Algérie: Après la publication de dessins offensant le prophète

Source: 
Algérie Ensemble
« Ils ont accepté le déshonneur pour avoir la paix. Ils auront et le déshonneur et la guerre. »
Winston Churchill après la signature des accords de Munichpar les premiers ministres anglais (Chamberlain) et français (Daladier) avec Hitler en août 1938 nous reproduisons, en exergue, cette citation de Winston Churchill devant les tergiversations, les attitudes ambigües et les tentations de céder devant les chantages islamistes, sous prétexte d'apaisement.
Khaled Mechaal, le chef terroriste du Hamas, dans une interview accordée à la chaîne française RFI a clairement fait connaître ce qu'il entendait par "désamorcer la crise" : que les gouvernements occidentaux s'agenouillent au prix d'un reniement des valeurs démocratiques.

C'est un aveu de taille, sur le rôle de ses complices, quand il révèle qu'il peut "calmer la rue musulmane".

En Algérie, des directeurs de journaux et des journalistes de la radio et de la TV ont été sanctionnés et emprisonnés pour avoir reproduit les caricatures incriminées (voir les infos plus bas).

La "justification" de ces mesures est invoquée par les articles de la loi algérienne qui précise:

Article 144 bis alinéa 2 « Est punie de 3 à 5 ans de prison ferme toute personne qui offense le Prophète et les Envoyés de Dieu ou dénigre le dogme ou les préceptes de l’Islam. ».

C'est sans doute ce qui inspire Mouloud Aounit dans sa démarche contre France Soir, les caciques du CFCM et ceux qui mènent campagne, sous prétexte de "blasphème" ou "islamophobie", pour une loi identique.

Khaled Mechaal - Le n°1 du Hamas s’explique

RFI - Khaled Mechaal, vous avez proposé de jouer un rôle pour désamorcer la crise née en Europe de la publication de caricatures du prophète Mahomet. Quel rôle le Hamas peut-il jouer ?

Khaled Mechaal - Nous condamnons cet acte et nous condamnons aussi le retard des gouvernements occidentaux pour dénoncer cette campagne provocatrice, le fait qu'ils n'aient pas réagi avec rapidité et efficacité d'autant plus qu'ils voyaient la réaction de la rue musulmane en Orient comme en Occident. Mais comme nous sommes une nation qui se respecte et que nous ne voulons pas de conflits entre l'Occident et l'Orient, nous avons dit que nous, Hamas, nous étions prêts à jouer un rôle pour calmer la rue musulmane à condition qu'il y ait deux initiatives rapides :

premièrement, des excuses officielles des gouvernements occidentaux aux musulmans pour ce qui s'est passé et un arrêt immédiat de ces attaques ;

deuxièmement, que les gouvernements occidentaux s'engagent à promulguer des lois et prendre des mesures pour empêcher la répétition de ce genre d'atteintes .

Il y a un antécédent en Occident, il y a des lois qui empêchent la négation de l'Holocauste alors que c’est un fait historique discutable, donc il faut faire une loi qui empêche de porter atteinte, non seulement au prophète Mahomet mais aussi à tous les prophètes et toutes les religions. Si cela est fait, le Hamas, avec tout le poids qu'il a et la crédibilité dont il jouit auprès des masses musulmanes, peut contribuer à calmer les choses, mais seulement après que ces deux conditions seront remplies.

(extrait de l'interview accordée à RFI le 10.2.06)
Après la publication de dessins offensant le prophète deux directeurs de journaux mis sous mandat de dépôt

Les directeurs d’Errisala et d’Essafir ont été placés sous mandat de dépôt, l’un mercredi dernier et l’autre hier matin, pour avoir reproduit les caricatures du Prophète (QSSSL) publiées par un journal danois en septembre 2005.

Des caricatures perçues comme une offense et un outrage à l’Islam par le monde musulman. Les deux directeurs sont poursuivis sur la base de deux plaintes déposées par le ministère de la Communication. Les directeurs des deux hebdomadaires arabophones ont été placés sous mandat de dépôt par le magistrat instructeur près le tribunal de Sidi M’hamed, à Alger.

Selon des sources proches du parquet, Kamel Bousaâd et Berkane Bouderbala ont été mis en détention préventive sur la base de l’article 144 bis 2 du code pénal, à la suite de deux plaintes déposées par le ministère de la Communication, dès la parution de ces dessins la semaine dernière.

Cet article du code pénal stipule dans son alinéa 2 : « Est punie de 3 à 5 ans de prison ferme toute personne qui offense le Prophète et les envoyés de Dieu ou dénigre le dogme ou les préceptes de l’Islam. » Nos sources indiquent que « l’instruction de cette affaire est toujours en cours et pourrait connaître de nouveaux développements » expliquent que « le parquet, habilité à s’autosaisir en pareil cas, n’a été actionné qu’à la suite de la plainte du ministère de la Communication ». En plus des poursuites judiciaires à l’encontre des directeurs, les deux publications Errisala et Essafir font l’objet d’une suspension administrative.

