].

Mais pour les croyants, l’Islam considère la maternité à la fois comme une tâche et comme une récompense.

“Quel affection mutuelle! Les ailes de l’indulgence veillent sur nous quand nous sommes sans défense, et plus tard, notre tendresse protège nos enfants et les personnes âgées, quand ils en ont besoin! Si nous sommes bons et patients, compréhensifs et encourageants dans notre attitude vis-à-vis des membre de notre famille, développant ainsi en eux ces mêmes vertus, nous serons sûrs de promouvoir également ces vertus dans la société”[36].

Comme le souligne Rahvanard :

“La maternité, le rôle de mère et d’épouse et le fait de ne pas partager la responsabilité de soutien de famille ... Tout cela contribue-t-il à emprisonner la femme musulmane dans son foyer, et à l’assujettir dans des liens domestiques?

Jamais! Jamais ...

C’est la route vers la liberté, la libération de la femme en vue de son développement et de son épanouissement ... ; elle a la responsabilité révolutionnaire de montrer le droit chemin et d’interdire le mal, de dénoncer ce qui est faux et d’enseigner ce qui est juste ... Il incombe aux femmes d’éduquer les générations futures et c’est à elles d’entériner ou de rejeter tous les programmes politiques”[37].

Emploi formel

Si les femmes sont les bastions de la famille, elles deviendront nécessairement dépendantes des hommes pour leur subsistance. Ceci est accepté par tous les croyants qui se réfèrent au verset coranique qui dit :

“les hommes exercent une autorité sur les femmes, parce que Allah a créé les uns supérieurs aux autres, et que les hommes dépensent leurs biens pour les entretenir” 4:34.

Dans la pratique, la femme musulmane doit accepter un bon nombre des préceptes du patriarcat si elles adhèrent à l’Islam et à son enseignement. Beaucoup le font sans poser de questions. En traitant de ce verset du Coran, Fatima Hareen, nouvellement convertie à l’Islam et épouse d’un Allemand converti, fait référence une fois de plus à la question de la nature de la femme, et, tirant une généralisation de ses opinions personnelles, déclare :

“Il inclut tout ce qui est nécessaire à mon bonheur en tant que femme. Il m’accorde le droit auquel j’aspire ... Mais, surtout, il m’accorde le droit de dépendre de mon mari, que ce soit pour ma subsistance,ou pour toute décision importante qui doit être prise... N’est-il-pas de la nature même de la femme de souhaiter avoir un mari puissant, juste, sage et prévenant?”[38]

D’autre part, en se basant sur le sens large et varié des différents mots du verset, Hassan soutient que les exégètes de ce verset ont tout simplement choisi la mauvaise interprétation, et que ce qui est impliqué ici, c’est que l’homme est simplement autorisé à dépenser ses biens l’entretien de la femme durant la courte période de la grossesse et que l’autorité dont il est question ici n’est pas accordée aux hommes de façon absolue et permanente, mais dans un but spécifique et pour une période limitée. De même, une autre interprétation de ce verset peut être que, au moment de la grossesse, l’homme a la responsabilité de dépenser ses biens pour l’entretien de la femme supérieure, qui est capable de reproduction et qu’il faut entretenir à ce moment là[39]. Ainsi une traduction correcte pourrait se lire comme suit :

“Les hommes entretiennent les femmes avec les largesses que Dieu a accordées plus abondamment aux uns qu’aux autres ; et avec ce qu’ils peuvent dépenser de leurs biens” 4:34.

Rahvanard fait remarquer que le mot autorité est une mauvaise interprétation et que le Coran fait référence à une répartition spécifique des responsabilités. Les hommes n’ont pas été désignés pour exercer une autorité sur les femmes, mais il leur a été conféré la lourde responsabilité de subvenir à leurs besoins tandis qu’elles assument la tâche essentielle de la maternité. Ainsi, tout comme Hassan, l’interprétation du verset par Rahvanard souligne qu’il a été attribué aux hommes un devoir et non une autorité, et que la notion de supériorité signifie que l’homme et la femme peuvent être supérieurs l’un à l’autre à différents égards.[40]

