France: Pour un nouveau combat féministe

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ReSPUBLICA
Elle avait fière allure, cette conférence de presse, ce mercredi, à la Bourse du Travail de Paris.
Autour de Fadela Amara et d'Arlette Laguillier, Fatima Lallem, du Planning Familial, Samia Labidi, d'Aime, Brigitte Bré Bayle, de la Coordination Féministe et Laïque et Patrick Gonthier, de l'Unsa-Education, surent trouver les mots justes pour justifier leur présence et leur engagement autour de l'appel « Pour un nouveau combat féministe ».
Que de chemin parcouru depuis deux années, et le lancement de la campagne pour une loi contre les signes religieux, point de départ d'un ressaisissement laïque qui a traversé l'ensemble des composantes de la gauche politique, syndicale ou associative. Les masques commencent à tomber, les yeux s'ouvrent enfin. Nombre de militants, longtemps aveuglés par le discours culpabilisant des dirigeants de gauche communautariste, ont vu les conséquences de ces propos : un blanc seing donné à une offensive de grande envergure contre les femmes, orchestrée par les organisations islamistes, et relayée par les petits caïds locaux ravis d'asseoir leur pouvoir de petits machos contre les « meufs », transformées en objets sexuels consommables, sauf si naturellement elles portent le voile.

Fadela Amara sut rappeler le combat de nos sœurs, de l'autre côté de la Méditerranée, qui nous demandent de tenir bon, reculer d'un pas en France, c'est reculer de dix pas dans les pays où la dictature religieuse se fait forte. Le combat social, nécessaire, ne pourra jamais justifier la passivité devant l'agression du voile islamiste contre les femmes, Arlette Laguiller le développa fort bien, comme Patrick Gonthier signala les dégâts de l'offensive religieuse sur l'école et dans les quartiers populaires abandonnés par l'Etat. Brigitte Bré Bayle, quant à elle, eut des mots durs pour les fausses organisations féministes qui défendent le voile, et se félicita des dernières évolutions constatées au sein du CNDF.

Le regroupement qui s'opère, son élargissement, est d'une importance décisive.

D'abord, le pole féministe et laïque autour de la manifestation du 6 mars est impressionnant : la majorité des organisations féministes ont rallié cette manifestation dont le Planning familial et les organisations de la Coordination féministe et laïque.

Mais même au CNDF qui préfère manifester de nuit le 8 mars, la crise est patente. La dizaine d'organisations féministes qui restent dans ce collectif ont menacé de le quitter et de rallier la manif du 6 mars parce que le bloc hypercommunautariste que constitue les directions de la LDH, de la FSU et de l'Union syndicale solidaires (les SUD et le SNUI) ont jusqu'au bout souhaité imposer l'association « Une école pour tous » dans le collectif. Ce bloc a subi une défaite supplémentaire, les organisations « centristes » LCR, PCF, CFDT, etc. ayant soutenu la minorité du mouvement féministe encore présente dans ce collectif contre les alliés d' « Une Ecole pour tous-tes ».

Que cela soit au sein du CNDF, ou à Attac, les directions des organisations comme celle de la LDH, la FSU, Solidaires, sont de plus en plus minoritaires, et incarnent le dernier quarteron s'accrochant bec et ongles à la présence du collectif « Une Ecole pour tous-tes » au sein du mouvement social. Majoritairement, de plus en plus fermement, ce cheval de Troie de l'offensive islamiste est rejeté par les forces de gauche. Cela ne signifie pas qu'il n'a plus de capacité de nuisance, ses discours communautaristes et des initiatives comme les « indigènes de la République » et les assises du colonialisme incarnent une volonté politique, communautariste, de miner la laïcité, le vivre ensemble, la solidarité des classes sociales exploitées et l'intégration républicaine. Tout comme le Front national, cette mouvance se nourrit des dégâts de l'offensive libérale sur les populations les plus vulnérables.

L'assassinat de Sohane Benziane, brûlée vive par un petit caïd, à Vitry, il y a plus de deux ans, le livre de Samira Bellil, de nombreux témoignages ont permis de mettre fin à ce silence de plomb que cette mouvance, relayée par des sociologues gauchistes et communautaristes, faisaient peser sur toute la société française, en jouant sur la culpabilité du colonialisme.

L'émergence du mouvement « Ni Putes Ni Soumises », son évolution vers la laïcité, a été déterminante pour une prise de conscience d'une grande partie des forces de gauche. Que « Ni Putes Ni Soumises », Lutte Ouvrière, qui, depuis 1989, est clair sur la question du voile, l'Ufal, qui a mené la campagne pour une loi contre les signes religieux à l'école, les organisations laïques et féministes comme la CFL ou le Planning familial, et un syndicat enseignant comme l'Unsa se retrouvent au coude-à-coude le 6 mars, dans la rue, avec de nombreux soutiens, est un signal fort, porteur d'espoir pour les luttes de demain.

Assurons-en le succès, toutes et tous ensemble.

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