Décisions qui interviennent au moment même où les directeurs de Canal Algérie et de A3, deux chaînes de télévision publiques, ont été suspendus de leurs fonctions par leur directeur général pour avoir diffusé les caricatures de la discorde. A préciser que c’est la première fois que les services de la communication déposent plainte pour diffamation à l’encontre de journalistes, notamment de la presse privée.

Dans une première réaction, le rédacteur en chef de l’hebdomadaire Essafir, Mohamed Ferdjallah, a déclaré : « C’est le résultat de l’onde de choc provoquée par la vague d’indignation dans le monde musulman et nous sommes les parfaits boucs émissaires (...). Nous n’avons fait que notre travail de journaliste en ramenant la preuve de l’existence des éléments qui ont outragé le monde musulman. » Dans sa déclaration rendue publique hier, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) a condamné l’arrestation des deux directeurs de publication et appelé, à travers son centre régional situé à Alger, « à plus de retenue et de sagesse dans un contexte aussi tendu ».

Salima Tlemçani - El Watan-12.2.06
La FIJ condamne l'arrestation en Algérie de deux directeurs de journaux qui ont publié les caricatures

La Fédération internationale des journalistes a dénoncé aujourd'hui la mise sous mandat de dépôt du directeur des publications Errissala (la lettre) et Essafir (l'ambassadeur) suite à la reproduction dans ces deux médias des caricatures publiées par le journal danois Jyllands Posten. Les deux hebdomadaires ont été suspendus. Par ailleurs, le directeur de l'hebdomadaire Iqra (lire) a été également mis sous mandat de dépôt mercredi dernier et son journal suspendu pour les mêmes motifs.

Pour les mêmes raisons, deux directeurs des chaînes A3 et Canal Algérie affiliées à la télévision d'Etat (ENTV) ont été traduits devant un conseil de discipline puis dégradés de leur poste de responsabilité.

«C'est le résultat de l'onde de choc provoquée par la vague d'indignation dans le monde musulman et nous sommes les parfaits boucs émissaires», s'est indigné M. Mohamed Fardjallah, rédacteur en chef de l'hebdomadaire Essafir. Ce dernier affirme que le journal Errissala, auteur de la reproduction des dessins du Prophète, «n'a fait que son travail de journalisme en ramenant la preuve de l'existence des éléments qui ont outragé le monde musulman».

La Fédération internationale des journalistes a appelé, par le biais de son centre régional d'Alger, «à plus de retenue et de sagesse dans un contexte aussi tendu». «Le débat doit être conduit par les professionnels des médias, pas par les gouvernements», a déclaré Nadir Benseba, coordinateur du centre de la FIJ. «Les pressions et les poursuites judiciaires risquent, à l'allure des sanctions qui tombent, de prendre les formes d'une nouvelle vague de répression contre les voix indépendantes », a-t-il ajouté.

La FIJ rappelle que Bachir Larabi, correspondant du quotidien arabophone El Khabar, condamné le 21 janvier dernier, est toujours en prison. De même, Mohamed Benchicou, directeur du journal Le Matin, croupit en prison depuis le 14 juin 2004. 18 journalistes ont été condamnés à la prison ferme par la justice algérienne au cours de la seule année 2005. Il s'agit de Farid Alilat (1 année) ; Fouad Boughanem (1 année) ; Sid Ahmed Sémiane (1 année) ; Kamel Amarni (1 année) ; Ali Dilem (1 année) ; Malika Boussouf (6 mois); Hakim Laalam (6 mois) ; Nacer Belhadjoudja (6 mois) ; Mohamed Benchicou (5 mois et en prison depuis 2004) ; Yasmine Ferroukhi (3 mois) ; Youcef Rezzoug (3 mois) ; Djameleddine Benchenouf (3 mois) ; Abla Chérif (2 mois) ; Badis Massaoui (2 mois) ; Hassane Zerrouky (2 mois) ; Ghanem Khemis (2 mois) ; Abdelkader Djemâa (2 mois) ; Abder Bettache (2 mois).

Des dizaines d'autres journalistes ont été condamnés à des peines de prison avec sursis. «Les autorités ne doivent pas instrumentaliser le nécessaire débat public», a déclaré Bertrand Ginet, responsable de programmes à la FIJ. «De telles interventions politiques sapent le débat en portant directement atteinte au principe fondamental de la liberté d'expression ; en tant que telles, elles sont inacceptables.» La FIJ a appelé à un «débat robuste» entre les professionnels des médias, qui devrait s’amorcer dans les prochains jours à Bruxelles. Elle demande aux autorités algériennes de libérer les directeurs de journaux emprisonnés et de contribuer à l’apaisement des esprits.

Le soir (d'Algérie) 12.2.06