Cependant divers érudits émettent des jugements différents sur les implications de cette responsabilité. Riffat Hassan affirme que c’est une obligation tout à fait temporaire ; elle considère la période de dépendance économique comme très courte, durant peut-être le temps où la mère s’occupe du bébé. C’est un moyen d’éviter à la femme le terrible problème d’être une mère seule sans ressources, ou de devoir assumer un travail à plein temps tout en s’occupant d’un bébé. Mais Hassan souligne que les largesses abondamment accordées par Dieu ne sont seulement au bénéfice des hommes. Elles ne sont pas non plus, par nature, spécifiques à un sexe, en ce qui concerne les capacités physiques et les talents artistiques. Selon Hassan, certains hommes et certaines femmes ont reçu des dons que les autres n’ont pas. Ce qui signifie qu’il n’y a pas d’obstacles à ce que les femmes assument des emplois formels dans n’importe quel domaine, et qu’elles peuvent avoir les mêmes aptitudes que les hommes.

D’autres partisans du fondamentalisme adoptent une perspective différente. Ainsi Mottahari est un de ceux qui soutiennent qu’il y a entre les sexes des différences physiques et psychologiques fondamentales qui font que l’un est mieux équipé pour le domaine public tandis que l’autre est plus adapté à la sphère privée. Il souligne que les femmes sont “naturellement” calmes, tranquilles, réservées et non violentes, alors que les hommes sont tout le contraire. Cependant les femmes sont également inconstantes, démonstratives, et plus facilement influencées par des émotions telles que la colère et la peur. En un mot, Mottahari, tout comme beaucoup d’autres théologiens musulmans de premier plan, considère que les femmes sont illogiques et incapables d’atteindre le même niveau de rationalité que les hommes. En outre, la maternité fait perdre aux femmes leurs aptitudes :

“Tout ceci mine la force physique et musculaire des femmes et réduit leur aptitude à travailler et à gagner leur vie. C’est pour cela que, si la loi conférait aux hommes et aux femmes les mêmes responsabilités pour gagner leur subsistance, et si les hommes ne devaient pas protéger les femmes, celles-ci se trouveraient dans une situation déplorable ... En termes de force et de talent pour participer au dur processus de production économique, les hommes et les femmes n’ont pas été créés égaux et ne sont pas dotés des mêmes aptitudes”[41].

Rahvanard donne une version conditionnelle de ce point de vue.

“Dans certaines interprétations erronées, on perçoit les aptitudes comme étant exclusivement masculines... mais si l’on se rapporte au verset 4:3, on note qu’il ne spécifie pas que certains hommes ont été mieux dotés que les femmes ... Ce n’est pas non plus une question de supériorité des uns sur les autres ... si les hommes qui ont une plus grande force physique, et qui, en outre, n’ont pas à assumer les responsabilités de la grossesse, de l’enfantement et de l’allaitement, peuvent rendre à la société plus de services sur le plan économique. Le coeur de l’homme est moins tendre, mais par contre, celui de la femme a plus de délicatesse, offre ce qu’il y a de mieux en termes d’humanité et d’émotions, et est totalement dévoué et aimant ; il a le don de la vie et est complètement un coeur, un coeur pour aimer et pour donner”[42].

Cependant, c’est cette émotivité qui est perçue comme cause première de la domesticité des femmes et de leur incapacité à participer à la production sociale. Mottahari soutient même que, en raison de leur propension à s’épancher, à ne jamais garder un secret et à se soulager de toutes les tensions émotionnelles, les femmes ont un taux de suicides et de crises cardiaques plus faible et une plus grande longévité que les hommes. Par contre, l’emploi formel détruirait inévitablement les femmes. Rahnavard renvoie à l’expérience russe :

“Ils exploitent son travail dans les champs, les usines et les bureaux si bien qu’en un rien de temps, ils la transforment en une vieille haridelle, une femme brisée à qui il ne reste rien ... tel est le désastre qui s’est abattu sur la femme russe ... si bien que dans le bloc communiste, à quelques rares exceptions près, nous ne voyons aucune femme remarquable émerger dans la sphère publique”[43].

Ainsi, étant incapable d’entrer en compétition avec les hommes sur un pied d’égalité et ayant perdu l’emprise qu’elle avait sur sa famille, la femme se retrouve vieillie, décrépite et indésirée.

