Algérie: 'L’Observatoire se dotera bientôt d’une charte Lutte pour la criminalisation des violences à l’égard des femmes'

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Liberté Algérie

Lors des travaux, les participantes ont soutenu l’idée selon laquelle l’Ovif œuvrera à la “reconnaissance de toutes les femmes victimes de violence” et à “l’inscription de l’apport de la lutte des femmes dans la construction de la nation algérienne”.

L’Observatoire des violences faites aux femmes (Ovif) va se doter d’une “charte des principes”, qui sera rendue publique prochainement. Réunis vendredi à Alger, pour peaufiner le document, les membres de la nouvelle structure, créée à la suite d’agressions commises à l’encontre des femmes, particulièrement les attaques ciblant pour la seconde fois des travailleuses à Hassi-Messaoud (ville pétrolière du sud du pays), s’assument en tant que “féministes”.

C’est-à-dire des militantes opposées à “toute forme de violence contre les femmes et les filles”, dans les sphères publique et privée, en s’appuyant sur la Constitution algérienne, qui reconnaît l’égalité entre les deux sexes et réprouve les discriminations, la Charte africaine ratifiée par l’État, ainsi que sur les textes consacrés par les Nations unies, notamment la définition des “violences faites aux femmes”, en référence à la plate-forme d’actions de Pékin et à la Convention internationale pour l’élimination de toutes les formes de violence à l’égard des femmes (Cedaw).

Lors des travaux, les participantes ont soutenu l’idée selon laquelle l’Ovif œuvrera à la “reconnaissance de toutes les femmes victimes de violence” et à “l’inscription de l’apport de la lutte des femmes dans la construction de la nation algérienne”. Comme elles ont attesté que l’Observatoire ne se croisera pas les bras, mais se constituera “partie civile dans les affaires judiciaires relatives aux violences faites aux femmes”.

La rencontre d’Alger a apporté des précisions sur les différentes formes de violence faites aux femmes qui, d’après les participantes, doivent être comprises comme “des violations des droits humains fondamentaux”. D’ailleurs, il a été observé sur le registre des violences “l’absence de conformité” avec la Constitution, notamment ses articles 29 et 31, et avec les conventions internationales signées par notre pays. Aussi, les féministes se sont-elles engagées à “se mobiliser” pour la ratification de ces textes et leur application, y compris sur le chapitre de “la levée de toutes les réserves” émises par l’Algérie. Elles se sont, en outre, engagées à “lutter pour la criminalisation des violences faites aux femmes”.

Par ailleurs, les féministes ont indiqué que l’Observatoire ambitionne de devenir “une structure de veille et d’interpellation”, sans omettre de souligner que l’Ovif participera non seulement au “renforcement du débat” sur le phénomène de la violence à l’égard des femmes et à “l’évaluation des reculs et des progrès” réalisés dans la lutte de ce fléau, mais aussi au “développement des activités de recherche et de documentation”. Plus loin, les membres de l’Observatoire ont promis d’œuvrer avec les associations “qui militent contre les discriminations faites aux femmes” et de collaborer avec des professionnels du droit, des avocats, des médecins légistes, des représentants des secteurs de la justice, du travail, de l’éducation, de la santé, de la solidarité, de même qu’avec des représentants des forces de sécurité.

Dans la Charte de l’Ovif, l’accent sera mis sur le caractère indépendant de l’Observatoire “de toute organisation politique, syndicale, religieuse, nationale ou internationale”. De plus, l’Ovif sera ouvert à tous les Algériens et Algériennes qui souscrivent aux “objectifs et principes” de sa charte, indépendamment des considérations de race, d’ethnie, de handicap, de sexe. Enfin, il sera en accord avec l’article 36 de la Constitution, puisqu’il respectera la liberté d’opinion et de religion.

Par : Hafida Ameyar