Mondial: Quelques timides avancées, mais rien n'est gagné pour les musulmanes

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Courrier International
Dans de nombreux pays musulmans, au nom de certains préceptes coraniques, les femmes sont mises à l'écart de la place publique.
Mais parfois, ici ou là, on constate de réelles évolutions. C'est le cas des Koweïtiennes qui vont bientôt obtenir le droit de vote.
En effet, le 3 avril dernier, "l'Assemblée nationale a donné un accord de principe pour que les femmes puissent s'exprimer lors de l'élection municipale d'octobre prochain", annonce le Koweït Times. Trente-deux députés – dont dix ministres – ont voté pour, vingt contre et trois se sont abstenus. Même si la décision n'est pas définitive, le vote final aura lieu le 2 mai prochain, et l'optimisme règne chez les femmes qui "estiment que le Koweït, en autorisant les femmes à voter, fait un grand bond en avant vers la démocratie", résume Nada Mutawa, professeur de sciences politiques à l'université du Koweït, citée par Arab Times.

Un peu plus loin, à Herat, une ville de l'ouest de l'Afghanistan, d'autres femmes ont également un bon motif de réjouissance. Elles viennent d'obtenir l'autorisation d'apprendre à conduire. "Le permis de conduire est le symbole de l'amélioration de la situation des Afghanes", estime The Washington Post, qui reconnaît toutefois que cela soulève bien des doutes sur place, car "nul ne sait pour le moment comment la société va réagir en voyant des femmes au volant". Le quotidien ajoute qu'"une cinquantaine de femmes parmi les inscrites aux cours de conduite y assistent vêtues de leur burqa".

Le quotidien américain, qui consacre une série de reportages aux Afghanes, a constaté à Herat une amélioration lente mais régulière de leur situation. Des femmes tiennent des commerces, d'autres fréquentent les clubs féminins de remise en forme qui ont ouvert récemment. Elles sont en outre de plus en plus nombreuses à opter pour une tenue islamique un peu moins rigoureuse, puisqu'elles ont le visage découvert. A Kaboul également, "un nombre croissant de femmes empruntent de l'argent aux banques pour se lancer dans les affaires et créer ainsi des emplois". Mais pour La Repubblica de Rome, les Afghanes ne sont malheureusement pas encore sorties du Moyen Age. "Une jeune femme de 29 ans a été abattue en public par son père pour avoir trompé son mari qui travaille en Iran et qu'elle n'avait pas vu depuis cinq ans", raconte le quotidien italien. "Sous les talibans, les femmes adultères étaient condamnées à la lapidation. Aujourd'hui, les exécutions publiques ont disparu mais les crimes d'honneur deviennent monnaie courante."

Ailleurs dans le monde musulman, "des progrès sont faits dans le domaine du sport", remarque The Guardian de Londres, qui avance pour preuve la présence de femmes originaires d'Irak, de Bahreïn, de Somalie ou encore du Koweït lors des Jeux olympiques d'Athènes en 2004. Mais il ne faut pas se réjouir trop vite. Car, raconte ensuite le quotidien, "au Bangladesh, des activistes musulmans ont manifesté à Dacca contre la ligue de football féminin locale, qu'ils jugent habitée par Satan".

La même mésaventure est arrivée à des Pakistanaises du Pendjab qui, le 13 avril dernier, participaient à un marathon entièrement féminin. "Elles ont été prises à partie par des islamistes radicaux opposés à la participation de femmes à des manifestations sportives, et ces derniers ont mis le feu à des voitures et attaqué les participantes avec des battes et des briques", rapporte le quotidien pakistanais Dawn. Petite note d'espoir cependant, relevé par The Guardian : en décembre dernier, et pour la première fois au Pakistan, "un marathon mixte s'est tenu sans encombre à Lahore".

Anne Collet, Courrier international - 27 avr. 2005