L’idée que le dur labeur consume la beauté des femmes est prédominante dans un grand nombre de discussions sur les femmes et le travail. Mottahari prévient également les femmes:

“Si la femme est obligée d’être comme l’homme, si elle doit constamment travailler, se battre et courir après l’argent, alors sa fierté sera détruite, et les rides et les sillons que les problèmes financiers ont creusé sur le front et le visage des hommes apparaîtront sur son front et sur son visage...[44].

Que les femmes perdent leur beauté est considéré déjà comme un grand mal, mais pour Mottahari, il y a pire, à savoir, les implications d’une telle situation pour les hommes.

“Il est évident qu’une femme dont l’esprit n’est pas libre ne trouvera pas le temps de prendre soin d’elle-même et d’être en mesure d’offrir à son mari le bonheur et la gaieté. L’Islam conseille à la femme de se faire belle pour son mari, de lui montrer ses réalisations, de satisfaire ses besoins sexuels et de ne refuser aucune de ses exigences car ceci provoquerait chez celui-ci des problèmes psychologiques et des névroses”[45].

Nous avons ici l’essence même des positions des hommes fondamentalistes, à savoir que les femmes sont essentiellement des objets sexuels toujours disponibles, dont l’intérêt majeur dans le mariage est d’obtenir un paiement pour des services sexuels rendus.

Sexualité et voile

La sexualité en général et la sexualité féminine en particulier sont un sujet de préoccupation majeure chez les Musulmans. Selon l’érudit Nabian Abott, cette préoccupation remonte à l’époque du Prophète :

“La sexualité était presque une obsession de la population toute entière, et les conversations relatives à la sexualité, qui étaient franches parmi les classes plus aisées, avaient tendance à être indécentes et obscènes parmi les couches moins aisées”[46].

C’est là la raison de l’introduction du voile et/ou de la polygamie. En tout état de cause, la sexualité reste une obsession dominante de nos jours, comme elle l’a toujours été. Il y a cependant une différence intéressante entre les hommes et les femmes concernant l’analyse de ce processus. Au delà de l’opinion générale selon laquelle les hommes ont des désirs sexuels plus marqués que les femmes, il y a la question du rôle joué par la femme pour exciter ces désirs et de celui que doit jouer la “nature” de l’homme et de la femme.

“Les hommes sont assujettis par leurs passions sexuelles et les femmes par leur amour pour les hommes... ;...les hommes souhaitent posséder le corps des femmes et contrôler leur personne, alors que les femmes désirent s’emparer du coeur des hommes et les retenir par leur amour. Les hommes souhaitent dominer les femmes par la tête, alors que les femmes désirent les influencer par leur coeur”[47].

“grâce à son intelligence naturelle, la femme ... a pris conscience du point faible dont la nature a doté l’homme, et qui en fait celui qui est en quête d’amour, le poursuivant, alors que la femme est celle qui est recherchée, la poursuivie... En prenant conscience de cette situation, et de sa position par rapport aux hommes, la femme a eu recours aux ornements et au luxe pour l’aider à s’emparer du coeur de l’homme et, dans le même temps, a pris ses distances vis-à-vis de l’homme en sachant qu’elle ne devait pas se donner sans rien obtenir en échange, mais qu’elle devait exacerber son désir et sa passion et rehausser ainsi son propre statut”.[48]

“L’Islam a spécifiquement ordonné aux femmes de se couvrir car elles ont un désir instinctif de s’exhiber et de se faire remarquer. En termes de coeurs à prendre, ce sont les hommes qui sont la proie et les femmes les prédatrices, tout comme en termes de satisfaction sexuelle et physique, les femmes sont la proie et les hommes les prédateurs ... ; le désir de se montrer nu est propre à la nature des femmes, et c’est donc d’elles que l’on exige de se couvrir”.[49]

L’image de la femme tentatrice est projetée non seulement par les hommes, mais aussi par certaines des femmes exégètes. Ainsi, Rahvanard déclare :

“A travers cette femme, et cette emprise réelle qu’elle a conquise sur l’homme, comme il lui est facile de manipuler cette autre moitié de l’humanité et de tourner son attention vers la sexualité, les apparences et le désir, en le détournant son attention des problèmes sociaux majeurs”[50].

