Algérie: Statut de la femme Algerienne - Bouteflika fait faux bond aux femmes

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africatime
La réforme avait été annoncée comme devant être fondatrice. La femme algérienne allait connaître, sinon un statut supérieur à ceux de la femme tunisienne et marocaine, à tout le moins un statut comparable.
L'espoir était d'autant plus permis que le président Bouteflika s'était lui-même constitué pour défendre la cause des femmes.
Comme habituellement, pour la défense de ses idées, l'homme reste droit dans ses bottes, les femmes étaient confiantes, même si par ailleurs les islamistes conservateurs jouaient de " gueulantes " et de menaces. Mais il faut reconnaître qu'elles ont reçu une douche écossaise.

Les femmes algériennes espéraient vraiment que les choses allaient changer, elles qui ont pris beaucoup de risques pendant la guerre de libération et qui avaient ainsi fait preuve, si besoin en était, de leur maturité. Elles attendaient particulièrement que l'on fasse en sorte que les textes sur la femme soient conformes à la Constitution qui stipule l'égalité entre l'homme et la femme notamment au niveau de la polygamie et du tutorat sur la femme.

Qu'ont-elles obtenu ? Quelques broutilles qui les laissent de plus perplexes eu égard au flou artistique des dispositions prises, à leur ambiguïté. Au niveau de la répudiation, bien sûr, il y a eu des avancées : pour les femmes divorcées ayant des enfants mineurs, il a été décidé non seulement de donner un logement aux enfants, mais aussi d'en confier la garde à la mère. C'est vrai aussi que s'agissant de la polygamie, si elle n'a pas été abolie, il faudra dorénavant avoir l'autorisation d'un juge et aussi celle de la première épouse. Mais que pèse tout cela face à cet insupportable tutorat qui a été maintenu ? Les plaintes fusent de la part de nombre d'associations féminines, très en colère.

Ce qui fait mal aux femmes algériennes - et combien elles ont raison - c'est qu'elles ont le sentiment que le gouvernement a fait un arrangement avec les Islamistes sur leur dos. Elles estiment avoir été humiliées avec ce maintien du tutorat qui était la clef de voûte de la réforme tant attendue.

Ce sont les mouvements islamistes qui se frottent les mains, eux pour qui le Conseil des ministres vient de prendre une bonne décision. Ainsi, le Mouvement de la société pour la paix, a félicité le gouvernement car pour lui, " le tutorat (est) un des dogmes de la religion islamique qui préserve la femme et la famille musulmane ".

Le Président Bouteflika a finalement préféré sacrifier les femmes sur l'autel de la politique. Les confréries religieuses l'ont appuyé pour sa réélection : il se devait de leur renvoyer l'ascenseur. Il vient de le faire ! Il faudra encore attendre longtemps pour que soient réunies les conditions d'une mobilisation qui amène à replacer cette réforme au cœur des préoccupations du pouvoir algérien. En attendant, la femme algérienne reste une mineure indécrottable, une demie-personne.

Fayama Touré
(Sanfinna du 28 février au 03 mars 2005)