Algérie: Les femmes rejettent l’impunité

Source: 
L'Humanite
Les associations de femmes appellent au rejet de la charte de paix et de réconciliation.
«Comment peut-on parler de paix et de réconciliation quand les terroristes et surtout leurs commanditaires ne sont pas jugés et condamnés pour tous les crimes qui ont été commis en Algérie pendant quinze ans?»
«Comment peut-on parler de paix et de réconciliation quand l’idéologie [islamiste] au nom de laquelle ces crimes abjects ont été commis n’est pas disqualifiée ? Comment peut-on parler de paix et de réconciliation quand on libère les assassins et que les journalistes sont encore en prison pour délit d’opinion », s’interrogent dans une déclaration cinq associations féministes algériennes - collectif Femmes du MDS, collectif Femmes - du Printemps noir (Kabylie), - association Tharwa Fadhma n’Soumeur, association Volonté initiative et engagement et l’Association indépendante pour le triomphe des droits des femmes - citant au passage les femmes qui « ont payé de leur vie pour leur résistance à l’islam politique » ? Elles considèrent que « la paix et la réconciliation ne peuvent se faire dans l’impunité » et affirment leur « détermination à lutter pacifiquement pour une Algérie moderne, démocratique et ouverte à l’universalité ». En conséquence, ces associations appellent au rejet du référendum du 29 septembre. Ce jour-là, les Algériens sont appelés à se prononcer sur le projet de charte de la paix et de la réconciliation proposé par le président Bouteflika, projet qui prévoit une amnistie pour les islamistes condamnés pour terrorisme et pour les maquisards islamistes non impliqués dans les massacres de civils.

Ce projet de loi est également rejeté par de nombreux partis dont le MDS, le RCD et le FFS, et d’organisations telles la Ligue de défense des droits de l’homme, les familles de victimes du terrorisme ainsi que par les associations des familles de disparus. Ces dernières, qui dénoncent les pressions et les arrestations de plusieurs de leurs militants, considèrent que la démarche du président Bouteflika consacre l’impunité des services de sécurité coupables, selon elles, de milliers de cas de disparition d’islamistes après leur interpellation durant les années quatre-vingt-dix.

Malgré la main tendue par le pouvoir, les islamistes armés continuent leur « djihad ». Depuis le début du mois, une vingtaine de civils et de militaires ont été tués par les groupes armés.

H. Z.

© Copyright L'Humanite, 21/09/2005