Il semble, selon Mottahari, que lorsque l’homme prend soin de son apparence, il ne fait que rehausser sa position sociale, alors que chez les femmes, cela ne va pas sans risques :

“Si un homme du clergé se pare de façon extraordinaire, porte un grand turban ou arbore une longue barbe, revêt son manteau et s’appuie sur sa canne en prenant certains airs, de telles poses et une telle apparence sont explicites ; elles signifient : traitez-moi avec égards, ne vous mettez pas sur mon chemin, soyez respectueux, baisez-moi la main ... Cependant, la femme peut s’habiller ou marcher ou se déhancher ou encore se mouvoir d’une façon qui dit, ou plutôt hurle : poursuivez-moi, taquinez-moi, injuriez-moi, mettez-vous à genoux devant moi, dites-moi que vous m’aimez et que vous m’adorez. Ceci est-il convenable pour l’honneur d’une femme?”[51].

Ainsi, selon Mottahari, les femmes, de par leur nature, seraient provocantes et chercheraient à exciter les passions des hommes. Nous commençons à entrevoir ce sur quoi se fonde réellement l’imposition du voile aux femmes, à savoir, la crainte de la sexualité des femmes. Loin d’assurer la protection des femmes, le voile est là pour protéger les hommes, admet Mottahari, en dénonçant non seulement la propension des femmes à se faire belles et à se dénuder, mais aussi les effets que de telles actions ont sur les hommes :

“Il faut noter que la liberté sexuelle exacerbera le désir et le transformera en une obsession permanente et insatiable”[52].

Il est manifeste que cette forme d’argumentation non seulement, place les femmes dans le purdah, qui signifie littéralement derrière le rideau, dans la sphère de la domesticité, mais encore leur assigne un rôle de proie, l’homme étant le prédateur sur le sentier de la guerre, pour les pourchasser et les violer.

Il existe une littérature abondante, produite par des Musulmanes qui soutiennent, de manière très convaincante, que derrière ce point de vue particulier, se dissimule la crainte réelle et intense de l’homme musulman pour la sexualité féminine. L’Islam, comme les autres religions, condamne la sexualité féminine déclarée, mais comme l’Hindouisme, il célèbre l’union sexuelle et n’assigne pas une haute valeur religieuse au célibat et à l’abstinence sexuelle. Le problème est que le désir toujours présent des hommes les rend extrêmement vulnérables à l’attrait exercé par les femmes ; c’est donc la femme qui est la tentatrice et qui pourchasse éternellement l’homme, sa proie sexuelle[53].

Dans son étude passionnante “La femme dans l’inconscient Musulman”, Fatna A. Sabbah souligne qu’il y a une crainte profonde de la femme omni-sexuelle, chez l’homme musulman, qui est convaincu que la femme :

“peut difficilement être une bonne croyante, une Musulmane pieuse, liée par la foi et se contentant du quart de l’homme... ; les exigences déraisonnables de son vagin avide vont l’obliger à se rebeller contre toutes les règles qui régissent la sexualité dans la civilisation musulmane, et surtout celles relatives à l’hétérosexualité, la fidélité, l’hégémonie sociale..., la vertu (la prostitution étant condamnée comme la pire déchéance possible). Et finalement, ces exigences la pousseront à ne pas se conformer aux rôles des sexes”.

“... Le désir de la femme est une force irrésistible, si biologique, si animale qu’elle est fatalement poussée à se rebeller contre les contraintes, les obstacles qui sont censés mettre un frein à sa capacité au plaisir physique. Par définition, elle est en révolte contre les efforts de hiérarchisation et de classification servant de fondement à l’Islam spirituel, qui est basé sur la maîtrise des forces biologiques et leur assujettissement à un ordre conçu par et pour l’homme et sa glorification dans le Dieu, Allah, le Dieu masculin”[54].

D’où la nécessité de cacher les femmes pour protéger les hommes, car, dans l’inconscient musulman, toutes les femmes sont potentiellement omni-sexuelles. Une telle perspective permet une meilleure compréhension de la majeure partie des écrits de nombreux chefs musulmans, qui autrement paraîtraient trop chargés de haine pour les femmes pour être rationnels.

