Algérie: La charia virée du lycée

Source: 
Liberation
Polémique autour de la suppression de la filière d'étude de la loi coranique.
On se croirait revenu au temps de l'islamisme triomphant. Les uns­ islamistes et conservateurs­ multiplient depuis plus d'une semaine grèves et pétitions contre la suppression, dès 2006, de la très prisée filière «charia» qui enseigne la loi coranique au lycée.
Les étudiants de la célèbre université des sciences islamiques Emir Abdelkader de Constantine multiplient les sit in et boycottent les examens. Ceux d'Oran et d'Alger ont lancé une pétition pour obtenir un million de signatures qui seront transmises au président Bouteflika, dont ils réclament l'arbitrage.

Les autres, qualifiés par la presse de «néo-éradicateurs», applaudissent la décision gouvernementale. Celle-ci se fonde sur les recommandations d'une «commission de réforme de l'école», installée par Abdelaziz Bouteflika, qui avait dénoncé l'enseignement de la religion par des personnes non qualifiées et préconisé la suppression de cette filière au baccalauréat. Les matières d'éveil, comme la musique et le dessin, abandonnées depuis dix ans sous la pression des islamistes, sont de nouveau enseignées, alors que l'éducation physique est obligatoire aux examens du brevet et du baccalauréat dès cette année. En outre, l'enseignement du français comme première langue étrangère obligatoire dès la deuxième année de primaire est entré en application à la dernière rentrée scolaire.

En dépit de l'agitation sporadique dans les campus un impressionnant dispositif sécuritaire a été déployé mardi autour de l'université Emir Abdelkader, le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, a tranché le 25 mai devant les députés lors de sa déclaration de politique générale. «C'est une décision irréversible de l'Etat», a-t-il affirmé, soutenant le ministre de l'Education nationale mis à mal par les députés islamistes et conservateurs du MSP (islamiste modéré, membre de l'alliance présidentielle) et du MRN (islamiste radical). Reste à savoir ce que fera le FLN. Majoritaire à l'Assemblée, ayant en son sein un fort courant conservateur, l'ex-parti unique ne s'est pas prononcé. Mais, son nouveau chef Abdelaziz Belkhadem soutenant sans réserve la politique présidentielle, tout porte à croire qu'il se pliera à la décision. AFP

jeudi 02 juin 2005