Cependant, pour les dévots, le hejab est la bannière de l’Islam, c’est par lui que les fondamentalistes annoncent leur conversion et que les femmes symbolisent leur dévotion. Certains exégètes affirment que les femmes portent le voile parce qu’il leur permet de délimiter plus clairement leur position sociale par rapport aux hommes, de se sentir plus à l’aise et de prendre leurs distances par rapport à toute mauvaise intention[55]. Cependant, à mon sens, le fait de se couvrir le corps est autant un acte politique qu’idéologique. Ainsi, les Mojahedin déclarent-ils :

“Dans la culture islamique, nul n’est autorisé à se vêtir de façon inadéquate, surtout les femmes. Il y a, dans ce domaine, des règles spécifiques. En conséquence, à travers les vastes luttes et la conscientisation sociale de notre société et en relation avec ses exigences, un grand nombre de nos femmes iraniennes islamiques en lutte ont choisi des vêtements appropriés qui respectent le hejab sans nullement entraver leurs interactions sociales”[56].

Recouvertes d’un ample vêtement par dessus leurs habits, leurs femmes portent également un pantalon et un foulard de tête qui symbolise à la fois la résistance et l’innocence. Ceci contribue à effacer le spectre de la femme objet sexuel, de l’homme, chasseur perpétuellement excité, et de l’immoralité de l’occident. Ainsi, comme le souligne Lemu :

“Quand elle sort ou qu’elle est en présence d’hommes autres que son mari ou sa famille proche, on attend d’elle qu’elle porte un vêtement qui recouvre toutes les parties de son corps sans révéler ses formes. Quel contraste avec les modes occidentales qui, tous les ans, s’appliquent délibérément à exposer une autre zone érogène aux yeux du public! Au cours des dernières années, nous avons vu la montée et la chute de la mini-robe, de la micro-jupe, du wet-look, des shorts, du transparent, des seins nus et autres modes conçues pour souligner les parties intimes du corps féminin. Ces derniers temps, on peut observer la même tendance dans la mode masculine, avec les pantalons serrés, bien que les stylistes pour hommes semblent, pour le moment, marquer un temps d’arrêt, en attendant que les hommes soient assez libérés pour se plier à la mode des vêtements qui dénudent le buste ou des pantalons transparents, ce qui, fort heureusement, n’est pas encore le cas”[57].

Ici, comme dans d’autres écrits sur le hejab, on note, d’une part, l’acceptation tacite du fait que les femmes sont des objets sexuels, et, d’autre part, l’accent mis sur le fait que la sexualité devrait relever de la sphère privée et ne se manifester que dans les limites du mariage. Par conséquent, ce ne sont pas les mini-jupes et les vêtements transparents qui sont jugés répréhensibles, mais leur port en public. Mottahari en explique les raisons :

“Le fait d’étaler ses pulsions sexuelles et de les assouvir en public, en dehors de l’environnement du foyer affaiblit la société, sape sa force de travail et réduit sa capacité de production. Alors que ceux qui sont opposés au hejab avancent le fait qu’il empêche la moitié de la force de travail sociale de participer au processus de production, c’est en fait l’absence d’hejab qui décourage la force de travail et affaiblit les hommes”[58].

Il est assez étrange de noter qu’il n’y a pas de débat pour savoir pourquoi les occidentaux, malgré toutes leurs pratiques perverses, se retrouvent avec des taux de productivité plus élevés et sans que leur population masculine ne soit totalement traumatisée. On peut dire sans se tromper que les hommes Musulmans sont pris au piège de leurs propres phantasmes. Ils ont créé cet homme viril imaginaire qui a besoin d’un harem rempli de femmes pour satisfaire son désir perpétuel, mais ils peuvent bien se trouver confrontés à des femmes dont la sexualité est plus active, plus exigeante et plus avide que celle des hommes. D’où la nécessité de cacher et de couvrir les femmes, de les faire vivre en réclusion sous “l’autorité” d’un seul homme qui met un frein à leurs exigences sexuelles et protège les autres hommes de leur séduction. Dans le même temps, le fait de cacher les femmes les fait paraître encore plus désirables aux yeux des hommes musulmans qui restent éternellement obsédés par la sexualité et incapables de la comprendre.

Il m’est encore plus de difficile de comprendre pourquoi les femmes choisissent d’accepter le voile. Si ce n’est que la pédagogie de l’oppression nous apprend que les opprimés commencent d’abord par adhérer à l’enseignement de l’oppresseur et l’adopter inconditionnellement. Ceci a certes été un facteur, tout comme le besoin d’acquérir une identité bien définie. Après tout, les femmes qui sont les dépositaires des cultures et qui transmettent les valeurs souhaitent proposer une alternative au modèle de la poupée-starlette occidentale et capitaliste ; les féministes en Occident ont commencé par rejeter le maquillage, les jolies robes et tout ce que Mottahari considère comme essentiel pour les femmes ; les femmes de l’Islam se contentent de recouvrir tout cela d’un voile ; ou, dans le cas des groupes de résistance, elles rejettent les ornements et acceptent les habits de la soumission à la volonté de Dieu.

Le facteur le plus important de tous est peut-être l’incapacité du capitalisme et du processus de développement à soulager le double fardeau des femmes qui participent activement au secteur de l’emploi formel. L’idéologie du patriarcat et ses préceptes exigent de toutes les femmes, ayant un emploi ou non, qu’elles restent les gardiennes du foyer, du berceau et de la tombe. Mais on attend d’elles qu’elles remplissent ces fonctions sans rétribution autre que les joies incertaines de la féminité et de la satisfaction personnelle. Pour les musulmanes, les fardeaux sont d’autant plus lourds qu’au nombre de leurs devoirs religieux déclarés figure la croyance dans les exigences familiales spécifiques au sexe. En outre, elles disposent, en pratique, de beaucoup moins d’assistance de la part de l’Etat pour s’occuper des très jeunes enfants et des personnes âgées ; ainsi, les femmes qui travaillent ne peuvent le faire que grâce à la disponibilité d’une aide familiale non rémunérée, souvent fournie par leurs enfants.

Les femmes ne reçoivent pas non plus un salaire égal à celui des hommes. En raison de la ségrégation qui prévaut sur le marché, il y a une discrimination envers tout le travail des femmes et toutes les capacités qu’elles ont acquises ; elles sont partout considérées comme des salariés secondaires. Etant donné cet état de fait, il n’est pas étonnant que Rahvanard puisse, à juste titre, pointer un doigt accusateur vers la Russie et le socialisme. On ne peut pas dire que le capitalisme ait fait beaucoup mieux, car, en raison du culte de la femme objet et de celui, on ne peut plus coûteux, de la jeunesse et de la beauté, la vie des femmes en Occident laisse beaucoup à désirer. En outre, la fragmentation de la famille nucléaire, l’aliénation croissante des jeunes générations, la dépendance des personnes âgées de ressources publiques en constante réduction, tout ceci semble rendre la vie dans les sociétés industrielles avancées, beaucoup moins attrayante aux yeux de nombreuses femmes, y compris celles qui, en Occident, choisissent de se convertir à l’Islam.

Evidemment, rien ne prouve qu’un système religieux, quelqu’il soit, ait jamais réussi à protéger les cultures, les traditions et valeurs familiales du passé de l’avènement de l’industrialisation. On peut cependant concevoir que la post-industrialisation, en ramenant les travailleurs à leur base de départ, puisse encore changer les tendances antérieures[59]. Néanmoins, bien qu’étant en désaccord avec les affirmations des fondamentalistes sur la question des femmes et de leur place dans la société, je suis consciente du fait que ce qu’ils offrent en termes de domesticité rémunérée dans le contexte d’un contrat de mariage relativement flexible et clairement délimité, présente une certaine logique et a un certain attrait pour beaucoup de femmes.

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[1] Eck, Diana L. and Jain, Devaki (eds) Introduction, Speaking of Faith, Kalmi for Women, New Dehli, 1886, p. 2.

[2] Voir par exemple Hijab, Nadai Womanpower Cambridge University Press 1988 p.53.

[3] El-Guindi, Fadwa “Veiling intifah with Muslim Ethics : Egypt’s Contemporary Islamic Movement, “Social Problems 28”,(4) p. 465-85.

[4] Rahvanard, Zahra Toloueh Zaneh Mosalaman Mahboubeh Publication, Tehran n.d. pp. 11-15 & 27.

[5] Mottahari, Ayatollah Morteza Nezam Hoquqeh Zan Dar Islam, Islamic Publication, Qum, 1980, p. 49.

[6] Rahnavard, p. 27-36.

[7] Mottahari, Ayatollah morteza Massaleh Hejab Islamic Publication 1984 p. 94.

[8] Sazamaneh Mojahedin Khaq Zaner dar Massireh Rahayi Tehran 1980 p. 45-6.

[9] Mottahari, Ayatollah Morteza Nezam Hoquqeh Zan Dar Islam, Islamic Publication 1980, p. 69.

[10] Rahnavard, p. 64-5.

[11] l y a beaucoup de controverses, chez les érudites musulmanes, sur la signification de l’obéissance et sur la question de savoir si c’est une exigence de la bonne conduite plutôt que la soumission.

[12] Lemu B. aisha “Women in Islam” B A and Heeren Fatima Women in Islam Council of Europe Publications 1978 p. 17.

[13] Nezam p. 32.

[14] Nezam p. 209.

[15] Mojahedin Khaq Zaner dar Massireh Rahayi Tehran 1980, 1980, p. 45-6

[16] Lemu op cit p. 46-7.

[17] Rahnavard op cit p. 46-7.

[18] Ibid 4:3 and 4:4.

[19] Rahnavard op cit p. 58-9.

[20] Lemu op cit p. 24.

[21] Lemu op cit p. 24.

[22] Nezam p. 312.

[23] Mottahari Nezam p. 49.

[24] Nezam p. 387.

[25] Khorshid Ahmad, “Discussion Notes”, Women in Islam op cit p. 46.

[26] Lemu p. 28.

[27] Nezam p. 328.

[28] Lemu p. 28.

[29] Nezam p. 348.

[30] Women in Islam op cit p. 46.

[31] Women in Islam op cit p. 47.

[32] Mottahari, Nezam p. 300.

[33] Mottahari, Morteza Nezam Hoquqeh Zan Dar Islam, Islamic Publication Tehran 1980, p. 209.

[34] Sharaiti Ali Zaneh Mosalman Tehran n.d. p. 40.

[35] Rahvanard p. 100.

[36] Nezam p. 214.

[37] Heeren p. 44.

[38] Rahvanard p. 214.

[39] Hereen Fatima Family Life in Islam in Women in Islam op cit p. 43.

[40] Hassan, Riffat Discussion Paper at the WLUML ISIS WICCE Exchange Meeting ; Chapelle d’Abondance, August 1988.

[41] Rahvanard op cit pp. 79-82.

[42] Nezam p. 209.

[43] Rahvanard op cit p. 80.

[44] Rahvanard p. 82.

[45] Nezam p. 210.

[46] Nezam p. 210 and 247.

[47] Abbot Nabia Aisha The Beloved of Mohammed Al Saqi Books London 1985 p. 22 and Rodinson, Maxime.

[48] Nezam p. 163-4.

[49] Mottahari Ayatollah Morteza Massaleh Hejab Entasharateh Islami Tehran 1984 p. 52.

[50] Massaleyed Hejab p. 73.

[51] Rahvanard p. 12.

[52] Massaleyeh Hejab p. 86.

[53] Massaleyeh Hejab p. 98.

[54] Pour une discussion détaillée, voir par exemple, Sabbah, Fatna Women in the Muslim Unconscious. Pergamon Press Oxford 1984, El Saadawi, Nawal The Hidden face of Eve Zed Press 1980.

[55] Sabbah, Fatna Women in the Muslim Unconscious. Pergamon Press 1984 p. 32.

[56] Hejab, Nadai Womanpower OUP 1988 p. 53.

[57] Majahin, Zan dar Massireh Rahayi p. 36.

[58] Lemu op cit p. 25.

[59] Massaleyeh Hejab p. 77.